Le schwyzerörgeli, accordéon suisse
Mercredi dernier, le 18 juin, se tenait une réunion extraordinaire du Comité central d’entreprise à laquelle participait, à la demande des élus, notre Directeur général France. C’était un peu le CCE de la dernière chance puisque les élus attendaient cette occasion pour lui faire part des attentes essentielles du réseau, du mécontentement d’une grande partie de ses salariés et des conditions salariales qui n’en finissent pas de se dégrader. L’occasion d’exprimer en face-à-face ce que nous cessons de répéter par courrier, courriel, blog et personnes interposées depuis des années. Autre point essentiel abordé : la “prime CICE”, attribuée aux salariés permanents par quasiment l’ensemble de la profession.
L’écoute fut polie et souriante, l’argumentation en réponse soigneusement préparée mais la montagne n’accoucha pas même d’une souris et nous repartîmes bredouilles de chez bredouille. Après une présentation de chiffres apocalyptiques – tout au moins en ce qui concerne la France -, l’explication d’une rentabilité désastreuse n’en finissant pas de se dégrader et la démonstration d’une profession perfusée d’argent public et totalement incapable de vivre du produit de ses ventes, notre Directeur général nous rappela l’objectif ambitieux d’une Ebita à 5,5% pour 2015, c’est-à-dire demain. Et il nous confirma que quand l’Ebita va, tout va (sauf les salariés). Il nous rappela aussi l’objectif de devenir puis de rester leader par les coûts et chacun sait que les coûts, souvent cela fait mal. Prime CICE ? Notre DG feint une surprise attristée en nous rappelant l’option prise chez Adecco de réinjecter une partie du CICE dans la base d’intéressement. Oui mais, voilà, lorsque les résultats de l’agence sont en négatifs et que le salarié ne perçoit pas le moindre kopeck d’intéressement, il se tamponne allègrement de l’assiette de sa base d’intéressement, CICE inclus ou non. Pour lui, cela fait donc zéro plus zéro et c’est un peu la double peine qui lui est appliquée. Chez nos concurrents, chaque salarié, quel que soit la rentabilité de son agence, a perçu une prime allant de 700 à plus de 3 000 euros, selon les enseignes et les fonctions. Cela permet une compensation ponctuelle à celui dont l’agence ne dégage pas le moindre euro.

Que faut-il déduire d’une telle attitude de blocage ? Rien de bien nouveau et nous nous sommes souvent exprimés sur le sujet : la filiale France, comme les autres d’ailleurs, ne bénéficie d’aucune marge de manœuvre. La direction nationale est missionnée pour faire cracher encore et encore la filiale France et non pour disserter sur la pérennité de l’entreprise, la qualité de service ou le degré de satisfaction des salariés. De la thune un jour, de la thune toujours, c’est l’impitoyable devise. Notre Directeur général n’a d’autre choix que de danser au son du schwyzerörgeli et du cor des Alpes selon une musique écrite, arrangée et dirigée depuis Zurich où se tient l’intraitable chef d’orchestre.

10 Commentaires

  1. Ne nous dites surtout pas que ce n'était pas prévisible non ?
    Non mais, sérieusement ; vous vous attendiez à quoi ?
    Qu'il fasse des excuses et se mette à pleurer, qu'il vous dise qu'il allait tout changer ?
    Vous avez quand même affaire à une multinationale aux moyens illimités ; et ils ne vont pas se laisser démonter par un CCE de province fut il extraordinaire …
    On est vraiment dans la justification et dans la gesticulation incantatoire , là !
    Et puis le ton que vous employez dans le dernier paragraphe pour dédouaner AD (nous) met quand même assez mal à l'aise.

    Et au fait, pas de questions sur le litige avec les impôts concernant le droit de marque ?
    Pas de questions sur la participation (et son absence) ?
    Pas de questions sur l'hémorragie des permanents ?
    Merci de m'avoir lue.

  2. Thune et tune, les deux orthographes sont correctes (voir dictionnaire). Mais c'est vrai que plus communément on écrit thune avec un "h".
    Merci quand même pour la remarque car personne n'est infaillible.

  3. J'adore les donneurs de leçons. Litige avec les impôts, absence de participation, hémorragie des permanents ? Nous n'aurions rien dit sur le sujet ??? Vous ne devez pas nous lire souvent !
    Pas question de dédouaner AD qui met en œuvre la politique pour laquelle il est rémunéré, sans aucun souci du bien-être, ni du niveau de vie des salariés.
    Nous reprocher de "dédouaner" AD, je trouve cela excellent et comme j'ai beaucoup d'humour, cela me permet de démarrer la semaine avec le sourire.

