Croissance enviable, investissements et croissance tirant le PIB vers le haut, baisse significative du nombre de chômeurs (environ 7% contre une moyenne de 10% pour les pays de la zone euro), dynamisme des exportations… les médias n’en finissent pas de s’extasier devant le “miracle allemand” érigé en modèle pour les autres nations européennes.
Curieusement, les mêmes médias se font beaucoup plus discrets sur l’envers du décor de ce prétendu miracle et, notamment, sur le naufrage social qu’il recouvre.
L’économie allemande et son rebond, c’est aussi une progression de la pauvreté et de la précarité qui n’a rien à envier à la France, bien au contraire : plus de 2 millions de travailleurs pauvres selon une étude de l’Institut du travail de l’université Duisbourd-Essane. C’est aussi 6,5 millions de personnes (20% du total des salariés) qui perçoivent moins de 10 euros de l’heure dont 2 millions sont même en-dessous de 6 €… Rappelons que chez nos voisins d’outre-Rhin il n’existe pas de salaire minimum, ce qui demeure l’un des grands fantasmes de l’ultra-libéralisme militant. “De grâce, supprimons le SMIC et nous créerons une foultitude d’emplois” psalmodient en chœur ses représentants. Sans doute, mais nous allons voir de quels emplois il s’agit.
L’une des causes de cette paupérisation de l’Allemagne : la véritable explosion du travail à temps partiel (subi) qui concerne plus de 26% des salariés, record européen absolu. Ce seul facteur explique évidemment, arithmétiquement , en partie l’augmentation du nombre de travailleurs pauvres. A l’origine de ce grave recul, rappelons qu’un accord de 2007 entre patronat et partenaires sociaux, destiné à sauver des emplois et portant sur le temps partiel (accord Kurzarbeit), permettait aux entreprise de réduire jusqu’à 50% le temps de travail. des salariés Résultat tangible de cet accord : une diminution globale d’environ 20% des salaires…
Enfin, trois chiffres suffiraient amplement à démystifier définitivement le prétendu miracle allemand : en 2010, selon le puissant IG Metall et la confédération des syndicats allemands D.G.B., 43% des nouveaux emplois créés ont été des contrats de travail temporaire, 42% des contrats à durée déterminée et 15% seulement des contrats à durée indéterminée qui devient donc un peu l’exception.
Le bouquet de la précarité, ce sont sans doute ces emplois baptisés, à juste titre, “mini-jobs“, qui pour quelques heures de travail hebdomadaire rétribuent royalement leurs malheureux “bénéficiaires” à 400 euros par mois. Loin d’être anecdotique, la formule mini-job concerne quand même 12% de la population active, ce qui est évidemment considérable.
D’autre part, la parité de salaire entre salariés permanents et intérimaires n’existe pas en Allemagne et ce sont de salaires inférieurs de 30% en moyenne que doivent se contenter les 900 000 salariés intérimaires. Une étude de la Fédération des syndicats allemands (D.G.B.) évoque même un différentiel de 50%, précisant même qu’un intérimaire sur huit a recours à l’aide sociale. En 2009, le salaire moyen des employés permanents s’élevait à 2 805 € alors qu’il n’était que de  1 456 € pour les intérimaires. 10,5% des salariés intérimaires perçoivent moins de 1 000 € mensuels.
Aujourd’hui, l’ensemble des partenaires sociaux se mobilisent pour une parité de rémunération et le syndicat IG Metall l’a même obtenu pour l’ensemble du secteur de la métallurgie.
Pour en finir avec le “miracle allemand”, précisons enfin que l’ensemble de ces mesures de pauvreté organisée s’il a permis un gain de 270 000 emplois, (mais quels emplois ?) laisse quand même un solde de 3 300 000 chômeurs officiels auxquels il faut ajouter les chômeurs de plus de 58 ans non comptabilisés, les demandeurs d’emploi en formation et les innombrables emplois plus ou moins bidons (quand on est politiquement correct, on dit “aidés”. Désolé), généreusement rémunérés par l’État à 1 euros de l’heure. Tout ça pour ça…
Ajoutons là-dessus une retraite à taux plein à 67 ans (pour le moment) et nous aurons fait le tour du “miracle allemand”.
Pourvu que la France soit épargnée par ce type de miracle…!

Important : dès demain, signez notre pétition en ligne pour le remboursement du repas de midi dans le cadre d’un déplacement professionnel

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