On se croit blindé, blasé même, et on imagine parfois avoir tout vu mais, heureusement, certaines circonstances surviennent qui réveillent en nous une capacité d’étonnement que nous imaginions envolée à jamais.

Ce n’est sans doute pas notre nouvelle et énième DRH qui nous démentira puisque, comme les autres, elle nous livrera vraisemblablement, un jour prochain, son “rapport d’étonnement”, ce qui prouve bien notre capacité intacte à, sinon nous émerveiller tout au moins nous laisser surprendre . Mais là, avec les premières réunions “Adecco 2023-2025” il faut reconnaitre que toutes les bornes – aucun lien de parenté avec un quelconque ministre – ont volé en éclats et nous atteignons des sommets.

Premier signe qui aurait dû nous alerter : un taux d’absence et donc d’évitement de cinquante pour cent pour une réunion officielle sur un projet d’envergure évoquant l’avenir de l’entreprise, c’est-à-dire du casse-croûte, devrait toujours alerter. Se serait-il agi d’une réunion dédiée à une transformation complète du système de rémunération avec augmentations conséquentes à la clef que le direction aurait fait carton plein et joué à guichet fermé. Second signe révélateur, quatre animateurs de l’entreprise dont notre secrétaire générale du groupe, pour animer une si maigre troupe, cela interroge forcément. Deux témoignages distincts convergent pour évoquer une réunion surréaliste, lunaire, dont l’horaire même aurait déjà dû interroger : de 11h00 à 15h00, pique-“nique” (frugal) compris. L’abondance c’est fini qu’il disait l’autre.

Une réunion entièrement parasitée par le “timing“, l’obsession du temps. Pas le temps de se présenter, comme si chacun devait ignorer autant que possible l’identité des participants, pas le temps d’intervenir, de poser des questions, ni d’y répondre car à chaque tentative, c’était “Oui mais là on ne va pas avoir le temps”… “C’est intéressant mais nous n’avons pas le temps de répondre ici à toutes les questions”…. “On ne peut malheureusement pas débattre sur ce point, sinon nous ne tiendrons pas l’horaire”, etc. Bref, on jouait la montre et c’était silence dans les rangs et gardez vos questions embarrassantes pour vous. Vous savez comment sont les salariés : à peine vous leur donnez la parole qu’ils se plaignent, font des remarques désobligeantes ou critiquent à propos de tout et de rien. “La parole était confisquée” nous confient nos deux témoins, ajoutant que “tout était cadré, organisé pour que personne ne puisse s’exprimer ou poser des question” et même “on sentait qu’ils voulaient à tout prix ne pas nous entendre et éviter la participation”.

Que retenir de cette réunion-express qui a, c’est le moins qu’on puisse dire, laissé un sentiment de mal-être, un malaise comme peut-être jamais auparavant. Rien ou presque. Il ne s’agissait que de concepts abstraits, des quatre piliers sur lesquels repose la démarche et d’objectifs relevant de pieuses et louables intentions, certes, mais qui peineront à redonner le feu sacré à des effectifs désabusés et usés par les pressions permanentes. Nous ne pouvons les révéler ici pour des raisons de confidentialité mais pareilles réunions-éclair sont d’ores et déjà programmées dans l’ensemble des régions.

Le clou du spectacle, si l’on peut dire, fut le moment où les participants durent représenter – en cinq minutes montre en main, toujours cette montre… – l’entreprise au moyens de gommettes et avec des crayons de couleur. Un bond en arrière dans le temps avec retour en classe de CP offert par la direction. Grand moment de solitude, humiliation et gêne des participants cadres (et sans doute des animateurs) dont certains durent un instant penser qu’on les prenait pour des jambons (cornichons inclus).

Pour le reste de la réunion, “timing“, chrono, le temps, parole coupée, interventions empêchées, la technique s’est avérée bien rodée et redoutablement efficace. Comment ne se voir que quelques heures pour n’avoir le temps de rien, pas même de se présenter, ne rien entendre, rien échanger et ne pas répondre aux quelques questions ayant incidemment enfreint l’omerta ? Il y avait, nous confie l’un de nos témoins, “un côté schizophrène” à cette réunion, avec injonctions paradoxales à participer et impossibilité de s’exprimer.

En revanche, les animateurs de la réunion ne manqueront ni d’images, ni de vidéos et pourront fièrement diffuser l’une ou l’autre photographie témoignant d’un groupe souriant, présumé engagé, participatif voire heureux et enthousiaste. Ainsi s’écrit l’histoire…

14 Commentaires

  1. Selon nos DZ notre participation est obligatoire…. Je serais aux abonnés absents 🙂….

    Encore des paroles … comme les budgets …. Nous remontons un budget et par magie le budget final +5% à celui transmis par nos soins ….

  2. Gros mais alors gros malaise dans la DZ Est Sud
    Aune envie de crever l’abcès de la part de notre petite chef
    Aucune participation des DA a leur jeu stupide 🤪
    D’ailleurs on s’était tous réunis le soir pour parler grève
    On est tous d’accord équipes compris en agences (PME) pour fermer les agences 1 semaine et transférer les appels au siège et convier les journalistes en agence

    On attend votre GO les équipes sont prêtes

  3. A l’ouest, idem tout le monde n’est pas invité
    et prêt aussi à fermer les agences et faire grève !
    idem bascule des appels aux sièges et fermeture le temps qu’il faudra !
    on est au bout là

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