Voici un constat que la direction du groupe ne pourra renier puisqu’il ressort d’une étude menée par la Fondation The Adecco Group, en partenariat avec le CREDOC au sujet des  inquiétudes des actifs de plus de 40 ans pour leur seconde partie de carrière. Ils s’inquièteraient à la fois pour leur santé – comment “tenir” jusqu’à l’âge légal de départ en retraite ? – mais aussi pour leur rémunération et leur employabilité.

L’étude nous apprend qu’environ deux tiers des personnes interrogées redoutent de ne pouvoir conserver une forme et un état de santé correct jusqu’à la fin de leur carrière.  Pour des raisons évidentes les ouvriers s’inquiètent davantage (72%) que les cadres (62%). Ceci étant posé, l’étude souligne aussi un sérieux manque d’anticipation d’une majorité d’actifs imaginant une carrière complète, dans le même domaine d’activité, dans la même entreprise, en CDI et à temps plein, s’il-vous-plait. Seuls 36% anticiperaient qu’il leur faudra à la fois se reconvertir, bouger et rebondir tant bien que mal. Pareil inconséquence est glaçante. Savent-ils qu’aujourd’hui, malgré des évolutions notables, 6 personnes sur 10 ne sont plus au travail à 60 ans ? Passé cet âge, on ne vous dit pas ! Ce manque d’anticipation et cette déconnexion du réel expliquent sans doute en grande partie la faible implication du plus grand nombre pour une actualisation des compétences et des formations qui permettraient de maintenir une employabilité convenable tout au long de la carrière. On imagine les effets dévastateurs d’une digitalisation accélérée dans un tel contexte.

Débat sur les retraites : il manquait 30 millions de manifestants!

Autre source d’anxiété, la crainte de ne pas retrouver de travail passé un certain âge et par conséquent d’être discriminé à l’embauche sur ce critère. Comment ne pas leur donner raison lorsque l’on se penche quelques minutes sur les statistiques révélant de manière indiscutable cette discrimination majeure, la plus importante à ce jour. Même si la situation s’est un peu améliorée ces dix dernières années, il apparait évident qu’il ne fait pas bon perdre son emploi une fois passés les 40 à 45 ans et encore moins le seuil fatidique des 50 ans. Ce qui ramène inéluctablement au débat sur les retraites et à l’allongement théorique de la durée de vie active. Où retrouvera un emploi celui qui sera victime d’un plan social ou d’un licenciement à 58 ans, par exemple, et auquel il manquera 6 années, soit 24 trimestres de cotisation ? Cela fait des années que nous le répétons : dans le contexte actuel, rallonger la durée de vie active c’est baisser mécaniquement le niveau de retraites de plus en plus incomplètes.

Cela m’amène à une réflexion un peu amère. La population active se situe à environ une trentaine de millions d’individus en France. Or, selon les statistiques officielles (source Statista) le nombre maximum de manifestants contre les mesures d’allongement à 64 ans de la durée de vie active aurait culminé à 1,28 millions. Il manquait donc 29 millions d’actifs directement concernés auxquels auraient pu se joindre, par solidarité, quelques millions de retraités et quelques autres de futurs actifs. Qu’aurait pu un gouvernement et même un misérable 49.3 contre 30 à 40 millions de manifestants ? Rien, strictement rien sinon remettre  fissa dans ses chères archives un projet unanimement discrédité et s’enfuir en courant, si possible en zigzag.

Comme prévu et annoncé plusieurs fois sur ce site, des voix dites autorisées annoncent déjà la nécessité d’une prochaine réforme d’ici trois à quatre ans, celle-ci étant déjà jugée insuffisante, car ne l’oublions pas le cap dissimulé pour l’instant de la Commission européenne demeure inchangé : la retraite à 70 ans. Voir nos alertes sur le sujet.

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