Du 24 juillet au 21 août, rediffusion du
« meilleur de l’année »

Article paru le 11 juin 2020

Nous
venons de vivre et vivons encore aujourdhui, pour nombre d’entre nous,
une sorte de télétravail improvisé et imposé par les circonstances. Les
nécessités de la crise sanitaire ont en effet contraint les salariés
exerçant une fonction sédentaire à forte composante administrative, à
travailler depuis leur domicile. Le déconfinement en cours a bien
entendu réduit cette pratique qui s’impose quand même encore à de très
nombreux salariés. Mais est-ce pour autant une forme de télétravail
durable dans le temps en l’état ? A l’évidence, non. Pour reprendre une
formule que nous avons déjà employée, il s’agit plutôt de travail à
domicile en mode dégradé que de télétravail.



Le
véritable télétravail se planifie, s’organise, suppose des formations,
un management adapté et formé à ce mode d’organisation, une prise en
compte des spécificités et un reformatage complet de la relation.
L’emploi partiellement ou totalement déporté au domicile des salariés ne
peut être qualifié de télétravail tel que nous devrons sans doute le
pratiquer davantage dans les années à venir. Nous reviendrons
régulièrement sur le sujet mais aujourd’hui contentons-nous d’évoquer
une partie des aspects matériels du télétravail, celle qui concerne le
défraiement du télétravailleur. 


Quels
que soient les avantages perçus et réels du télétravail, pour
l’entreprise comme pour le salarié, nous y reviendrons, il ne faut
jamais perdre de vue que le télétravail consiste en un transfert de
coûts. Transfert de coûts de l’espace et de consommation de l’entreprise
vers le salarié.




Un surcoût pour le salarié de 100 à 300 euros par mois




En
ce qui concerne l’espace, un télétravail pérennisé et organisé,
représente un gain considérable pour l’entreprise qui économise très
concrètement des centaines et même des milliers de mètres carrés à la
location comme à l’achat et les charges afférentes à cette propriété ou à
cette location : impôts locaux, fonciers, taxes diverses et variées,
électricité, chauffage, eau, mobilier, matériels divers, etc… Déporter
le travail au domicile du salarié, c’est lui transférer, imputer à sa
charge, une importante partie ce ces coûts. Que celui-ci soit logé à
l’étroit ou non, il devra consacrer une certaine surface à l’exercice de
ses fonctions, ce qu’il n’avait sans doute pas prévu lors de
l’acquisition de son logement. Même si l’entreprise lui fournit matériel
bureautique et consommables d’encre et de papier, il utilisera à
longueur de journée, son électricité, sa box internet, son eau. Sans
parler du chauffage dont le coût marginal au printemps et l’été ne
manquera pas de s’envoler dès l’automne et en hiver. Chauffer un
appartement ou une maison à longueur de journée l’hiver pourra engendrer
une dépense supplémentaire de 100 à 300 euros mensuels selon la
superficie, l’isolation et le réglage du chauffage. Sans parler d’un PC,
d’une imprimante et d’une box branchés environs huit heures par jour,
d’un smartphone à recharger, etc.




Le télétravailleur non indemnisé paie pour travailler




Un
véritable accord d’entreprise sur le télétravail, prend évidemment en
considération ces éléments matériels essentiels et les nécessaires
indemnisations à fournir par l’entreprise qui, elle, à l’inverse,
réalise de substantielles économies. Pas très généreuse, l’URSSAF
prévoit une indemnité non soumise de 10 euros par mois pour une journée
de travail hebdomadaire, 20 € pour deux journées et 30 € pour trois
jours. C’est évidemment, au vu de ce que vous venez de lire, très
insuffisant mais rien n’empêche l’entreprise de surpasser ce minimum non
soumis. L’Urssaf prévoit aussi un défraiement pour l’espace immobilier
dédié et toutes les dépenses inhérentes à l’activité professionnelle
mais aussi pour les achats de mobilier, d’éléments de rangement, de
siège de travail, de lampe… Tout cela est évidemment normal et
logique. Nous y reviendrons comme nous reviendrons sur l’équipement et
le mobilier, le siège notamment. Combien de troubles
musculo-squelettique (TMS) depuis cette période de confinement ? Combien
de tendinites, de maux de dos, de nuque… dus à de mauvaises postures
et à un mobilier inadapté ?




Aujourd’ui
la direction se réfugie dans le déni complet et refuse toute velléité
d’indemnisation et l’idée même d’un accord télétravail. Pour elle, le
salarié prend son PC sous le bras, reste chez lui et basta. Déjà beau
qu’il ait du boulot et qu’il n’ait plus à se déplacer… 


Nous
ne pouvons évidemment nous suffire de cette conception pour le moins
minimaliste – choquante pour tout dire – et même en-deça et affirmons
haut et fort qu’un salarié en situation de télétravail non indemnisé est un salarié qui paie pour travailler. Nous espérons l’avoir (rapidement) démontré.




La
CFE-CGC Adecco demande donc, très officiellement, l’ouverture d’une
négociation sur le télétravail, sans attendre forcément que l’ensemble
de la profession y ait procédé ou que la législation l’impose. Et si,
sur le sujet, nous devenions pour une fois précurseurs ?

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