Le 18 mars dernier, la CFDT, la CFTC et FO signaient avec le MEDEF un accord AGIRC/ARRCO lourd de conséquences pour la retraite des cadres et assimilés. Or il faut avoir à l’esprit qu’une majorité de ceux qui ont aujourd’hui 20, 30, 40 ou 50 ans feront un jour valoir leur droit à la retraite, même si cette perspective leur semble lointaine. Raison suffisante pour se préoccuper des accords décisifs qui se prennent actuellement.
En préambule, rappelons que le problème du financement des retraites est très loin d’être réglé et que ce sont 45 milliards d’euros qu’il faudra encore trouver d’ici à 2030 (l’équivalent d’une année d’impôts sur le revenu en France), ce qui impose de reprendre les négociations dès 2013, soit, fort opportunément, l’année suivant les élections présidentielles. Quels que soient les slogans des impétrants, il est fort probable qu’on ne rase pas gratis demain…
Pour résumer un peu, il n’y avait pour l’accord en question que deux sources de financement possible : taxer le capitalisme financier ou continuer à prélever sur les classes moyennes. Les signataires de l’accord du 18 mars ont clairement manifesté leur choix : continuer à tondre les classes moyennes. D’ailleurs, le MEDEF a immédiatement fait connaître son opposition à toute augmentation de recettes destinées à maintenir le niveau des retraites complémentaires. On peut en conclure que “Le financement du régime AGIRC (cadres) fait les frais du dogme égalitariste qui rapproche étrangement la CFDT du MEDEF, tous deux la tête dans le sable pour ne pas voir les conséquences ce leur choix à moyen et long terme” (source : site FNECS, Fédération Nationale de l’Encadrement du Commerce et des Services).
Ajoutons que cette convergence avec le patronat ultra-libéral rejoint les velléités des technocrates européens qui semblent vouer le statut cadre à une disparition programmée et, par conséquent ceux qui en bénéficient à une rapide paupérisation. La loi de l’argent semble devoir s’imposer partout.
Reconnaissons qu’au début des négociations qui aboutirent au calamiteux accord, seules la CFDT et FO adhéraient aux vues ultra-libérales du MEDEF, représentatif d’un certain patronat,  la CFTC restant dans un premier temps sur un position de réserve avant de devenir à son tour favorable à la signature. Quel étrange et puissant fluidifiant du dialogue social amena ces trois syndicats à signer un accord qui, dès aujourd’hui, nous le verrons plus bas, pénalise les cadres et assimilés, y compris ceux qu’ils prétendent représenter ? Cela reste un mystère insondable.
La CFDT a donc choisi de tirer vers le bas les retraites en prônant une fusion des régimes AGIRC et ARRCO qui conduit mécaniquement à la disparition du statut cadre et assimilé et par conséquent à la baisse du niveau de retraite pour ceux qui cotisent le plus. (Pour plus de détails, voir le tract “La CFE CGC refuse la disparition programmée du statut cadre et s’oppose à la mort de l’AGIRC). 
L’incidence d’un tel texte n’est pas une vue de l’esprit mais provoque des effets dévastateurs immédiats comme nous allons le voir dans l’exemple suivant.
Revalorisation 2011 :

                  avant l’accord de mars 2011                   après l’accord

AGIRC :                  +2,11%                                        + 0,41%
ARRCO :                 + 2,11%                                       + 2,11%

Prenons l’exemple simple d’un retraité qui aurait bénéficié d’une revalorisation 2011 de 430 euros annuels avant accord, dont 110 € à l’ARRCO et 320 € à l’AGIRC. Après l’accord de mars 2011, le montant reste identique à 110 € mais en revanche le montant AGIRC chute à 60 € au lieu de 320 €, soit une baisse de 260 €. A cause de cet accord, les retraites ont déjà bel et bien commencé à baisser pour les cadres et assimilés-cadres.

Seules la CFE-CGC et la CGT se sont opposés à cet accord et refusent ce nivellement vers le bas conséquence d’un accord proposé par le MEDEF et signé avec un aveuglement suspect par trois syndicats.

Quel salarié peut accepter un accord comme celui-ci, un “accord toxique“, à part ceux qui veulent détruire l’AGIRC en jetant les salariés cadres et assimilés-cadres dans les griffes des assureurs privés (tiens…tiens…) ? La classe moyenne est depuis trop longtemps la cible privilégiée que l’on sollicite en permanence pour alimenter les caisses de l’Etat. Lire aussi à ce sujet le tract “Cadre : on veut te tuer

La CFE CGC s’oppose au nivellement vers le bas organisé par le MEDEF et la CFDT qui consiste à poursuivre la réduction des coûts en grattant toujours et encore plus sur les classes moyennes, vaches à lait de la protection sociale. L’égalitarisme primaire qui éloigna tant de nos concitoyens du syndicalisme ne peut présider à une vision moderne et éclairée de l’avenir.

Dernier point, surréaliste si l’on se réfère à un point de vue démographique : le plafonnement des majoration pour enfants à 1 000 € et le blocage des majorations AGIRC à 10 % pour 3 enfants et plus. C’est un mauvais coup de plus pour les familles nombreuses.

Décidé à se battre jusqu’au bout contre ce mauvais accord MEDEF-CFDT, le secrétaire général de la CFE CGC, Bernard Van Craeynest, a écrit au ministre Xavier Bertrand une lettre explicite et circonstanciée qui mérite d’être lue par toutes celles et ceux qui souhaitent approfondir le sujet.

jeudi 7 juillet sur ce blog :
Le mal-être des Directeurs de secteur

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