Pour les 50 signataires, le constat est sans appel : « Depuis
quelques années, nous avons de plus en plus de mal à convaincre nos
maisons mères d’investir et de créer des emplois en France ».

Tous, nous présidons aux destinées des filiales de
grands groupes internationaux en France, un pays où nous employons plus
de 150.000 salariés et réalisons plus d’une centaine de milliards
d’euros de chiffre d’affaires. Nous faisons partie de cette
« communauté », celle des sociétés dont les capitaux sont étrangers mais
qui créent de la richesse, ici en France, dont nous nous voulons
citoyens. Nous en sommes les supporters et les ambassadeurs auprès de
nos maisons mères pour que celles-ci fassent le choix d’y investir et
d’y créer des emplois.


Depuis quelques
années, nous avons de plus en plus de mal à les en convaincre, et nombre
d’entre elles se sont installées dans une attitude prudente et
attentiste vis-à-vis de notre pays, qu’elles ont mis « sous
observation ». L’affaire n’est pas indifférente : les 20.000 entreprises
qui partagent notre identité emploient 2 millions de personnes, soit
13 % de la population salariée, un quart dans le seul secteur
industriel, contribuent à hauteur de 29 % du chiffre d’affaires de
l’industrie française, assurent le tiers des exportations françaises,
réalisent 29 % de l’investissement corporel de l’industrie française et
assurent 29 % de la R&D des entreprises œuvrant en France. Cette
richesse est inestimable.

Or
une menace plane sur l’aptitude de notre pays à conserver toutes ses
capacités de séduction pour les investisseurs internationaux. Nous qui
sommes quotidiennement « benchmarkés », nous pouvons témoigner de
l’incroyable concurrence non seulement de pays émergents mais aussi de
pays matures qui ont placé au cœur de leurs politiques l’impératif de
compétitivité et d’attractivité.

La
France a des ressources, des talents et un esprit d’innovation qui sont
rares, mais de longue date est pénalisée par la complexité et
l’instabilité de l’environnement législatif et réglementaire, par un
manque de flexibilité du droit du travail, par des procédures complexes,
longues et aléatoires en matière de restructuration, par des coûts plus
élevés qu’ailleurs et, plus globalement, par une méfiance culturelle
envers l’économie de marché.
Dans tous
ces domaines, nos sièges mondiaux considèrent que la situation de notre
pays ne s’est pas fondamentalement améliorée. Pis, elle se serait
parfois, dans certains d’entre eux, dégradée.

Nous
ne manquons jamais de valoriser des avancées significatives, qu’il
s’agisse des dispositions du Pacte national pour la croissance, la
compétitivité et l’emploi, de la loi sur la sécurisation de l’emploi, du
programme des investissements d’avenir, des premières mesures prises en
matière de simplification, celles visant à stimuler l’entrepreneuriat
en France, qui, au-delà de leurs dispositions, manifestent une prise de
conscience de l’impératif « compétitivité ».

Mais
ces avancées, si elles nous rapprochent des « standards
internationaux », ne sont pas toujours suffisantes pour convaincre nos
sièges mondiaux.

« Notre pays a toutes les cartes en main pour réussir » 

Il
est pour les multinationales réunies à l’occasion des Etats de la
France des priorités qui, parce qu’elles concernent des domaines qui,
pour elles, sont particulièrement pénalisants, aideraient notre pays à
sortir vainqueur des compétitions « intragroupe » de nos
multinationales.
 

Assouplir, en matière
sociale, les procédures de consultation en regroupant les différentes
instances représentatives du personnel, en en régulant le pouvoir et en
encadrant le coût des expertises.
 

Alléger
les aspects pénaux du droit du travail en supprimant le délit d’entrave
et en soumettant les relations du travail au droit civil de la
responsabilité.
 

