Vendredi matin dernier, le 6 novembre, la petite troupe du Comité Central d’Entreprise donnait une représentation au Petit théâtre du boulevard Malesherbes, à Paris. Au programme, une pièce qui aurait pu s’intituler “Retiens-moi ou je fais un malheur“.

Le CCE se réunissait en effet, vendredi matin, au siège parisien de l’entreprise, en une commission extraordinaire convoquée pour, éventuellement, rendre un avis sur la mise en place d’une nouvelle version de l’ERP. Ce blog étant public, nous ne la définirons pas plus mais chacun a pu être informé de la version en question.

Pour rappel, un ERP (Enterprise Resource Planning), ou en français, PGI (progiciel de gestion intégrée), est un logiciel qui permet de gérer l’ensemble des processus opérationnels d’une entreprise.

Cet outil est sans doute nécessaire à la gestion de plus en plus fine d’une entreprise moderne et la CFE CGC ne s’oppose pas, à priori, à sa mise en place, ce qui ne dispense évidemment pas les élus de s’interroger sur un certain nombre de conséquences pour les salariés, notamment en termes de rémunération. Au premier rang de nos inquiétudes, par exemple et pour ne citer que celle-là, le recalcul des taux sur une base 2008 ne nous semble pas favorable, rien ne garantissant que les résultats 2010 s’établissent au même niveau. Voici un exemple, un seul, mais de poids…

Or, malgré un argumentaire bien bordé de la direction, des interrogations demeurent, des inquiétudes aussi et il est impossible aujourd’hui de se prononcer favorablement (ni négativement) pour la mise en place de cet outil de gestion.

Dans un tel cas, nous sommes systématiquement attachés au principe de précaution qui consiste à attendre de la direction des simulations et des preuves quantifiées, afin de rendre un avis le plus objectif et le plus éclairé possible, dans l’intérêt des salariés. Nous ne pratiquons jamais la politique du chèque en blanc et les salariés ne nous ont d’ailleurs pas élus pour cela.

Malheureusement, notre formation ne comporte, à aujourd’hui, aucun élu au CCE mais uniquement dans les CE, CHSCT et DP. La CFE CGC ne comprend qu’un seul membre au CCE, présent en qualité de représentant syndical et ne bénéficiant pas, à ce titre, du droit de vote. Les dernières élections ont pourtant attribué à notre organisation la première place en ce qui concerne la représentation des cadres chez Adecco…

Les élus présents, hors CFTC et FO qui ne disposent pas non plus d’élus, ont donc rendu un avis favorable à l’unanimité pour ce projet en échange d’une petite concession de la direction concernant le budget social du CE.

Nous en venons donc à la mise en scène évoquée en tête de ce message. Dès le début de la commission, rompu aux pratiques des instances, j’avais flairé le montage et en avais averti mes voisines (B. et M., de deux syndicats différents), en leur chuchotant, en substance :

Voici ce qui va se passer. Les élus CFDT vont faire un point de blocage de l’imputation du budget social aux agences et soumettront leurs votes à la levée de cette clause. La direction feindra de tergiverser et de se trouver coincée, puis, à l’issue de palabres et d’une éventuelle suspension de séance, renoncera à cette imputation comptable pour obtenir un vote favorable.

Mes amies, tout est joué d’avance, et je suis persuadé que certains se sont rencontrés avant la commission. Je prends les paris et maintenant, place au théâtre !”.

Tout s’est effectivement déroulé comme prédit, sous l’œil ébahi de mes deux voisines. L’ensemble des élus ont voté favorablement alors que le moment était particulièrement propice à la négociation sur un certain nombre de points incertains du programme. Il aurait, en tout cas, fallu demander un certain nombre de simulations fiables et de données complémentaires avant de rendre le moindre avis et, dans l’incertitude, s’abstenir comme l’ont fait le jour même les élus CFE CGC des Comités d’Etablissement.

Au risque de nous répéter, élire massivement des élus CFE CGC, cadres et non cadres, c’est la garantie d’être vraiment défendu(e) par des élus pratiquant un dialogue ferme et constructif avec le souci constant du réalisme et de l’équité.

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