Quel est l’impact d’avoir des enfants mineurs dans son foyer ? L’Apec a mené une étude auprès des cadres parents. Sans surprise, la gestion du temps est plus compliquée. La flexibilité offerte par le statut de cadre permet à première vue de concilier les deux… Mais elle est en réalité à double tranchant. Encore plus pour les mères.

En cette période de rentrée, les cadres ayant des enfants se sentent peut-être déjà complètement débordés. Ils ne sont pas les seuls : dans une étude récente, l’Association professionnelle pour l’emploi des cadres (Apec) observe que 37% des cadres avec un enfant mineur à domicile ont des difficultés à concilier vie personnelle et vie professionnelle (contre 27% des cadres sans enfant mineur à domicile).

La proportion est presque la même entre les pères et les mères (37% contre 39%). Cependant, ce taux varie fortement en fonction de l’âge des enfants : ainsi, cela concerne 45% des parents d’enfants de moins de six ans, et 41% des parents d’enfants de six à dix ans, mais quand les enfants ont de quinze à dix-sept ans, la proportion est presque identique à celle des cadres sans enfants (29%). L’étude note que « ce ressenti peut être amoindri par différents facteurs, en particulier la perception de revenus élevés au sein du foyer ainsi que la possibilité de recourir à des relais – membres de la famille, autres parents, baby-sitters, etc. ».

Comme on peut s’en douter, les cadres qui ont des enfants renoncent plus souvent à certains loisirs ou à l’activité physique. C’est encore plus vrai avec des enfants en bas âge. Sept mères sur dix et six pères sur dix estiment ainsi « ne pas toujours parvenir à s’autoriser des moments pour eux ou accorder suffisamment de temps à des activités sportives, des loisirs ou à leurs relations sociales ». Mais plus préoccupant, 45% renoncent aussi aux soins médicaux, faute de temps.

Les cadres avec enfants mineurs sont aussi plus nombreux à avoir l’impression de rater des opportunités professionnelles à cause de leurs contraintes personnelles. Par exemple, les cadres parents sont dix points de plus à renoncer fréquemment ou occasionnellement à des événements informels (pots, networking…), et c’est même vingt points de plus quand les enfants ont moins de six ans. Leur vie personnelle les contraint plus souvent à rater des opportunités professionnelles, des évolutions ou des promotions (28% contre 21% des cadres sans enfants mineurs), décliner certains projets ou missions qui les intéressent (28% contre 19%) et manquer ou quitter plus tôt des réunions (27% contre 17%).

31% ont même déjà renoncé à changer d’entreprise en raison de leur rôle de parents, et 13% ont refusé une promotion pour cette raison. Cependant, note l’étude, les parents ne privilégient pas plus que les autres cadres l’équilibre vie pro / vie perso dans le choix d’un nouveau poste. « À l’instar de leurs collègues sans enfant mineur, ils aspirent à la mobilité avant tout pour gagner en rémunération et accéder à de nouvelles responsabilités ».

Une flexibilité à double tranchant

Pour réussir à gérer de concert travail et enfants, les cadres sont généralement en demande d’une organisation du travail suffisamment flexible. Les cadres, parents ou pas, sont ainsi 49% à estimer que la souplesse dans l’organisation du travail favorise la parentalité en entreprise. Cette flexibilité est dans les faits souvent déjà effective – pour 84% des cadres, deux sur dix ayant même une organisation « très flexible ». Sept cadres sur dix peuvent ainsi moduler leurs horaires de travail.

Dans les mesures plébiscitées, suivent les autorisations spéciales d’absence liées à la parentalité (34 %) et les mesures permettant de préserver un équilibre pro / perso, comme le droit à la déconnexion, l’absence de réunions après 18 heures, ou le blocage des mails et du réseau après une certaine heure (33 %).

Les cadres avec enfants assurent aussi que l’attitude compréhensive de leurs collègues (87 %) et de leur manager (83 %) permet de simplifier leur vie. Et ils font usage de leur flexibilité d’organisation : 73% ajustent leurs journées de travail pour des raisons personnelles (contre 64% des cadres sans enfants), et 61% travaillent parfois ou souvent le soir (55% des sans enfants).

Mais dans les faits, cette flexibilité est à double tranchant… encore plus pour les mères. En effet, selon l’étude de l’Apec, cela crée à la fois une pression supplémentaire et une surcharge mentale. 45% des parents cadres estiment travailler sous pression, contre 36% des parents cadres – un écart qui ne se retrouve pas chez les salariés non cadres.

D’ailleurs, sans surprise, les mères assument plus que les pères la charge parentale, et sont ainsi 14% à travailler à temps partiel, contre 3% des pères cadres, avec pour motivation principale de s’occuper d’enfants ou de proches.

C’est encore plus vrai pour les imprévus : elles déclarent être plus souvent sollicitées dans leur couple en cas de rendez-vous médical (55%, contre 22% des pères), d’enfant malade (50% contre 18%), de défaillance du mode de garde ou d’absence à l’école (43% contre 21%). Et ce alors que 80% des cadres, hommes comme femmes, peuvent s’absenter plusieurs heures de leur travail pour des raisons personnelles.

Conséquence : elles sont plus nombreuses que les pères à ressentir de l’épuisement professionnel (62% contre 53% des pères, et 56% des femmes cadres sans enfants), et encore plus les mères célibataires (64%).

Méthodologie :

Données recueillies en ligne en avril 2025 par la société Dynata auprès de 2005 cadres en emploi, (1 097 cadres avec enfants mineurs au foyer, 908 cadres sans enfant mineur au foyer, échantillons chacun représentatifs de ces populations respectives par la méthode des quotas, en matière de sexe, d’âge, de secteur d’activité, de taille d’entreprise, de région, de composition du foyer, du nombre et de l’âge des enfants mineurs.

Données correspondant à la parentalité, c’est-à-dire la présence d’enfants mineurs au foyer, et non de parenté, au sens biologique du terme.

Source : Cadremploi

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