Sonneries de portable, conflits thermiques, difficultés de concentration… Vous travaillez en open space ! Derrière la promesse d’une architecture propice à une certaine productivité se profilent de nombreux facteurs de stress. Le point avec le Dr Isabelle Sauvegrain, spécialiste du stress au travail.

“Je ne supporte plus la sonnerie du portable de Julien” siffle entre ses dents Christophe. “Je suis gelée, Philippe a encore coupé le chauffage” lâche Virginie. “J’ai the solution pour ton dossier” susurre Arnaud toujours prêt à rendre service, mais du genre intrusif… Travailler en open space, est loin d’être un rêve. “On a mis en avant que ces bureaux favorisaient l’esprit d’équipe, mais soyons clairs, l’enjeu est avant tout économique” souligne le Dr Sauvegrain. Au fait que cache le terme open space ? C’est une plate-forme regroupant plusieurs postes de travail sans aucun cloisonnement. Une configuration, en réalité peu favorable à l’épanouissement professionnel.

Des contraintes relationnelles fortes en open space

“Travailler en open space peut s’apparenter à un voyage en train compartimenté” soulève le médecin. A la différence qu’un trajet est délimité sur une courte durée, pas une carrière professionnelle. La proximité est grande, entraînant un réel manque d’intimité, souvent préjudiciable. A commencer par une qualité de vie qui repose sur des détails, qui n’en sont pas toujours. Par exemple, la température de la pièce, le niveau sonore, les odeurs aussi.

Ces différents paramètres sont rarement perçus de façon unanime. “Un phénomène exacerbé en open space” prévient le médecin. Là plus qu’ailleurs, ils peuvent créer des désaccords et entraîner de nombreuses tensions. Un contexte qui oblige à une hyper-communication, non-violente de préférence et des astuces ciblées.

Le confort thermique

“En hiver j’ai tout le temps froid” se plaint Odile, la plus fashion du plateau. “Habille-toi davantage”, lui réplique son collègue, en costume de laine. Quand on travaille en open space, le confort thermique peut vite devenir une source de conflit. Décolleté et col roulé s’affrontent en hiver, et la bataille autour de la clim’ ou des ventilateurs fait rage en été.

Les pistes : “Rangez-vous à la majorité et communiquez davantage” suggère le Dr. Sauvegrain. Il va bien falloir vous y résoudre, en hiver, s’habiller est de mise. Ce qui ne vous empêche pas de vous exprimer, bien sûr. Trouver la voie du milieu est souvent possible.

Du bruit en permanence

“Je connais tout des frasques amoureuses de ma collègue” se plaint Florence. Les nuisances sonores empruntent différentes formes, à commencer par les confidences et les communications privées. Résultat, chacun est en prise directe avec l’autre, qu’il soit déprimé, volage ou cinéphile. Des informations, qui parfois parasitent une collaboration professionnelle.

En cause également la pollution sonore “pro”. “Etre persuasif pour les commerciaux, demande de la présence et un ton parfois très fort” reconnaît le Dr Sauvegrain. La nouvelle vogue des “conférences call” amplifie l’aspect nuisance sonore. Se concentrer devient fatigant, voire difficile.

Les pistes : “Essayer ensemble de poser un mode de fonctionnement” suggère le docteur. L’open space oblige à conscientiser ses besoins et à les affirmer. Faire respecter son territoire devient incontournable. Pour cloisonner l’espace “différemment”, vous pouvez repérer les heures où c’est plus calme, pour vos périodes de réflexion. Pour les conversations privées, sortez et isolez-vous, c’est préférable.

La pression de l’image

Dans un groupe, la pression de l’image est forte. Il y a ceux qui se changent tous les jours, d’autres non. Un détail qui devient omniprésent en open space. “L’image de soi s’appuie alors essentiellement sur ce qu’on donne à voir, vêtements, coiffure” constate Isabelle Sauvegrain. La contrainte de se conformer au groupe est plus grande, sous peine de s’exposer.

Les pistes : Les techniques d’affirmation de soi, sont recommandées. Pour tirer partie de cette situation, il est intéressant de se poser la question de son identité. Comment faire partie du groupe tout en restant soi-même ?

Déterminer les facteurs de stress

“Dans le cadre d’un travail en open space, déterminer les facteurs de stress est primordial” affirme le Dr Isabelle Sauvegrain. Il en existe trois : individuels, relationnels, organisationnels. Les identifier permet de prendre une distance, de les poser, et d’y répondre. Quand ils sont d’ordre personnel, n’hésitez pas à prévenir vos collègues, sans tomber dans le drame.

Quand le stress est d’ordre relationnel, commencez par identifier ce qui vous dérange chez untel : son portable, son parfum, sa voix… Et communiquez, d’abord sur votre ressenti et ce qui pourrait vous convenir à tous les deux.

Enfin, quand le stress est d’ordre organisationnel, pointez-le. Et faites preuve de méthodologie. Il y a souvent une solution, il s’agit de la trouver…

Catherine Maillard (Doctissimo)

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici