Rien de pire dans une entreprise, surtout dans un grand groupe international, que de paraitre dépassé par les évènements et surtout insuffisamment au fait des modes langagières et tics verbaux du moment. Émailler ses propos d’anglicismes plus ou moins sibyllins peut faire montre d’une certaine bonne volonté mais ce n’est hélas plus suffisant, loin s’en faut. Nous allons donc vous livrer ici quelques-unes des clefs de la jactance branchée, celle qui devrait faciliter votre reconnaissance sociale et vous ouvrir les portes du fameux ascenseur social dont on nous rebat les oreilles de sa panne qui n’a que trop duré.

Le monde du travail connaît une révolution inédite avec la généralisation du travail à distance, impulsée par la pandémie de Covid-19. Les habitudes professionnelles des Français ont définitivement pris un tournant avec de nouvelles organisations plus flexibles et modernes et il fallait bien mettre tout cela en mots. Allez on se lance. Prenez des notes !

Remote serait l’anglicisme le plus usité en France en 2022 et ce succès peut surprendre lorsque l’on découvre qu’il n’est autre que la traduction de notre télétravail bien de chez nous. Littéralement “distant” mais dans une réunion, ça peut en jeter un peu plus et surtout cela ne coûte rien d’essayer depuis que l’on sait que le ridicule n’est pas létal. Accommodez-le au travail flexible, hybride et chaque fois que l’on évoque le smart office, un travail témérairement prétendu intelligent. Faites quand même attention à éviter la faute de goût qui consisterait à confondre télétravail et flex office, ce mode d’organisation qui prône la fin du bureau attitré. En flex office, les derniers arrivés ne seront pas, comme dans les Évangiles, les premiers mais… les derniers et à ce titre souvent les plus mal installés et c’est une pitié de voir ces cadres, au demeurant dynamiques et propres sur eux, errer comme des âmes en peine avec leur caisson à roulettes à la recherche d’un coin sinon de paradis tout au moins de travail, doté de quelques prises électriques, USB, internet et on en passe.

Surtout, perdez l’habitude d’évoquer à tout bout de champ l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et contentez-vous de glisser rapidement sur l’expression plus concise vie pro-vie perso, sans vous appesantir trop car le concept en dérange plus d’un et de plus, nombreux sont ceux qui n’y croient plus vraiment. En revanche, n’hésitez pas à disserter sur le blurring qui nous parle du joyeux mélange entre le travail, la vie de famille, personnelle et de la disparition de toute frontière et cloisonnement, fut-il de verre.

Si vous cherchez du travail ou si vous être entré en disgrâce avec votre direction, vous pourrez peut-être vous dire victime de ghosting et souffrir d’invisibilité si l’on ne vous répond pas ou que semblez être devenu invisible. Vous voici devenu un fantôme, une sorte de Casper sur le marché du travail ou dans l’entreprise ce qui, dans ce dernier cas, peut comporter quelques avantages.

Êtes-vous un slasheur, ce forcené qui s’étourdit en activités multiples, à la fois salarié, entrepreneur, auto ou en bande organisée et qui vit à deux cents à l’heure. Très mal vu en général lorsque votre employeur principal l’apprend, lui qui espérait s’accaparer à son seul profit vos innombrables talents et savoir-faire (sans toujours les rémunérer en conséquence). C’est, de plus, parfois illégal selon les contrats signés. Nous en avons vu se faire remercier avec pertes et fracas pour moins que ça. Qui trop embrasse mal étreint, affirme le dicton.

Impossible de ne pas évoquer le quiet-quitting et le quick-quitting, l’un reste mais en sous-régime, sorte de démission silencieuse – il reste à son poste et assure le minimum (syndical ?) pour ne pas être viré -,  tandis que l’autre se carapate dans les mois qui suivent son embauche. Déception, instabilité, peu importe, il part et alimente le fameux turn-over qui mine les entreprises et leurs performances.

Si vous voulez améliorer encore votre expertise en franglais (de cuisine), évoquez négligemment le bore-out, sorte d’épuisement professionnel mais qui, contrairement au burn-out – à ne pas confondre avec le mal dont souffre DSK, résulte de l’ennui et de l’absence d’intérêt pour le poste. En franco-français nous dirions que le salarié s’emmerde. A ne pas confondre avec le brown-out, sorte de perte de sens, de motivation globale pour le poste occupé et les fonctions imparties. Là où cela se complique c’est que le brown-out mène souvent au bore-out. Vous suivez ?

Les nouveautés !

Cessez rapidement de parler d’embauche ou d’intégration dans l’entreprise mais privilégiez plutôt l’onboarding lorsqu’il s’agit d’un nouvel entrant. Un process d’onboarding, ça crache quand même plus qu’une procédure d’intégration, non ? Lui succédera un jour, dans de plus ou moins bonnes conditions et à plus ou moins brève échéance, l’offboarding, littéralement le débarquement, par-dessus bord ou par la passerelle, bon gré ou mal gré.

Un process d’onboarding suppose un solide reskilling que l’on peut traduire par acquisition de nouvelles compétences, recyclage, apprentissage de nouvelles tâches. S’il ne s’agit que de renforcer des compétences existantes, de les adapter ou d’une remise à niveau, nous parlerons plutôt d’upskilling.

Dans tous les cas, n’oubliez pas de conserver et en tout cas d’afficher le smile at work et une attitude one again. See you soon !

Demain sur notre site :

Red Show 2023 !

4 Commentaires

  1. Alors là j’ai beaucoup souri en lisant !! Trop trop fort et tellement juste !!
    MERCI pour ces éclairages ! Le nouveau langage qui en chasse un autre et qui changera avec l’utilisation à court terme des mots émanant de chatGPT ..

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