Article relevé sur Alternatives économiques

Le nombre de chômeurs de catégorie A a augmenté de 17 700 (+0,7 %) en mai dernier. Une mauvaise nouvelle après quatre mois de baisse qui n’a rien d’une surprise.

Depuis le début de l’année jusqu’au mois d’avril, le chômage a reculé, ce qui est une excellente nouvelle après le violent choc subi en 2009. En l’espace de quelques mois seulement, la crise nous avait en effet brutalement ramenés aux pires moments des trente dernières années. Alors que la question du chômage semblait en voie de règlement progressif avec le départ en retraite des générations nombreuses du baby-boom depuis le milieu des années 2000. La reprise, pourtant enclenchée en 2010, n’avait encore apporté aucune amélioration sur ce terrain.
Pas encore sur de bons rails
On aurait cependant tort de considérer que l’affaire est de nouveau sur de bons rails. Tout d’abord, le niveau élevé de l’activité du début 2011 a peu de chances de se maintenir. Les répercussions de la forte hausse des prix du pétrole et des matières premières vont bientôt se faire sentir. De même que les effets de l’austérité sévère dans laquelle tous les pays européens se sont engagés en même temps. Tandis que les entreprises, dont les marges sont encore très dégradées, vont probablement chercher à les rétablir en limitant les embauches.
Parallèlement, les mesures prises pour retarder le départ en retraite des seniors, encore accentuées par la réforme adoptée à l’automne dernier, entraînent une hausse significative du nombre de ceux qui sont présents sur le marché du travail. D’où le risque d’un coup d’arrêt prochain à la baisse du chômage, dont les mauvais chiffres de mai 2011 (+ 0,7 % du nombre de chômeurs de catégorie A) est une illustration.
Quant au chômage lui-même, l’examen détaillé des chiffres de Pôle emploi tempère l’optimisme affiché en début d’année. Le nombre de ceux qui, sans être considérés comme chômeurs, n’effectuent que quelques heures de travail par mois ne cesse d’augmenter, traduisant une précarisation croissante de l’emploi. Alors que le recul du chômage des jeunes, qui explique l’essentiel de la baisse d’ensemble, traduit surtout leur découragement grandissant. Parallèlement, le chômage de longue durée et celui des seniors poursuivent leur montée ininterrompue, préfigurant des problèmes majeurs au cours des prochaines années.
Au-delà, l’indigence des politiques publiques face à ce fléau n’est pas non plus pour rassurer. La baisse de l’emploi public et l’austérité budgétaire vont peser sur le marché du travail. Elles expliquent sans doute déjà la montée sensible du chômage des femmes, plus nombreuses dans le secteur public et associatif. Tandis que la seule mesure du paquet fiscal de 2007 encore en vigueur est aussi la plus nocive : le subventionnement des heures supplémentaires qui dissuade les entreprises d’embaucher des jeunes et des chômeurs. Enfin, pour les emplois aidés, qui restent un des principaux outils de lutte contre l’exclusion des chômeurs de longue durée, on constate, malgré les discours inverses, un recul de leur nombre. De plus, l’instabilité des dispositifs et le stop and go auquel sont soumis les acteurs de l’insertion ruinent leurs efforts. Bref, le bout du tunnel est encore loin.
Guillaume Duval
Article Web – 01 juillet 2011 

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