Au royaume des faux-fuyant
L’année 2011 s’achève. Nous ne savons, pour l’heure, si l’euro et l’Europe seront sauvés durablement mais nous pouvons dresser un bilan de cette année.
Souvenons-nous. Au printemps dernier, le premier semestre était marqué par une reprise économique qui conduisait nombre de commentateurs à disserter sur la sortie de crise. Las, dès le mois d’août, les spéculateurs s’en donnaient de nouveau à cœur joie en mettant en exergue, après la crise des subprimes en 2007-2008, révélatrice d’un endettement des ménages inconsidéré, la crise dite de la dette souveraine, symbole d’un endettement public qui a atteint ses limites. La zone euro est particulièrement visée et la France n’échappe pas à la suspicion. La confiance dans la capacité des États à maîtriser leurs dépenses et à rembourser leurs dettes s’est envolée.
Cette défiance affecte le crédit non seulement accordé au secteur public mais aussi aux entreprises et aux ménages. Dans le même temps, banques et assurances doivent renforcer leurs fonds propres et leurs ratios de solvabilité. Immédiatement, nous voyons l’impact sur l’économie avec un ralentissement qui efface les gains du début de l’année.
Cette année aura également été marquée par le couple franco-allemand et la volonté affichée de se comparer et de faire converger nos économies, notre fiscalité. On nous répète de ce côté du Rhin que nous ferions bien de nous inspirer de l’Allemagne vertueuse qui a su se serrer la ceinture, renforcer sa compétitivité et tirer tous bénéfices de sa capacité exportatrice. À quand un plan Hartz au service du marché du travail pour la France ? Sans trop l’affirmer, on nous promet du sang et des larmes mais… pour après les échéances électorales du printemps prochain. Si le système tient jusque là !
La CFE-CGC ne cesse de mettre l’accent sur la nécessité de renforcer notre économie, de préparer l’avenir, de réindustrialiser notre pays. Nous avons proposé, avec notre cotisation sociale sur la consommation, un changement de paradigme pour baisser les charges assises sur la masse salariale et trouver d’autre recettes pour financer la protection sociale.
Nous avons proposé une vraie réforme fiscale qui redonne sens, égalité devant l’impôt, lisibilité et qui redéfinit les prélèvements obligatoires assis notamment sur les ménages et les entreprises.
Nous avons proposé une réforme administrative de la France qui diminue le nombre de structures et nous permette de disposer de régions qui, à l’égal des Länder, aient une réelle force de frappe économique.
Nous avons largement souligné les raisons qui conduisent notre pays à avoir trop peu d’entreprises de taille intermédiaire qui exportent : absence d’accompagnement pour la croissance des TPE, prédation des grands groupes qui s’empressent de capter les pépites et d’éliminer des concurrents potentiels.
Nous avons grandement marqué la faiblesse structurelle du dialogue social en France et proposé tant au patronat qu’aux pouvoirs publics des solutions : fin de la chasse aux sorcières, reconnaissance et revalorisation de l’engagement syndical, validation des acquis de l’expérience (VAE), formation et information des jeunes…
Tout cela a été écouté avec attention. Mais on a tergiversé. Aujourd’hui, au bord du gouffre, il est temps d’agir. Comme il est urgent d’aller plus loin dans les négociations entre partenaires sociaux sur les facteurs de compétitivité, le financement de la protection sociale, l’avenir du paritarisme… Il est indispensable de faire le bilan d’accords conclus antérieurement. En particulier celui de janvier 2008 dit de modernisation du marché du travail. Nous pourrions, par exemple, reconnaître que la rupture conventionnelle créée par cet accord est un bon outil. Mais il est trop souvent dévoyé pour faire sortir de l’entreprise de nombreux seniors qui passent à la charge de l’assurance chômage. Nous devrions renforcer les contrôles et les critères d’accès à ce mode de rupture du contrat de travail pour les plus de cinquante ans.
Les chantiers qui nous attendent en 2012 sont immenses. La CFE-CGC sera toujours présente aux côtés des salariés pour trouver des solutions, aplanir les conflits et relancer l’ascenseur social. D’ici là, et au nom de l’ensemble de la Confédération, nous vous souhaitons de très belles et joyeuses fêtes de fin d’année !

Bernard Van Craeynest

(La Lettre confédérale n°1276 du 9 décembre 2011)

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