Le 18 juin 2019 restera dans l’histoire sociale de notre pays comme un jour sombre, annonciateur de puissants orages.
Après
avoir spolié les salariés en transformant leur cotisation chômage en
impôt (cotisation en CSG). Après avoir saboté la négociation de la
convention
assurance chômage par une lettre de cadrage intenable. Après avoir fait
flotter pendant un an des ballons d’essai dans l’air trouble des
préjugés et des contrevérités. Le gouvernement finit le travail,
assassine le caractère assurantiel du régime et organise
la lutte contre les chômeurs au nom de la lutte contre le chômage.
Le
mot est revendiqué : il faut « inciter » le chômeur à retrouver un
emploi et pour cela, le priver du droit pour lequel il s’est assuré
pendant son
activité. Celui de continuer à vivre sans ajouter à l’angoisse du
chômage, la crainte du déclassement et l’imminence de la précarité. Ces
conditions réunies, selon le gouvernement, le chômeur, poussé par la
faim et la peur, acceptera ces bons emplois dont,
parait-il, personne ne veut. Il sera mobile et flexible, précaire et
conciliant. Comme si le million et demi de chômeurs non indemnisés
n’avaient jamais existé.
La
dégressivité des allocations ne marche pas, c’est désormais une vérité
établie scientifiquement. Elle a existé, elle a été abandonnée car
contre-productive.
Elle pousse à la reprise d’emploi sous-qualifié, elle pousse au
déclassement professionnel sous la terreur du déclassement social. Elle
dévalue l’échelle des compétences sur le marché de l’emploi jusqu’à
priver encore plus d’emploi ceux qui en sont le plus
éloignés.
Au
surplus, prétendre que les cadres privés d’emploi sont des fumistes qui
« profitent » de leurs allocations d’autant plus longtemps qu’elles
sont
élevées est une faute impardonnable. C’est méconnaitre la réalité de ce
que vivent les cadres victimes des plans sociaux, des restructurations
et du burn-out, trop vieux, trop chers et qui ont d’autant plus de mal à
retrouver un emploi du même niveau de qualification
et de responsabilité que leur carrière fut longue et valorisée. Et le
taux moyen de chômage de cette catégorie, et les difficultés des
entreprises à recruter des jeunes diplômés exigeants sur leurs valeurs,
ne disent rien de la réalité de toutes ces vies brisées
par l’épreuve du chômage.
Enfin
s’ajoute l’indignité, la faute morale de prétendre faire cela au nom de
la justice sociale en privant de leurs droits ceux qui contribuent le
plus à la solidité du système par leur contribution à la solidarité
intercatégorielle. Ce gouvernement, dont la première priorité fut de
supprimer l’ISF, semble avoir une idée sur le revenu moralement
acceptable pour un demandeur d’emploi. Quand le vice et
la vertu sont définis par décret, il y a lieu de craindre le pire pour
la société.
La
violence de cette attaque, contre les chômeurs en général, contre les
cadres en particulier, contre le régime d’assurance-chômage, contre le
principe de solidarité est
une attaque contre la société toute entière. La CFE-CGC, dénonçant la
gravité de cette attaque, son caractère populiste et l’irresponsabilité
du gouvernement face aux conséquences qu’elle génère prendra ses
responsabilités et mettra tout en œuvre pour empêcher
cette régression inacceptable.

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