Le quotidien d’information économique et financière Les Échos se trouve souvent bien informé, même si rien ne nous oblige à partager ses analyses parfois lourdement orientées – dame, c’est que lorsque l’on appartient au groupe LVMH de Bernard Arnault, première fortune mondiale, cela crée des obligations et limite les marges de manœuvre. Mieux vaut tourner sept fois sa plume dans l’encrier avant d’écrire ce qui pourrait courroucer les milieux d’affaires.

Dans un article récent, paru le 31 mars dernier, sous le titre “L’intérim se prépare à une longue crise”, le journal reprenait les déclarations de Alain Roumihac, PDG de Manpower France, lui-même répliquant les estimations du Prisme « Notre activité a chuté de 75 % en 48 heures, le confinement ayant provoqué un arrêt brutal d’activité dans nos grands secteurs d’intervention ». Le nombre d’équivalents temps-plein aurait en effet diminué d’un demi-million sur la seconde quinzaine du mois de mars. Tout cela nous le savons comme nous savons que, heureusement, quelques secteurs échappent à ce naufrage et se porteraient plutôt gaillardement tels, la logistique, la vente à distance, l’agroalimentaire, la pharmacie, ceux-ci ne compensant évidemment pas cela. 


Même sur ces secteurs encore relativement porteurs, les agences peinent à trouver des intérimaires tant la psychose collective s’est emparée de tous. Qui a envie de risquer sa vie pour des missions de quelques jours (ou heures) en logistique, royalement rémunérées au SMIC ? Le transport routier, activité vitale et centrale parmi quelques autres peine, lui aussi, à recruter des chauffeurs peu motivés à l’idée de trimer pour le salaire de la peur et l’on imagine aisément les conséquences en cascade d’une pénurie dans cette qualification.

L’inquiétude évoquée par l’article en question concerne les scenarii de reprise. La santé de l’intérim, et au-delà de l’économie, dépendra largement du tempo du redémarrage économique. Certains, les plus optimistes, anticipent un formidable appel d’air avec reprise débridée, d’autres, plus tempérés, la voient plutôt poussive et progressive, en rien comparable avec l’activité de ces dernières années. Dans tous les cas, seule certitude, ce qui est perdu l’est et aucune reprise, aussi tonique soit-elle, ne viendra compenser l’actuelle débandade.

La sortie de crise, vraisemblablement progressive – le maudit virus ne va pas s’estomper si promptement que certains l’imaginent -, l’économie chancelante saignée de plusieurs centaines de milliards, les mesures fiscales et sociales régressives et le moral affecté de nos concitoyens et consommateurs, augurent des mesures drastiques que prendront nombre d’entreprises soucieuses de réduire la voilure et de diminuer les coûts. Beaucoup d’entre elles tomberont – Adecco prévoit entre 10 et 20% de défaillances parmi nos clients – et de nombreuses autres ne pourront, aides d’État ou non, éviter un plan social.

D’où la question à laquelle nous tenterons de répondre dans notre prochain article au titre limpide : “Éviterons-nous un plan social chez Adecco ?”.

Dès lundi sur ce blog : 
Les questions sans réponse des Directeurs d’agence et de site

1 COMMENTAIRE

  1. Trop marrant si on peut dire ainsi. Call hebdomadaire annulée ce matin ou pas prévue plutôt sur le 44. Peut-être ont-ils peur des réactions suite aux fausses infos de la semaine dernière ?

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