Il n’y a pas une journée au cours de laquelle les grands médias nous épargnent la rengaine sur la pénurie de main-d’œuvre et d’ailleurs, dans nos fonctions professionnelles nous ne cessons de déplorer le manque de candidats adaptés aux demandes de nos clients, les entreprises utilisatrices. Est-ce pour autant qu’il existe une pénurie de main-d’œuvre en France ? Au risque de choquer, nous affirmons qu’il faut arrêter de gober le prêt-à-penser des grands médias et qu’il n’y a aucune pénurie de main-d’œuvre, bien au contraire, mais plutôt une abondance dépassant de loin tous les besoins de toutes les offres d’emploi dans tous les domaines et ce sont les statistiques officielles du chômage, elles-mêmes dans doute largement sous-estimées, qui nous le confirment.

Selon les catégories formellement établies et reconnues du Pôle Emploi, il y avait, en fin de troisième trimestre près de six millions de demandeurs d’emploi tenus d’en chercher un activement, 5 577 800 pour être précis. Ce qui n’est pas rien, près de trois fois la ville de Paris… Et encore observe-t-on une légère décrue chez les demandeurs d’emploi de catégorie A, ceux qui ne tiennent aucun emploi. Pour les chômeurs de catégorie B dont l’activité est réduite et de courte durée, c’est un status quo (-0,1% sur un trimestre). Quant aux demandeurs d’emplois de catégorie C, installés depuis longtemps dans l’activité réduite, leur nombre augmente de 6,5%, ce qui est sans doute la donnée la plus inquiétante de toutes. Ajoutons à ces innombrables cohortes les 766 000 demandeurs d’emploi des catégories D et E dispensés de recherche et nous conclurons que notre pays ressemble plutôt à un pays de sous-emploi disposant d’une main-d’œuvre pléthorique même si les compétences, elles, se font rares. Ce sont les compétences qui manquent, pas la main-d’œuvre !

Mais admettre cela, c’est mettre en évidence l’absence de gestion prévisionnelle des différents gouvernements depuis des décennies et le naufrage de notre pléthorique système d’éducation et tout particulièrement de l’Éducation nationale avec ses près de 1 200 000 agents (non, non, il n’y a pas d’erreur, ni de zéro en trop). Naufrage aussi du système de formation en général. Cf. notamment les différentes études internationales, PISA notamment, de ces dernières années… Après, on peut aussi s’interroger sur l’attractivité des postes proposés mais aussi sur un système d’indemnisation peut-être trop peu incitatif et sans doute un peu des deux…

Une fois ces rappels effectués et les idées remises à l’endroit, cela ne résout en rien notre problème quotidien de pénurie de compétences et il semble évident que les entreprises devront rémunérer de mieux en mieux celles qu’elles souhaitent attirer pour répondre à leurs besoins et assurer leur fonctionnement normal. Le président d’Adecco France n’a-t-il pas récemment déclaré dans les médias que l’une des solutions pour pallier à ces pénuries de compétences et donc de compétent(e)s consiste à mieux rémunérer les salariés ? C’est exactement ce que nous affirmons depuis des années et nous sommes ravis d’avoir peut-être pu modestement contribuer à éclairer un tant soit peu nos dirigeants. Mais il est vrai que c’est souvent le cordonnier le plus mal chaussé comme l’affirme le dicton…

Il ne reste plus qu’à passer de l’intention à l’acte ! Les équipes attendent.

2 Commentaires

  1. je puis vous assurer que dans notre secteur les pénuries sont une réalité! Le problème est l’inadéquation entre les envies des chômeurs et les métiers proposées, ainsi que peut-être un certain confort à rester au chômage plutôt que d’accepter de revenir au turbin tant qu’on a pas épuisé ses droits.

  2. Exact beaucoup de bons à tout et à rien et manque de compétences dans tous es métiers. La moitié de nos fichiers sont remplis de bons à tout mais qu’on peut pas placer et les clients sont de plus en plus exigeants

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