Article relevé sur WK-CE
 
Les salariés français font partie des salariés
européens les plus exposés aux risques psychosociaux selon une étude de
la Dares publiée le 22 décembre 2014. Ils arrivent notamment en tête des
salariés déclarant avoir subi un harcèlement moral.
 
Dans une étude publiée le 22 décembre, la Dares dresse un état
des lieux des risques psychosociaux (RPS) encourus par les salariés
français, par rapport aux salariés des autres États membres de l’Union
européenne (UE). Les RPS analysés sont l’intensité du travail et le
temps de travail, les exigences émotionnelles, l’autonomie, les rapports
sociaux et relations de travail, les conflits de valeurs, l’insécurité
de la situation de travail. La Dares tire de cette comparaison un
constat édifiant: « la France est le seul pays dont le niveau
d’exposition est supérieur ou égal à la moyenne européenne pour chacune
des six dimensions ». Seule l’intensité du travail se situe dans la
moyenne européenne. Pour le reste, les salariés français ont davantage
de difficultés à concilier leurs temps de vie, subissent en moyenne plus
d’exigences émotionnelles, déclarent manquer plus souvent d’autonomie
et de soutien social et vivre des conflits de valeurs. L’insécurité de
leur situation de travail est aussi jugée moins bonne en raison du fort
sentiment de non­soutenabilité du travail.
Des horaires de travail plus difficiles à concilier avec la vie personnelle
Si les salariés français sont moins touchés par les longues durées de
travail hebdomadaires (seuls 5,6 % travaillent habituellement plus de
45 heures par semaine contre 11,9 % en moyenne des salariés européens)
ou le travail dominical (13,9 % contre 17,5 %), ils expriment, en
revanche, davantage de difficultés à concilier leurs temps de vie
professionnel et personnel. Ils sont ainsi 21,4 % (contre 17,6 % dans
l’UE) à considérer que leurs horaires de travail ne s’accordent pas très
bien ou pas bien du tout avec leurs engagements sociaux et familiaux.
Ils sont également 45,2 % (contre 37,7 % dans l’UE) à déclarer qu’il est
plutôt difficile, voire très difficile, de prendre une heure ou deux
sur leur temps de travail pour régler un problème personnel.
Plus d’exigences émotionnelles et une moindre autonomie
Les salariés français arrivent en 2e position des salariés dont le
travail implique d’être, les trois quarts du temps ou plus, en contact
direct avec le public (clients, passagers, élèves, patients, etc.), avec
un taux de 58,9 % contre 48,4 % dans l’UE. Ils sont aussi plus nombreux
que la moyenne européenne à affirmer que leur activité requiert de
cacher leurs sentiments (35,1 % contre 25,3 %) ou qu’une erreur dans
leur travail pourrait causer des dommages physiques à d’autres personnes
(20,9 % contre 18,2 %).
Par ailleurs, les salariés français souffrent d’un certain manque
d’autonomie. Près de la moitié (49,3 %) indique ainsi ne pouvoir jamais
ou rarement influencer les décisions qui sont importantes pour leur
travail (contre 39,3 % dans l’UE). Ils sont également 39,2 %, contre
33,7 %, à ne pas pouvoir choisir ou changer leur cadence ou vitesse de
travail. Ils sont enfin 36,4 %, contre 32,6 %, à déclarer ne pas être ou
être rarement consultés avant que les objectifs de travail ne soient
fixés.
Des rapports sociaux au travail de moins bonne qualité
Les salariés français font davantage état que leurs homologues
européens de difficultés dans leurs rapports sociaux au travail,
notamment avec leur hiérarchie. Ils se situent ainsi au premier rang des
salariés indiquant que leur responsable immédiat ne les encourage pas à
participer aux décisions importantes (42,4 % contre 35 %). Ils sont
également au 2e rang des salariés déclarant que leur responsable
immédiat ne leur fournit pas de commentaires sur leur travail (33,8 %
contre 24,2 %) et au 3e rang des salariés affirmant que leur responsable
immédiat ne les respecte pas en tant que personne (6,8 % contre 4,9 %).
Par ailleurs, comparés aux autres salariés de l’UE, les salariés
français sont relativement plus nombreux à déclarer avoir subi une
discrimination en raison de l’origine (2,8 % contre 1,3 %) ou en raison
de la religion (1,8 % contre 0,8 %), ce qui place la France au 3e rang
des pays exposés. La France arrive enfin en tête des pays de l’UE
exposés au harcèlement moral (9,3 % contre 4,4 %).
Un travail moins « soutenable »
Les salariés français ont moins de crainte que leurs homologues
européens s’agissant de la sécurité de leur emploi. Ils se sentent ainsi
moins exposés à la perte immédiate de leur emploi (11,7 % contre 16,1
%) ou à la difficulté de retrouver un emploi avec le même salaire en cas
de perte (36,5 % contre 45,2 %). En revanche, ils sont plus nombreux à
penser que leur travail n’est pas soutenable. Plus d’un salarié français
sur deux estime ainsi qu’il ne pourra pas faire le même travail
qu’actuellement lorsqu’il aura 60 ans (52,5 % contre 38,1 %).

DARES, Analyses n° 100, décembre 2014

Source : WK-CE

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici