Euh… Better for the door ?
Le retour sur l’enquête “Great Place To Work” menée en septembre dernier avait donné lieu à quelques satisfecit bien sentis d’une direction un rien surexcitée par des résultats sensiblement moins calamiteux que les années précédentes. Il faut dire que les précédentes enquêtes avaient, année après année, inlassablement confirmé le désamour des salariés pour leur entreprise. Il nous semble important de revenir sur le sujet alors que se multiplient les remontées de salariés inquiets sinon directement impactés par la réorganisation en cours.

Première source de satisfaction, un taux de participation à 83 % qui laisse rêveur lorsqu’on le compare avec la participation aux élections professionnelles. Constatons et prenons acte du fait que nombre de salariés semblent davantage motivés par l’évaluation de leur entreprise plutôt que par la perspective de se doter de porte-paroles et de représentants capables de défendre leurs intérêts et de s’exprimer en leur nom. Serait-il impertinent de se s’interroger aussi sur le désir, en arrière-plan, de ne pas se faire repérer par un abstentionnisme malvenu ? 

Ainsi, le Trust index, c’est-à-dire la moyenne des réponses aux 59 questions, s’élève à 70 points soit + 5 points par rapport à l’année dernière. L’indice GPTW qui évalue l’ensemble des réponses, quant à lui atteint 73 points, soit + 4 points par rapport à l’année dernière. Un résultat qui, selon la direction n’aurait “jamais été aussi élevé depuis 2011”, année de la première enquête.  

Adecco Outsourcing monte sur la première place du podium, côte-à-côte avec Badenoch & Clark et Adecco Training serrés sur la seconde. Adecco Training affiche une progression remarquable de 28 points et une moyenne Trust index de 79 points.En convalescence, Adecco Médical réussit quand même à prendre 3 points. 

Enfin, revenons à nos moutons avec le résultat d’Adecco France à + 7 points. Après tant d’années de frustration, la direction se réjouit ostensiblement de voir progresser l’ensemble des grandes dimensions de l’enquête : Crédibilité, Respect, Equité, Fierté, Convivialité. 

Tout va donc apparemment pour le mieux dans le meilleur des mondes, n’est-ce pas ? Pas tout à fait et il nous semble important de revenir sur le scandale de grande ampleur que nous révélions dans notre article du 14 mars 2019 “Problèmes de confidentialité et d’utilisation de l’enquête GPTW” dans lequel nous dévoilions que, pour la première fois, officiellement tout au moins, un Directeur d’agence, basé sur le périmètre Ouest, avait été licencié en représailles aux mauvaises réponses de son équipe. Nous avons malheureusement été les seuls à communiquer à plusieurs reprises sur ce sujet qui aurait dû provoquer un tollé, la mise en place d’une intersyndicale et même une campagne de presse nationale… Une année électorale ne peut en aucun cas justifier tous les silences, toutes les lâchetés. Passons…

Silence encore quand, le 13 septembre 2019, dans l’article “Faut-il répondre à l’enquête GPTW“, nous confirmions : “Un cadre ancien et compétent, père de famille, atteignant ses objectifs et très apprécié de son équipe – tous ont écrit pour manifester leur soutien inconditionnel – a donc été licencié au motif que son équipe s’était montrée trop critique vis-à-vis de l’entreprise dans ses réponses au questionnaire“.  Peut-on être plus clair ?

Devant de pareilles révélations, il ne reste aux collaborateurs guère plus de deux solutions raisonnables et non risquées. Tout d’abord l’abstention, ce qui, avec 83 % de participation n’a évidemment pas été le cas ou, par prudence et afin de ne pas se faire remarquer comme abstentionniste, les réponses “politiquement correctes”. Mais que vaut encore une enquête dont les sondés édulcorent leurs réponses pour complaire à son commanditaire et surtout par crainte de perdre leur emploi ?

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