Du 1er au 31 août 2025 rediffusion des articles les plus lus de l’année – Article publié le 4 mars 2025
Les premier et second tours des élections professionnelles resteront gravés dans l’histoire du dialogue social chez Adecco. Que la CFE-CGC devienne la première organisation syndicale chez Adecco alors qu’elle se limite, selon ses statuts, à la représentation des cadres, agents de maitrise et à l’encadrement en aura stupéfait plus d’un, à commencer par nous-mêmes. Le travail au quotidien sur le terrain, notre parler-vrai et notre communication l’auront emporté sur toute autre considération. Mais au-delà de cette victoire inespérée, il est temps de s’interroger sur la véritable représentativité des uns et des autres : qui représente qui et quoi ? Un peu de bon sens ne saurait nuire.
Nous avons souvent et depuis longtemps subi le laïus de certains élus feignant d’estimer que trois ou quatre cadres par périmètre CSE procèderait d’une inéquitable sur-représentation des cadres eu égard à leur nombre relativement réduit en regard des effectifs pléthoriques des ouvriers et employés. En arithmétique pure, l’argument a pu sembler entendable à certains mais voici venu le temps du retour au réel. Le temps des rectifications, de la pose des points sur les “i”, des barres sur les “t” et de la remise de l’église au milieu du village.
La CFE-CGC 1ère organisation syndicale chez Adecco
Bien que ne représentant électoralement parlant que les cadres et l’encadrement, notre organisation pèse aujourd’hui 26,83 % du total des suffrages, loin devant les organisations généralistes telles que la CFDT, CFTC, UNSA, FO… Incroyable, bien sûr, mais là n’est pas encore le plus spectaculaire.
Nous remportons donc 19 mandats d’élus cadres sur 20 au total. Soit 9 mandats sur 10 pour les titulaires et 10 sur 10 pour les suppléants. Un unique mandat cadre échoit donc à une seule organisation généraliste. Pourtant, il y a cinq ans déjà et, plus récemment, avant conclusion du protocole électoral que nous n’avons évidemment pas signé, nous nous étions éreintés en pédagogie, expliquant à qui voulait bien l’entendre que seule une représentation convenable des cadres (à minima 3 à 4 par périmètre) pouvait laisser escompter aux syndicats généralistes d’emporter un ou plusieurs mandats pour leurs candidats cadres. Sans doute, devrons-nous poursuivre encore et encore notre démarche pédagogique, notamment dans quatre ans, lors de la prochaine négociation du protocole électoral.
3ème collège (cadres, agents de maitrise, encadrement…)
Considérons maintenant le nombre de votants cadres en regard du nombre d’inscrits (cadres intérimaires y compris), donc d’électeurs potentiels :
CSE Nord : 385 inscrits -> 149 votants (38,70%). Bastion historique de la CFE-CGC.
CSE Paris-IDF : 786 inscrits -> 194 votants (25%)
CSE Grand-Est : 651 inscrits -> 205 votants (31,5%)
CSE Ouest : 777 inscrits -> 169 votants (22%)
CSE Sud : 229 inscrits -> 92 votants (40%). Nous reviendrons sur ce périmètre particulier et quelques manœuvres…
Et encore ne sont-ce là que des chiffres bruts cumulant cadres permanents et cadres intérimaires et une analyse des listes d’émargement fait clairement apparaître l’absence presque totale du vote intérimaire pour le collège cadre. Un seul exemple, sur le périmètre CSE Nord, 149 cadres votants, 149 permanents et donc zéro votant intérimaire. Ce qui revient à dire qu’au lieu des 38,70% votants pris en compte, ce sont 51% des cadres permanents qui ont voté. Cerise sur le gâteau : ces votants se sont exprimés à 88% pour la CFE-CGC. Ce sont les chiffres officiels tels que consignés dans les Cerfa.
Comparons maintenant avec le vote ouvriers-employés et là, nous changeons de dimension.
1er collège : ouvriers et employés :
CSE Nord : 36 228 inscrits -> 619 votants (1,7%)
CSE Paris-IDF : 17 918 inscrits – > 549 votants (3.06%)
CSE Grand-Est : 37 745 inscrits -> 406 votants (1,07%)
CSE Ouest : 49 331 inscrits -> 263 votants (0,53%)
CSE Sud : 15 193 inscrits -> 250 votants (1,63%)
Alors qui représente quoi ? On poursuit ?
Le naufrage de la CGT Adecco
Voici un cas d’école qu’il faut évoquer, bien qu’il ne concerne que fort peu notre électorat : la disparition de la CGT Adecco. Nous ne préconiserons évidemment pas une minute de silence dans les instances mais impossible d’éviter de mentionner la contre-performance d’une organisation syndicale préoccupée depuis toujours par une prétendue sur-représentation des cadres.
Au 1er tour des élections, la CGT totalise 96 voix pour l’ensemble de la France, c’est-à-dire sur un électorat potentiel 1er collège (ouvriers-employés) de 156 415 inscrits ! Soit 0,062%.
Au final, une représentativité sur les votes exprimés de 4,13%, sachant qu’une organisation syndicale perd sa représentativité dans l’entreprise en dessous de 10%. Cette organisation disparait donc de l’ensemble des négociations d’entreprise.
Coup de projecteur sur le Nord (2ème tour):
Sur le périmètre CSE Nord : 619 votants sur 36 228 ouvriers-employés inscrits au 1er collège, excusez du peu. La CGT récolte 34 bulletins : à peine l’effectif d’un demi rond-point !
Sur ce même périmètre, uniquement sur les deuxième et troisième collèges (cadres, agents de maitrise) la CFE-CGC emporte 131 bulletins sur 149 votants (385 inscrits). Quasiment quatre fois plus de bulletins que la CGT, syndicat généraliste.
On pourrait continuer à égrener ainsi les chiffres mais notre principal objectif se cantonne à ouvrir une réflexion sur la véritable représentativité des uns et des autres. Nous répétons : qui représente vraiment qui et quoi ? Nous pensons avoir apporté un début de réponse, en attendant d’autres éléments d’analyse à suivre la semaine prochaine : les cadres et l’encadrement votent, selon les périmètres, 20, 30 à 40 fois plus que les employés et ouvriers, notamment intérimaires. Alors, la représentation des uns et des autres, on en parle ?