L’esprit de M. De La Palisse hante le Haut conseil de l’assurance maladie. Il lui révèle que ce sont les maladies coûteuses qui coûtent cher ! Cette assertion n’est pas gratuite, elle confirme qu’après avoir mis la pression sur les premiers soins relevant surtout de la médecine ambulatoire, les conseillers s’attaquent aux affections de longue durée. 
Attendons-nous à voir surgir des idées saugrenues comme le plafonnement des remboursements suivant les revenus (le bouclier sanitaire) ou la diminution de la couverture maladie au niveau des Affections longue durée (ALD). L’ALD concerne 15 % de la population (+4 % en 2009). Certes, il y a des distances importantes entre certaines affections comme l’hypertension artérielle sans complication ou certains cancers guéris depuis longtemps et d’autres maladies beaucoup plus lourdes. 
De même, la vigilance est de mise vis-à-vis de la progression étonnante de certains frais comme ceux du transport ou du remboursement de la cure thermale dont on attend toujours les justifications médicales. Le problème fondamental est celui de l’évolution des coûts de la santé, plus rapide que celle du PIB, c’est-à-dire la richesse produite, et encore plus rapide que celle des salaires sur lesquels s’appuient les cotisations. Pour éviter tout transfert vers le système privé, la solution est à deux niveaux. D’une part, dans le changement de mentalité de nos dirigeants qui doivent cesser de considérer cette dépense sociale comme un frein à la richesse produite, mais qu’ils reconnaissent enfin cet investissement dans la santé comme facteur d’enrichissement et d’accroissement du PIB par la consommation générée et par le maintien au travail permis par ces dépenses. D’autre part, en considérant sérieusement la proposition de la CFE CGC de s’appuyer sur une cotisation prélevée sur la consommation. Celle-ci permettrait de s’appuyer sur tous les produits y compris les produits importés, a contrario d’une cotisation sur les seuls salaires. Mais cela doit découler d’un choix politique au profit de la santé, avec une pondération favorable aux produits de première nécessité à différencier de ceux dont l’action néfaste sur la santé est délibérée…

Bernard Salengro

Source : La Lettre confédérale du 3 décembre 2010 (envoyée gratuitement à chacun de nos adhérents)

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