Le 4 janvier dernier, dans l’article “L’abandon de poste sera bientôt considéré comme démission“, nous abordions cette mesure qui vient d’entrer en vigueur mercredi dernier, le 19 avril, stipulant qu’un salarié abandonnant son poste de travail «volontairement» et ne le reprenant pas sous les quinze jours suivant une mise en demeure sera désormais présumé démissionnaire et perdra ainsi ses droits au chômage. C’est l’un des volets de la loi restreignant l’accès à l’assurance chômage votée le 17 novembre 2022.

Comme nous l’évoquions par ailleurs, un peu plus récemment, “Les abandons de poste représentent 70 % des licenciements pour faute grave ou lourde, 5 % des fins de CDI (Dares)“, ce qui est considérable. D’ailleurs, Adecco n’était pas en reste sur le sujet et, disons-le franchement, cette méthode plus ou moins consensuelle de séparation à l’amiable permettait de passer outre un refus de rupture conventionnelle tout en évitant la démission et son inéluctable perte de droits aux “aides au retour à l’emploi” (ARE), bref aux indemnités-chômage. Après le rallongement, acté maintenant, de la durée de vie active dont les conséquences financières en termes de retraite incomplète promettent d’être douloureuses, voici un nouveau pan du système de protection sociale qui s’effondre.

Dorénavant, même si vous êtes au bout du rouleau, en situation de souffrance au travail, démotivé, usé par votre emploi mais sans avoir pour autant validé une opportunité à l’externe, il vous faudra démissionner purement et simplement et vous passer de toute indemnisation chômage. Chaque système ayant son biais pervers, faisons ici le pari d’une augmentation sensible du nombre des arrêts de travail longue durée et des reconnaissances d’inaptitude. C’est d’ailleurs une bien mauvaise nouvelle pour les entreprises qui usaient et sans doute abusaient de cette solution aux frais de la princesse – en l’occurrence, la princesse c’est nous les cotisants et contribuables – et se débarrassait ainsi aisément de salariés démotivés et désireux de quitter l’entreprise. Il leur faudra maintenant multiplier les dossiers de licenciement, hypothèse la moins négative, mais aussi les manœuvres de pression, de mise en souffrance psychologique et d’incitations tordues à la démission, dans le pire des cas. Rien que du bonheur comme dirait l’autre.

Quoiqu’il en soit, nous sommes bien dans le toujours moins et cette nouvelle mesure rend encore plus difficile la vie aux salariés et attente encore un peu plus à leurs ressources et à leur niveau de vie.

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