  4. Je pense que l'interlocutrice précédente parlait (à juste titre il me semble) des questions posées lors du CCE et non pas des articles de ce blog.
    Car si vous avez évoqué tout ces sujets, il serait normal que vous nous en parliez ; non ?

  5. Je rebondis sur le dernier commentaire. Nous avons eu à une longue présentation de la situation passée et présente, des chiffres, le contexte et j'en passe.
    Il faut bien que vous compreniez qu'il n'y a plus aucun dialogue social. AUCUN.
    Retoquée par l'administration fiscale à cause du montant des royalties, provisionnant à tour de bras et ponctionnant le réseau jusqu'à la moelle, la direction poursuit sa course folle à la rentabilité et aux résultats.
    Seuls le vote en faveur d'élus qui vous défendent vraiment et les actions à caractère public pourront peut-être ramener la direction dans le dialogue (campagne de presse, communiqués, articles, mouvements sociaux…).
    Nous continuerons à vous parler de tout cela sur ce blogue.

  6. Pourquoi ne faites-vous pas comme la CFDT ?
    Il n'y a qu'à aller sur leur blog et vous voyez que tout va bien pour eux.
    Des copier-coller lénifiants en guise d'articles, impossibilité de laisser des commentaires (ils ont peur de quoi ?), quasiment aucune actualité et ils scorent plein pot à chaque élection.
    Donc pour être élu, vivez caché.
    Pour revenir sur le fond, j'ai bien conscience que tout ça n'est pas très valorisant pour le corps syndical ; se battre pour des ânes qui ne voient pas plus loin qu'une hypothétique carotte, ça doit être frustrant. D'autant plus que lesdits ânes ont l'air de raffoler des coups de bâtons du berger suisse.
    PS : pour le dernier paragraphe, je comprends le malaise ressenti par la formulation de la phrase qui peut sembler le dédouaner.
    En effet le DG n'a pas "à choisir", vu qu'il est partie prenante et entièrement en accord avec la politique du Groupe ; il n'y a donc pas un choix, mais une volonté propre et affirmée.

  7. Mais qu'attendez vous, vous les délégués syndicaux pour à nouveau descendre dans la rue,nous vous avons suivi il y a déjà plus d'un an. Qu est ce que ça a changé ? Rien c est même pire. A force nous allons douter de vous. Attendez-vous que les gens pètent un câble et craquent comme chez france Télécom pour enfin bouger ? Je sais que vous n'avez pas une place facile, mais nous vous avons élu. A vous maintenant de nous prouver que vous n'êtes pas simplement là que pour vos reunions dp, ce, chsct et j'en passe !!!

  8. Assez d'accord avec le commentaire précédent qui rebondit sur le commentaire "nerveux" de la collègue du 23/06 à 08h00.
    Pas fastoche c'est certain ; mais choisi, hein ?
    Enfin, le monsieur il va répondre que : sans nous il est rien et qu'il faut plus se syndiquer etc…
    Je l'ai été moi : syndiqué et élu et je ne le suis plus.
    Pourquoi ?
    Car c'est foutu… Adecco c'est foutu.
    Les intérimaires élus sont des profiteurs éhontés, les permanents élus des veaux planqués et la direction des salauds cyniques.
    Donc on remplit le temps avec des réunions obligatoires et légales à la con pour s'entendre dire des platitudes et/ou mensonges dont tout le monde se fout ; la CGT fait son numéro (quand elle est là), la CFDT (enfin son Délégué Syndical Central) fait son show (il est toujours là) et les autres ferment peu ou prou leur gueule car globalement personne ne leur fait remonter d'infos et basta ; la journée est pliée, on rentre à la maison.
    Donc dans cette boite de m…., les meilleurs sont partis (et/ou continuent de partir) et les résultats tombent malgré tout donc POURQUOI voulez-vous que ça change ?

  9. Je suis obligé de réagir à ce commentaire de 7h41. Je ne le censure pas mais s'il contient une part de vérité, il pèche par systématisation.
    Nous ne sommes sans doute par parfaits à la CFE CGC mais nous sommes investis, nous travaillons et nous sommes toujours en première ligne. Cela tout le monde le reconnait, même et surtout la direction.
    Il y a régulièrement des résultats obtenus même si ce n'est malheureusement pas toujours spectaculaire.
    Pour reprendre l'expression employée, nous ne "fermons jamais notre gueule", ni oralement, ni par écrit. Il suffit de lire ce blog ou les PV de CE et CCE.
    Oui, c'est un engagement choisi, assumé, passionnant mais, oui encore, sans les salariés nous ne sommes rien et il nous faut un maximum d'adhérents, d'élus et de collègues engagés pour faire avancer les choses.

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