C’est fou ce que la presse peut parfois changer radicalement de cap et affirmer avec tout autant de conviction le contraire de ce qu’elle assénait peu de temps auparavant !
Prenons l’exemple de l’intelligence artificielle (IA). Naguère, quelques mois en arrière, il ne faisait pas bon émettre la moindre critique sur l’intelligence artificielle, sous peine de se faire taxer de ringard, de passéiste grincheux ou de troglodyte. Pire encore, de vieux ! Aucune modération dans l’enthousiasme ne trouvait grâce aux yeux des thuriféraires de l’IA. Malheur à celui qui évoquait un possible affaiblissement de l’intelligence humaine, voire une crétinisation galopante ou, moins grave mais quand même, un danger pour l’emploi. Grâce à ces technologies, nous allions soulager l’ensemble des maux de notre navrante condition humaine : adieu les basses besognes répétitives, les tâches sans valeur ajoutée, le temps perdu, les jugements de justice trop partiaux, les diagnostics médicaux approximatifs, les décisions inappropriées, les longues heures de rédaction, de prises de notes et de synthèse…
Bien maitrisées les technologies relevant de l’IA allaient sans doute aussi nous permettre de lutter contre les maladies invalidantes ou incurables, la sécheresse et maintenant les inondations, le réchauffement puis aujourd’hui le dérèglement climatique, les nuages de sauterelles, le retour de l’être aimé et on en oublie sûrement…
Aujourd’hui, le vent médiatique tourne et ce sont des dizaines d’articles de médias les plus divers qui paraissent découvrir les évidentes et sans doute sévères conséquence de l’IA sur l’emploi. Mieux vaut tard que jamais, bien sûr, mais qui a pu croire un instant que les entreprises allaient investir par dizaines de millions dans l’IA tout en projetant de maintenir l’intégralité de leurs effectifs et par conséquent leur niveau de masse salariale ? Que les outils liés à l’IA générative et agentique allaient réaliser une partie croissante des tâches de l’ensemble des fonctions, tandis que les salariés pourraient s’adonner au peignage de girafe, au tournage de pouces ou à des parties endiablées de tarot ? Franchement ?
Voici donc une courte sélection d’une dizaine d’articles illustrant ce grand revirement de la presse.
Le PDG d’OpenAI se réjouit de la suppression de certains emplois grâce à l’IA (Capital)
En pleine forme grâce à l’IA, Microsoft licencie 3% de ses effectifs (GNT)
Goldman Sachs prévoit de nouvelles suppressions d’emplois dans le cadre de sa stratégie d’intelligence artificielle (Zonebourse)
L’intelligence artificielle pourrait supprimer 100 millions d’emplois aux États-Unis (La Tribune)
Intelligence artificielle : 72 % des emplois luxembourgeois seraient «transformés» (Le Quotidien)
Selon l’OCDE, l’Intelligence Artificielle pourrait détruire quatre millions d’emplois en France d’ici 2030 (Atlantico)
Génération Z : l’intelligence artificielle menace les premiers emplois (La Dépêche)


