Les milieux RH semblent ne jamais devoir se lasser de produire des néologismes anglicistes dont l’emploi intempestif dure généralement à peu près ce que durent les roses. Ainsi, le “job-hopping” désignerait une nouvelle tendance dans le monde du travail et du recrutement. A l’inverse de la quête et des attentes d’une majorité d’entreprise, la salarié pratiquant le job-hopping bondirait d’emploi en emploi et surtout d’entreprise en entreprise, tel un cabri, toujours en mouvement, jamais fidèle.
Issu le plus souvent, nous dit-on, de la génération Z – comme zèbre, Zébulon ou zigoto, au choix – le job-hopper, mû par un syndrome de bougeotte compulsive, se réserve à des emplois en environnement flexible et collectionne à rythme soutenu une série d’expériences diverses et variées. A mesure évidemment de son degré d’employabilité et de désirabilité. Sale temps pour les entreprises qui ne rêvent que de fidélisation, de rétention de talents et de la professionnalisation qui logiquement en découle.
Mais cette notion journalistique de job-hopping, terme dont pas un ne se souviendra dans six mois, semble ignorer les dures réalités du monde du travail et ne peut concerner durablement que certains emplois faiblement qualifiés. Imagine-t-on un cadre comptable ou de production jouer les “job-hoppers” une fois passé les vingt-cinq à trente ans ? Son CV kaléidoscopique risquerait fort d’indisposer st surtout de refroidir le plus placide des recruteurs.
Gageons que le monde réel du travail et de l’entreprise continuera de préférer une fidélité raisonnable de collaborateurs situés à mi-chemin entre le salarié mono-employeur, fidèle ad vitam æternam à son entreprise et le dilettante job-hopper, danseur sans doute sympathique au demeurant mais si peu fiable…