Bernard Salengro et le projet de loi El Khomri : « Les médecins du travail ne pourront plus témoigner du burn out »

Dans une tribune intitulée « Les médecins du travail ne pourront plus témoigner du burn out », Bernard Salengro déplore les mesures concernant la médecine du travail dans le très controversé projet de loi El Khomri. « Le tertiaire et l’encadrement ne bénéficieront plus de la médecine du travail »,
déplore l’expert CFE-CGC (pôle santé au travail, conditions de travail,
handicap) et Président du syndicat CFE-CGC santé au travail.


Bernard Salengro : 
 
Le projet de loi dit El
Khomri ne permettra plus aux médecins du travail de témoigner de la
réalité de ce qui se passe dans les entreprises. Comme s’il fallait
faire taire ces gêneurs ! Pour faire baisser la fièvre, cassons le
thermomètre !

En l’état du projet de loi, le tertiaire et l’encadrement ne
bénéficieront plus de la médecine du travail. Dans son chapitre 5, le
projet de loi démantèle en effet la possibilité donnée aux salariés de
contacter facilement le médecin du travail et donc de lui signaler leurs
problèmes et maladies tels que le burn-out, le harcèlement, les risques
psycho-sociaux et les effets (pas encore reconnus) de certains produits
chimiques : nanomatériaux, pesticides, rayonnements etc.

– Le projet de loi supprime le premier contact par la suppression de la visite d’embauche.

– Le projet de loi met en place un système de suivi qui sera sous
l’emprise des directions patronales pour organiser un contact avec les
salariés tous les cinq ans, comme le prévoit le rapport Issindou. Dans
les faits et compte tenu de la situation, cela désorganisera la médecine
du travail et privera l’accès des salariés aux médecins.

Subrepticement, ce projet de loi transformerait les médecins du
travail de veilleurs en pompiers et de protecteurs en contrôleurs :
– de veilleur en pompier puisque l’accès de tous les salariés au médecin du travail est cassé et détourné.

– de protecteur en contrôleur dans la mesure où les médecins du
travail ne verront que les sujets à risque pour eux-mêmes mais aussi, et
c’est la nouveauté, pour la sécurité des tiers, c’est à dire des
clients et des passants pour peu qu’ils soient dans l’environnement
proche ! Or, on ne peut être contrôleur et confident. C’est
contradictoire et le Conseil d’État l’a déjà jugé (n° 279632).

Habilement, ce projet de loi laisse aux employeurs la gestion des
services de santé au travail et la décision du nombre de médecins
nécessaires. La conclusion s’impose d’elle-même : les pressions et
menaces de licenciement de médecins du travail commencent !

L’université participe à cet étranglement par une politique de
resserrement des formations : 94 médecins en exercice sur Paris avaient
ainsi postulé pour devenir médecins du travail et seuls 21 ont été
retenus sous des prétextes fallacieux. Il est plus facile pour un
ministre de changer de ministère que changer de spécialité pour un
médecin…

La CFE-CGC santé au travail dénonce donc ce démantèlement qui va
affaiblir la protection des salariés et aggravera les conditions de
travail pour le tertiaire et l’encadrement soit 80 % des emplois.

La CFE-CGC santé au travail s’opposera au démantèlement de la médecine du travail !

2 Commentaires

  1. Que les médecins soient déjà en capacité d'assurer leur mission.
    Nous sommes en intérim, pas une PME/PMI.
    Nos médecins ne parviennent pas à comprendre notre fonctionnement et contrainte de travail (je ne parle pas de commerce).

    Alors quant on fait nous même la VM pour ses propres collaborateurs, j'estime qu'il s'agit davantage d'un cirque que d'un réel entretien avec un médecin.

    En outre, avez vous déjà vu le bout de nez d'un Médecin lors des CHSCT ?
    Qui a representé l'aspect médical lorsque l'on a parlé du Middle Office ? Chez quels élus y a t-il eu intervention du médecin lorsque l'on a fait le PdV ?

    Parond, mais laissez moi rire…

    Avant qu'un Médecin du travail ne fasse son travail pour nous même permanents… il va s'en passer…

    Il est à peine possible de tenir des 70% de planning à jour pour nos VM intérimaires : Qui eux aussi sont exposés et concernés par le burnout et stress au travail.

    Alors ne vous offusquez pas trop vite quant à la disparition de l'idéal du prétendu suivi médical français… mais la réalité est qu'à ce jour les Toubibs sont une espèce en voie de disparition.

    Lorsque je vais faire un entretien médical et que mon médecin parle 2 mots de français …. c'est le sympthome que les choses partent en cacahuettes

  2. Pas mal le message de notre collègue….
    De plus, j'ai fait un bien out en étant salarié d'adecco. C'est pas au médecin du travail à juger cela… Le burn out est trop complexe pour être validé par une personne qui connaît ni la personne ni son cadre privé, ni son cadre professionnel.
    Je personnellement fait un gros travail sur moi. Des médecins m'ont aidé dont mon médecin traitant, et j'ai appris à comprendre le pourquoi du comment et apprendre à travailler autrement.
    À mon retour, Adecco a fait le nécessaire pour que je redémarre sur de bonnes bases. Quand au médecin du travail…svp ils sont là juste pour valider que vous êtes apte à reprendre.

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