Dès le mercredi 22 novembre, dans un article au titre limpide : “Budget formation : zones et agences lourdement ponctionnées“, nous dénoncions la décision de la direction d’impacter le réseau (zones et agences) de l’intégralité des dépassements budgétaires liés à la formation des salariés intérimaires. Jamais autre sujet n’avait provoqué une telle avalanche de remontées exprimant la colère sourde qui monte du réseau, unissant au coude à coude Directeurs d’agence et de zone bien décidés à défendre leurs résultats et leur rémunération.
Il faut dire que la pillule est un peu amère. L’entreprise n’a cessé de prôner le développement de la formation et notamment l’alternance, moyen privilégié d’améliorer les compétences des salariés intérimaires de plus en plus courtisés par la concurrence dans un marché de l’intérim en pleine expansion. D’autant que ce n’est pas le budget social attribué aux Comités d’établissement – le plus faible de la profession – qui risque de contribuer à la fidélisation de nos salariés intérimaires. Ainsi, après avoir lourdement insisté et même tanné les Directeurs d’agence, leur enjoignant de développer à tout prix l’alternance et la formation, leur annoncer en fin d’année une ponction sur leurs résultats nous semble quand même un peu fort de café.
Heureusement, nos interventions exprimées haut et fort dans les instances, appuyées par notre article, lui-même relayé sur les réseaux sociaux, ont eu partiellement raison de ce coup de force de la direction. Hasard du calendrier ou ultime provocation, le lendemain de la parution de notre article, très largement lu et relayé, la presse belge publiait une confirmation de nos assertions : “”La formation en alternance est la formation du futur”, selon Alain Dehaze, CEO de The Adecco Group“. Affirmation pleine de bon sens, certes, mais proférée au plus mauvais moment qui soit. A moins qu’il ne s’agisse du genre de facétie à laquelle nous ont habitué nos voisins d’outre-Quiévrain.
Aujourd’hui, grâce aux remontées des Directeurs de zone et d’agence et, il faut bien le dire, grâce à nos interventions et publications, la direction procède à un délicat rétropédalage dont les modalités figurent dans le communiqué interne du 27 novembre diffusé dans le réseau. Ce rétropédalage demeure cependant très insuffisant et en décalage avec les engagements exprimés dans les Comités d’établissement.


Pour confirmer nos affirmations et rappeler l’origine de ces engagements de la direction, voici les éléments du PV in extenso du 27/6/2017. C‘est cette version in extenso qui fait foi, puisqu’il s’agit d’un enregistrement neutre et intégral des débats à l’exclusion de toute contraction et réduction. La synthèse ne demeure qu’un moyen plus digeste et pédagogique de transmettre l’information.

Question posée par un élu au Comité d’établissement : 

“Qu’est-il envisagé si ces budgets sont dépassés et quel est l’impact sur les comptes d’exploitation sur les agences ? La réponse donnée le mois dernier n’est pas claire. Il y a des commandes mais les agences manques de candidats. La réponse apportée a été qu’il faut former des candidats mais si pas de budget, comment former les personnes ?

Le Directeur opérationnel –
Ces questions émanent d’une problématique qui est une bonne nouvelle,
c’est que l’on a un marché porteur. Donc, on est en forte croissance, on
fait du business, et entre ce que l’on avait mis dans les budgets et ce
que l’on réalise on est en décalage.
 
Cependant, puisque j’ai eu une réponse de la finance et de la partie formation chez XYZ, si l’agence dépasse son budget formation il n’y aura pas d’impact dans son état de gestion.


 Le Directeur opérationnel –
Ce cas, selon la finance, ne s’est jamais présenté donc, à date, on n’a
jamais eu d’impact dans les états de gestion d’un surcoût de
consommation en formation.
J’ai aussi l’engagement de XYZ qui dit : il n’y aura pas, quoi qu’il se passe
cette année par rapport au marché qui est porteur, d’impact dans les états de gestion des agences.
 

Il y aura peut-être des problématiques réglées au global et on n’en a pas la visibilité maintenant, mais l’engagement a été pris. Un travail est fait avec Adecco training et XYZ pour voir comment on optimise la GEA dans nos coûts de mise en place, donc on a une problématique financière que l’on essaie d’optimiser pour optimiser la rentabilité.”

Au moins, les choses sont claires ou devraient l’être. Et d’ailleurs, comment reprocher à des Directeurs d’agence un dépassement budgétaire sur le poste formation alors que n’existe aucun véritable moyen à leur disposition de piloter ce budget ? Aucun tableau ne vient fournir au Directeur d’agence un état de ses dépenses de formation cumulées. A moins qu’il ne se lance dans le laborieux décryptage de son état de gestion, si simple à analyser comme chacun sait. Et encore, il n’y trouvera aucune trace de la GEA, imputée dans les coûts indirects de structure, répartis aux agences en fonction du poids relatif de leur chiffre d’affaires dans leur zone.

Et puis, pour conclure provisoirement sur le sujet, quand et à quel moment les autorisations de déclencher une formation, déposées sur Fosfor à destination de la filiale Pontoon, ont-elle été refusées au motif d’une atteinte des budgets ? Les Directions opérationnelles ont-elles, quant à elles, posé un veto ? Quand et où Adecco Training a-t-il tiré la sonnette d’alarme sinon sonné le tocsin ? A notre connaissance, jamais et nulle part. Dans ces conditions, une ponction rétroactive, contraire aux engagements de la direction risque fort de ne pas améliorer la confiance dans l’entreprise de nombreux collaborateurs.

Pour toutes ces raisons, la direction doit assumer ses erreurs et insuffisances et s’abstenir  de renvoyer la responsabilité de la situation aux Directeurs d’agence. Le communiqué interne du 27 novembre marque une avancée certaine et non négligeable mais insuffisante selon nous. L’entreprise doit neutraliser pour 2017 les dépassements de budget formation et alternance. De plus, ces dépassements entrent, répétons-le, dans l’utilisation normale et légalement prévue de la fabuleuse manne du CICE. Qu’elle professionnalise le suivi des budgets formation et pose un certain nombre de règles pour 2018 et les années suivantes est une autre histoire.

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