Application StopCovid : une question de confiance avant tout !



Le
gouvernement étudie la possibilité de mettre en œuvre une application
de traçage numérique visant à lutter contre le Coronavirus. Cette
proposition a très vite suscité le
débat sur le dilemme entre renoncement d’une partie de nos libertés
individuelles et préservation de notre santé.


Mais
pour la CFE-CGC, réduire la question à ce simple choix et agir dans la
précipitation ne doit pas occulter la question préalable des prérequis
indispensables au lancement
d’un tel outil. Le premier d’entre eux, et non des moindres, est de
connaître sa réelle efficacité sanitaire, et les conditions nécessaires
pour y arriver. Un tel système s’inscrit dans une démarche collective.
Il ne peut donc obtenir des résultats probants
qu’à la double condition d’être adopté par une très large majorité de
concitoyens, et que ces derniers aient connaissance de leur degré de
contamination, c’est-à-dire puissent et acceptent de se faire tester. Ce
préalable est loin d’être obtenu.


La
finalité de l’application est un autre point important. La solution
retenue semble s’orienter vers l’identification de « sujet contact ».
Elle serait basée sur une technologie
Bluetooth (dont l’efficacité n’est pas encore certaine) sans
géolocalisation et en préservant l’anonymat nous dit-on. Même si la
question de l’observation et du contrôle des mobilités semble écartée,
il demeure que l’application traitera des données de santé,
définies comme sensibles, requérant toute notre vigilance et toutes les
précautions en termes d’études d’impact.

Enfin,
l’objectif de StopCovid ne peut s’entendre qu’en complémentarité
d’autres dispositifs, la solution n’étant pas la technologie elle-même,
mais bien l’usage qu’il est décidé
d’en faire.


C’est
en substance ce qu’a tenu à souligner la CNIL, lors de son audition du 8
avril par la commission des lois de l’Assemblée nationale : « La
solution retenue ne peut constituer qu’un des éléments d’une réponse sanitaire plus globale »

Rappelant le cadre juridique dans lequel la mise en œuvre de cette
application devait s’inscrire (à savoir reposer uniquement sur la base
du volontariat
et d’un consentement libre et éclairé des personnes), la CNIL a aussi
insisté sur la nécessité de créer les conditions d’acceptabilité d’un
tel outil.

Et
c’est bien de confiance dont il s’agit : confiance dans la technologie
choisie, confiance dans l’utilisation de la solution et des données
associées, confiance dans le niveau
de sécurisation assurée, protégeant contre les fuites potentielles de
données etc. Le RGPD a justement été rédigé pour créer les conditions
nécessaires à l’instauration de cette confiance, en édictant un certain
nombre de principes. Ce sont ces mêmes principes
que la CFE-CGC et le LabRH ont repris pour écrire leur charte éthique
et numérique RH.


Le
socle est donc posé, les ingrédients existent. Reste à en créer les
conditions car, comme le dit l’adage : la confiance ne se décrète pas,
elle se construit
. Or le ciment
indispensable à l’instauration de cette confiance, c’est bien celui de
la parole politique. Le chantier est donc de taille car, faute de réunir
l’ensemble de ces prérequis, l’application sera réduite au simple rôle
d’instrument de communication. Et nous le
savons tous, la banalisation de ce type d’outil est loin d’être
anodine !

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