La conjoncture et le climat social actuels devraient inciter les managers et l’ensemble des salariés à la plus grande vigilance. La pression intense pesant sur les uns et les autres peut se montrer propice à de grossières manipulations à l’encontre de tout cadre et particulièrement de directeurs d’agence en vue de les évincer. Le phénomène n’est certes pas nouveau mais de récents événements nous incitent à mettre en garde l’ensemble des directeurs d’agence. Nous avions déjà décrit le processus dans un article paru sur ce blogue le 2 février 2011 “Répression syndicale, harcèlement : ça suffit !“. Tout y était déjà décrit. Voici quelques clefs qui devraient permettre à de futures victimes potentielles de détecter, le plus en amont possible, un engrenage qui pourrait leur devenir fatal.
Précisons que toute la démarche repose sur un ensemble de petits faits avérés, d’incidents mineurs et de traits de caractère qu’il suffira d’exacerber le moment venu jusqu’à obtenir l’éviction du directeur d’agence au motif de harcèlement moral à l’encontre de son équipe. Le mécanisme est aujourd’hui, malheureusement, si bien rodé qu’il nous est possible de vous le décrire de façon relativement précise.
Un directeur d’agence, relativement ancien – la technique cible principalement des cadres affichant plus de dix années d’expérience – vient à refuser une mutation, une mobilité ou une réorganisation touchant à son agence ou à sa fonction. Ce cadre jouit souvent d’un passé professionnel réussi, avec atteinte régulière de ses objectifs, challenges, trophées et autres reconnaissances flatteuses. L’équipe de l’agence, généralement compétente et stable a évidemment largement contribué à ces résultats et bénéficie, elle aussi, d’un professionnalisme reconnu. Mais, la conjoncture, la vie presque commune dans une structure réduite, le frottement des caractères, des ambitions secrètes inassouvies et parfois de petites vexations rentrées ont généré au fil du temps des frustrations intimes et de petites rancœurs inavouées. Rien de bien alarmant puisqu’il s’agit plutôt des inévitables conséquences du travail en équipe, en petite équipe, dans un milieu stressant et centré sur la performance.
Mais imaginons que la direction ait décidé de se défaire de ce cadre qui à un moment ou un autre a refusé une mutation ou une mobilité, s’est opposé à un projet, s’exprime un peu trop librement et dispose d’un franc-parler prononcé. Il va donc falloir attiser les petites tensions évoquées ci-dessus et convaincre les salariés de l’équipe de l’intrinsèque perversité de leur directeur d’agence. Il leur sera demandé d’écrire à la DRH des courriers quasiment dictés dont la standardisation devrait normalement provoquer l’étonnement de l’inspecteur du travail, du médecin ou du juge le plus distrait et l’alerter. Ces courriers ne révèlent pratiquement jamais aucun fait précis mais n’évoquent plutôt qu’un ensemble de ressentis exprimés selon des formules répétitives et en des termes quasiment identiques d’un courrier à l’autre. Il s’agit toujours de “boule au ventre” ou dans la gorge, de “gorge serrée”, d'”envie de pleurer”, de “crise de larmes”,  d’un”mari qui ne me reconnait plus”, d'”humiliations” etc… Nous pourrions aisément dresser un glossaire de ces courriers qui tous se ressemblent quelle que soit la région concernée. La plupart de ces courriers ne contiennent aucun fait tangible, aucune information factuelle et leur rédaction en langage soutenu révèle bien souvent de soudains talents de plume insoupçonnés…
Facteur essentiel du montage, il se trouvera toujours un syndicat pour prendre fait et cause pour la version de la direction. Des élus souvent peu formés et manipulables à souhait n’entendront, comme par hasard, que la version des salariés de l’agence et contribueront à accabler le directeur d’agence que l’entreprise a décidé d’éliminer. “Grâce” au manque de recul, à l’ignorance des enjeux et des mécanismes de manipulation, ces représentants du personnels un peu naïfs et surtout instrumentalisés constitueront une caution précieuse lors de la judiciarisation de l’affaire au Prudhommes et, éventuellement, au pénal. Consciemment dans certains cas ou inconsciemment dans d’autres ils auront contribué à cautionner une entreprise de harcèlement moral et d’éviction d’un salarié trop coûteux ou libre de parole et au caractère un peu entier. Dans l’ensemble des cas que nous avons eu à suivre, le syndicat en question a TOUJOURS cautionné la version de la direction et il n’existe aucune exception à ce constat.
Sachez que plusieurs affaires de ce type sont actuellement devant les tribunaux dans diverses régions de France, du Nord au Sud ou à l’Ouest. Nous dénonçons depuis longtemps sur ce blogue ces méthodes indignes et bien connues maintenant de la DIRECCTE (ex-Inspection du travail). Mais les dénoncer ne suffit pas, il faut agir.
La seule solution réaliste et efficace pour parer à ce type de manœuvre repose sur la prévention et plus nos collègues cadres ou non cadres nous appelleront en amont, dès les premiers indices suspects, meilleure sera la chance d’éviter le conflit et ses conséquences préjudiciables à tous.

8 Commentaires

  1. Mais vrai !

    J'en ai été la victime, heureusement ce n'est pas allé jusqu'au licenciement mais un avertissement quand même…
    Donc faites gaffe à tout ce que vous dites et ecrivez.

    C'est triste à dire mais les collabos n'ont pas tous disparus et l'âme humaine est parfois très sombre ; sutout quand elle est encouragée par des gestapistes en herbe.

  2. Comment une entreprise qui se dit leader dans les RH peut elle laisser faire ces comportements ? J'ai déjà entendu parler de ce genre d'affaire mais je ne savais pas que c'était si répandu

  3. Comme beaucoup d'entre nous, on ne peut, un jour, penser être trahi dans notre "belle entreprise" où l'on nous demande une réciprocité de confiance ! … oui j'y ai cru, jusqu'à ce que l'on me déboute subitement, tel qu'il l'est fidèlement décrit dans cet article.
    Alors, à tous ceux qui le lise, vous êtes maintenant affranchis des ces manipulations "non-hasardeuses", pour que les futures victimes potentielles ne plongent pas comme beaucoup d'entre nous aujourd'hui, votre rôle serait d'informer vos collègues en interne et les inviter à la lecture de cet article criant de vérité.
    Merci pour elles, merci pour nous.

  4. Comme beaucoup d'entre nous, je ne pouvais penser, un jour, être trahi par cette "belle entreprise" ou l'on nous demande une réciprocité de confiance … ! J'en suis une victime aujourd'hui, débouté tel qu'il l'est décrit dans ce fidèle article.
    Alors, pour limiter cette hémorragie et éviter à d'autres victimes de plonger comme nous, avertis par ces pratiques, votre rôle pourrait-être d'informer vos collègues en interne de ces manipulations "non-hasardeuses" et les inviter à lire cet article criant de vérité.
    Merci pour eux, merci pour nous.

  5. Cette méthode soutenue par la Dg est une méthode de mercenaires avec des enquêtes bidons et monstrueuses aujourd'hui un collectif se monte … Où sont passées nos valeurs instaurées par nos premiers dirigeants ? Faut il un drame comme chez France télécom pour que enfin en interne ces manipulations s arrêtent .
    Je suis également victime d une cabale menée par un DR sans scrupule .ce conflit si je peux appeler cela un conflit entraîne des conséquences préjudiciables sur mes enfants ma famille …
    Alors effectivement nous vous invitons à faire lire et suivre ce blog ..,,

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