Lettre ouverte à Messieurs Catoir, Viros
et Jasmin

Messieurs,
Au nom de la CFE-CGC, notre organisation syndicale très largement majoritaire chez
les cadres de l’entreprise, nous tenons à vous alerter sur le niveau de mécontentement inédit que nous percevons chez les salariés et sur leurs inquiétudes que nous partageons très largement. N’entendez-vous pas notre colère depuis vos
coquets bureaux ?

Alors même que vous évoquez à tout propos la transparence, le dernier mauvais coup qui leur est porté consiste, par un subterfuge juridique sans précédent, à imposer un nouveau système de rémunération qui ne nécessiterait, nous affirme-t-on, pour la grande majorité d’entre eux aucun acquiescement de leur part, ni aucune signature non plus. Ce passage en force, après des mois de duperie des élus, en dit long sur les conséquences dudit projet « Pyramide » sur la rémunération des salariés. En effet, il ne serait d’aucune utilité de mentir, dissimuler et d’abuser les élus du personnel et l’ensemble des salariés si le nouveau calcul de la partie variable de rémunération s’avérait bénéfique pour les salariés et leur assurait une amélioration ou, à minima, un maintien de son niveau actuel Un niveau actuel, soit dit en passant, déjà en net recul par rapport aux systèmes précédents. Les non signataires peuvent en témoigner.

Pourtant, tout ou presque change dans ce nouveau mode de calcul : le seuil de déclenchement à 75% générant au passage une énorme cohorte de collaborateurs qui devront dorénavant se contenter de leur rémunération fixe, un paiement de  part variable de rémunération différé au trimestre, au semestre et à l’année pour ceux qui en percevront malgré tout, des critères d’obtention impliquant le niveau de parts de marché, l’implication d’autres entités au nom d’une « family » sur les performances de laquelle les salariés du réseau Adecco France n’ont strictement aucune influence, le transfert au salaire fixe d’une partie de la rémunération variable présumée.

Bref, tout ou presque change et il ne faudrait, selon vous,  manifester aucun accord, ni apposer la moindre signature ? Nous consultons bien entendu nos juristes sur ce point e notamment sur le nécessaire respect de l’arrêt de Cassation qui prévoit que toute modification de structure de la rémunération variable sur objectif(s) doit faire l’objet de l’accord du salarié (Cass. Soc., 21 octobre 2014, n°13-18.847). Mais au final, que vous ayez juridiquement tort ou raison importe finalement peu, ce tour de passe-passe juridique ne trompe personne sur vos intentions et vous avez de toute façon éthiquement tort en interdisant tou libre-choix à vos salariés, ceux qui font prospérer l’entreprise.

Les impératifs financiers bien réels ne peuvent tout justifier et surtout pas de dangereuses dérives comme ce mauvais coup porté aux salariés permanents du groupe déjà victime d’une régression régulière de leur rémunération, aggravée
par la crise sanitaire,  qui survient de plus au pire moment. Est-il responsable de tenter ce coup de force sur les rémunérations alors même que tous sont encore déstabilisés par l’affaire de la liste noire et des différents scandales plus ou moins médiatisés de ces derniers mois ? N’entendez-vous pas les craintes et même l’angoisse montant du réseau sur la marche de l’entreprise, l’érosion sans fin des parts de marché, les rachats massifs d’actions, le dividende garanti aux actionnaires quelles que soient les performances ou contre-performances réalisées, notre quasi-disparition de l’activité BTP et autres errements contribuant à fragiliser l’entreprise, hypothéquer son avenir et par conséquent l’emploi.

Aujourd’hui, compte tenu de ces considérations et analyses, nous vous demandons de revoir votre position et de renouer avec un véritable dialogue social digne de ce nom. Nous avons tous à y gagner et il nous semble impérieux de tenter de préserver ce qu’il reste de motivation dans l’entreprise. Nous nous tenons prêts à contribuer à un dialogue raisonné sur les sujets évoqués et vous assurons de notre volonté de demeurer force de proposition comme nous nous y sommes toujours efforcés.

Dans l’attente de vous lire, de vous entendre ou de vous rencontrer, recevez Messieurs nos sincères salutations.

P/o les élus CFE-CGC Adecco

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