Tout
le monde s’accorde sur l’ampleur et le caractère inédits de la crise
économique et sociale actuelle : elle résulte d’une pandémie mondiale et
des décisions gouvernementales visant à protéger les populations par
des mesures de confinement et de restriction des déplacements qui ont
perturbé fortement l’activité économique. Le déconfinement par étapes
s’accompagne aujourd’hui d’une reprise progressive
de l’activité et de signes encourageants sur la consommation même si
certains pans de notre économie seront probablement impactés sur le
moyen terme.

A crise exceptionnelle mesures exceptionnelles


La
présentation des effets de la crise est souvent biaisée : Dire qu’elle
va se traduire par une baisse du PIB de 11% en 2020 n’en est pas une
description
suffisante. C’est davantage un recul de presque 25% sur les 4 mois du
cœur de la crise (de mars à juin) et une bien moindre perturbation du
reste de l’année. De même l’actualisation publiée récemment des
prévisions annuelles 2020 fait apparaitre un déficit
important tant pour la Sécurité Sociale que pour notre système de
retraite. Ce déficit est dû au manque de ressources imposé par la baisse
d’activité pendant le cœur de crise et ne doit pas être le prétexte à
des mesures structurelles d’économie, comme certains
le suggèrent déjà.

Pour
la CFE-CGC, il convient d’abord de traiter de manière systémique les
effets très négatifs du choc transitoire des 4 mois du cœur de crise
pour
éviter l’onde de choc terrible de leur propagation durable dans tout
notre système économique.
Toutes les dépenses exceptionnelles liés à cette crise devraient
faire l’objet d’un refinancement à très long terme sous forme d’emprunt
auprès de la Banque Centrale Européenne
. Cela concernerait entre
autres les dépenses de l’Etat liées aux aides d’urgence
(par exemple le maintien des rémunérations des personnes en activité
partielle) et le déficit des régimes sociaux lié à la baisse de la masse
salariale. Le redémarrage économique se ferait alors, tant pour les
acteurs publics que les entreprises, sans avoir
à porter le fardeau de cette période de cœur de crise qui dicte au
premier chef les conséquences sociales et sur l’emploi. Cela permettrait
également de préserver une capacité d’investissement essentielle
notamment pour réussir la transition écologique.

Au
niveau des entreprises, les règles comptables pourraient être aménagées
à titre exceptionnel pour 2020 afin d’alléger certains postes de
charges
et leur permettre de mieux redémarrer : à titre d’exemple, la charge
d’amortissement des investissements utilisés à moins de 90% de leur
capacité serait neutralisée.

La confiance passe par un dialogue social loyal dans les entreprises

De
nombreuses entreprises ont d’ores et déjà très rapidement entamé des
discussions ou des négociations concernant des plans d’économies
incluant des
suppressions d’emplois avant même la parution des décrets sur le
nouveau dispositif gouvernemental « d’activité réduite pour le maintien
en emploi ».

Dans
la plupart des cas, il y a impossibilité pour les représentants du
personnel de connaitre et discuter les fondements et hypothèses
économiques
sous-tendues. La raison en est que le scénario économique et le plan
d’économies associé sont imposés par les directions d’entreprise pour
répondre à un objectif de rentabilité financière élevée à court terme
sur l’exercice 2020 alors que la priorité devrait
être de préserver les capacités d’un redémarrage durable préservant les
investissements, l’emploi et les compétences.

Les
vieilles recettes déloyales ressurgissent. Plutôt que de partager
autour d’une vision économique et sociale de l’avenir de l’entreprise,
indispensable
à un dialogue de confiance, beaucoup de directions préfèrent exercer un
chantage : « Si vous n’acceptez pas le gel des rémunérations, la perte
d’avantages sociaux et des mesures de départs volontaires, nous serons
amenés à procéder à des licenciements secs
via des PSE».


La
CFE-CGC n’accepte pas ces pratiques d’un autre âge et appelle plus que
jamais dans la situation de crise actuelle à un dialogue social
véritablement
loyal. Elle rappelle aussi le besoin urgent de mesures législatives
imposant une gouvernance plus responsable des entreprises.

A lire, dans les jours qui viennent : 


L’activité partielle est-elle encore justifiée ?

Quelques retours édifiants sur le télétravail chez Adecco


Le groupe Adecco se porte très bien. Merci


Égalité professionnelle…. peut mieux faire !


Pourra-t-on vraiment éviter un plan social ?
 

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