Stabiliser et sécuriser l’environnement fiscal et supprimer la possibilité de rétroactivité fiscale. Étendre au domaine fiscal et, notamment, en matière de fiscalité
environnementale et comportementale l’obligation d’accompagner tout
projet de loi d’une étude d’impact évaluant ses conséquences sur
l’investissement international. Engager une politique ambitieuse d’attraction et de rétention des talents internationaux et des quartiers généraux européens.
 

Toutes
ces mesures seraient un signal fort adressé à nos quartiers généraux et
nous aideraient à les convaincre de faire le choix de la France. Nous
nous engageons à relayer puissamment toute initiative qui répondrait à
ces attentes car nous croyons en la France. Mieux que ceux qui nous
observent de loin, nous savons que notre pays a toutes les cartes en
main pour réussir. Nous connaissons la créativité des Français, qui ne
demande qu’à être libérée, et ses atouts, qui ne demandent qu’à être
mobilisés. Nous connaissons aussi ses capacités de rassemblement et de
rebond. Mais il ne saurait y avoir de rebond sans confiance.
 

De
par nos fonctions et nos carrières internationales, nous sommes des
observateurs privilégiés de l’ailleurs et de l’autre, et déplorons la
tendance maladive que nous avons en France de céder à l’auto-dénigrement
et à l’autoflagellation.
 

Nous appelons à ce que notre pays reprenne confiance dans son destin et son avenir.

Cet appel est signé par Alain Dehaze, président d’Adecco Groupe
France, Gérald Karsenti,président d’HP France, Christophe de Maistre,
président de Siemens France, Christian Nibourel, président d’Accenture.
Cet appel est également signé par les dirigeants de : ABB France,
American Express Voyages France, Aon France, Avago Technologies France,
Bain & Company France, Barclays France, BASF France, Bluestar Group,
British Telecom Global Services, Bosch France, Carrier Europe,
Cisco France, Compass Group, DHL Global Forwarding France, Dow Chemical
SAS France, Esso France, EY, Smad France, GE France, GSK France,
Heineken France, Hertz France, Kobo, Lennox HVAC & Réfrigération
Emeia, Janssen France, Koné, Manitowoc, Merck Serono France, Metro Cash
France, Microsoft France, Procter & Gamble France, Prosegur France,
Roche France, Rotam, Schlumberger France, Shell France, SKF France, Sony
France, Steelcase, TomTom, Unilever France, UPS France, UTC, Velan
France, Volkswagen, Westinghouse et Xerox France.

Source : Les Echos 

3 Commentaires

  1. Monsieur DEHAZE a vraiment pas honte. La france est de loin le premier contributeur pour Adecco monde; il justifie son discours pour faire pression sur le gouvernement pour avoir encore plus de baisse de charge. Fillon + CICE égal jackpot pour Adecco France. Il y a longtemps qu'adecco n'embauche plus en france. Adecco demande de plus en plus à ses collaborateurs sans rien leur donner en échange. Monsieur SAPIN soyez vigilant face à cette multinationale.

  2. Exceptionnellement j'ai laissé passer ce commentaire mais j'en profite pour rappeler que les critiques ne peuvent être nominatives. Il ne s'agit pas d'attaquer des personnes mais, éventuellement, de critiquer des politiques, des orientations…

  3. Bonjour à toutes et tous,
    Critiquer des politiques, des orientations, il y a de quoi faire après lecture de cet article…
    Ce qui me choque, personnellement, c'est le non-respect de la Constitution Française, le non-respect Droit du Travail Français…
    On nous parle de valeurs?
    Que la première soit le respect!
    Je propose des cours d'Histoire Française à notre cher dirigeant à budgetter dans le plan prévisionnel de formation 2014.
    Travailler en France doit être une fierté, récupérer les impôts des contribuables sous la forme de CICE et d'allègements aussi!
    Voilà le discours à tenir aux actionnaires!
    Joyeux Noël à toutes et tous et à M. Dehaze compris…
    PS: (un peu d'humour) Noël est l'anniversaire Jésus.

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