Pour la première fois depuis tant d’années, dix longue années, l’entreprise concède, enfin, une augmentation générale des salaires fixes. Cette augmentation sera la même pour tous, quels que soient le niveau de salaire et la fonction. Il s’agit donc essentiellement, de fait, d’un geste en faveur des plus faibles revenus et c’est une très bonne chose. Il y avait urgence à faire un geste en faveur de tous ceux dont le salaire au ras des pâquerettes devenait indécent en regard du savoir-faire et de l’investissement personnel. Une sourde colère et un grand découragement montaient du réseau comme nous en avons alerté la direction régulièrement.

Nous saluons donc ce geste, modeste mais nécessaire et urgent en direction de nos collègues non cadres auxquels il était grand temps d’envoyer un signal positif. C’est une avancée et nous la soulignons.
Pourtant, les élus et négociateurs CFE-CGC Adecco ont décidé de ne pas signer ce projet d’accord issu des négociations salariales menées cette année pour les rémunérations 2017. 
Représentants des cadres de l’entreprise, nous voyons dans cette mesure d’augmentation des fixes de trois dizaines d’euros pour tous, une mesure destinée à calmer un peu le mécontentement général mais les cadres n’ont pas grand chose à voir dans ce saupoudrage tactique. En effet, 30 euros par mois n’ont pas du tout le même impact sur un salaire de 1 300 € que sur ceux de 3 ou 4 000 €. En
qualité de représentant des cadres, nous ne pouvons évidemment pas
cautionner les augmentations forfaitaires pénalisant systématiquement
les salaires les moins bas. Augmenter les salaires les plus modestes
constitue, évidemment, une priorité non négociable mais ne pas augmenter
ou le faire forfaitairement au même niveau les salaires un peu plus élevés revient à
un rabotage dans le temps et par conséquent à une inéquité.
Que trois grands syndicats généralistes acceptent de signer un tel accord, nous pouvons le comprendre pour les raisons évoquées ci-dessus, car il y avait vraiment urgence sociale mais notre situation d’organisation syndicale catégorielle nous interdit, bien entendu, de nous réjouir. Comment pourrait-on expliquer à nos électeurs, adhérents ou simplement sympathisants cadres que nous nous satisfaisons d’un tel geste et qu’il nous suffit à approuver cet accord NAO ?  Comment expliquer à tous ceux qui, ces dernières années, ont perdu 100, 300, 500 (ou plus) euros mensuels de partie variable, à force de ponctions, redécoupages de secteur, modification des règles de rémunération et, plus récemment, de budgets plus ou moins surévalués que nous nous suffisons de 30 euros ?. Ceci alors que leur fixe n’avait pas pris un centime depuis une décennie.  Alors même aussi que se multiplient les licenciements de cadres, sous des prétextes divers et variés. Sans parler de la clause pénale, de plus en plus souvent engagée, des Directeurs d’agence et DMS. Non, il nous est décemment impossible de signer même si nous reconnaissons à sa juste valeur le geste de la direction à destination des plus faibles salaires.
Par ailleurs, nous respectons la position des grandes centrales syndicales ouvrières même si une augmentation de 30 euros en 10 ans ne représente jamais que 3 malheureux euros par mois et par an. A peu près le prix d’un café à Paris et encore… Est-ce suffisant pour camoufler le plan social qui s’avance camouflé ?

De plus, la mesure de réinjection de 3% de la partie variable de rémunération dans le fixe ne constitue qu’un jeu d’écriture. Cerise sur le gâteau, cette mesurette ne concerne que cinq qualifications, celles dont les salaires sont les plus faibles de l’entreprise. Inutile de préciser que les cadres en sont exclus.
Pour la CFE-CGC Adecco, cet accord ignore totalement les cadres, leurs spécificités, leurs contraintes, leurs difficultés et leur perte de pouvoir d’achat. Taillables, corvéables, taxables et ponctionnables à merci, ils ont leurs représentants du personnel et leur organisation syndicale dédiée. Nous sommes là pour porter leur parole, leurs attentes et leurs revendications et, en leur nom, nous affirmons au sujet de ces NAO : non, le compte n’y est pas !

4 Commentaires

  1. Cadre chez Adecco, vous avez raison!
    Ne pas pénaliser nos collaboratrices et collaborateurs était essentiel mais au final, nous, Cadres, avec la pression que nous avons, à ne surtout pas faire redescendre aux équipes sous peine de se prendre le bonnet d'âne du mauvais Manager. Nous sommes vraiment et une fois de plus les Dindons de la farce. En période de fête c'est pas mal.
    Je ne parle pas des rétrogradations déguisées.

  2. Heureusement qu'on a eu quelque chose, ça fait 3 ans que rien, pas un euro, les primes c'est fini avec les nouveaux systèmes de rém.
    Ma DZ qui fait ce qu'elle veut avec ses agences, elle en met certaines à gagner un max de fric et d'autres à l'amende.
    Pour moi, c'est au moins ça.
    Pour le reste, vu le nombre de personnes à qui on met la pression et qui vont pas tarder à partir, je pense, on en aura peut-être plus.

  3. Que proposez vous pour défendre les cadres sous pression, rétrogradation ou licenciement? On a la sensation que tout cela se passe dans une indifférence générale et que c'est une fatalité de notre environnement. Pas d'information auprès des agences, pas de communication si on ne vient pas sur votre blog, on laisse faire sans broncher alors que les agences sont nos outils de travail.

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