Le constat devient rengaine sans que jamais ne soient clairement définies les vraies cause de notre perte de parts de marché depuis de nombreuses années. Il semblerait qu’il faille à tout prix éviter de nommer les véritables raisons de ce lent et régulier décrochage du marché. Une sorte d’érosion dont aucune analyse sérieuse ne nous a jamais clairement démontré les origines. Il n’est question que de développer le nombre de visites commerciales, alors que s’amenuisent les effectifs au fil des années, de renforcer le contrôle et le suivi des uns et des autres pour tenter de débusquer la faute ou l’insuffisance professionnelle et de multiplier les outils numériques de segmentation et de traitement de l’information. Il ne s’agit à l’évidence que de rustines,, sophistiquées parfois, mais si cela suffisait, ça se saurait et surtout nous aurions au moins endigué la chute. Or elle s’accélère.

Pourtant, avec un rien de courage managérial, de volonté réelle d’inverser la tendance et quelques neurones vaillants et prêts à coopérer entre eux, il ne semble pas insurmontable de poser un constat relativement simple, ni d’établir un plan d’action efficace. Depuis dix-sept ans sur ce blog et en près de 3 500 articles, nous pensons avoir tout dit sur un sujet qui nécessite sans doute davantage de bon sens et de courage que de développements alambiqués.

En premier lieu, la course déraisonnable au profit qui aboutit inéluctablement à l’appauvrissement et à la fragilisation de l’outil de production et annonce immanquablement le déclin. Toute structure arrivée à un certain niveau de développement dans un marché mature, ne peut maintenir sa rentabilité qu’en se servant sur la bête et, plans sociaux ou non, c’est le début du démontage avec réduction des effectifs, des structures et locaux. Jusqu’à un seuil qui, immanquablement, finira par interdire toute progression et même le simple maintien de ses positions faute de moyens. C’est la phase de déclin. Le mirage numérique qui permettrait de poursuivre une progression soutenue sans les hommes ne sert qu’à masquer artificiellement ce déclin mais les chiffres sont cruels nous ramènent vite à a réalité.

En second lieu, “la restructurite chronique récidivante”, cette pathologie des entreprises que nous avons identifiée depuis bien longtemps, explique sans doute en grande partie l’inexorable dégringolade programmée des numéros un ou deux de tous les secteurs d’activité. Arrivé à un certain niveau de maturité, les entreprises consacrent l’essentiel de leur énergie à modifier les organisations dans une quête naïve et jamais aboutie de LA formule magique qui leur permettrait de se maintenir et surtout de progresser encore et d’engranger toujours plus de profits avec moins de moyens. Une sorte de quête du Saint Graal. Les erreurs se multiplient alors invariablement : valse des cadres dirigeants, modification des périmètres, imagination folle pour créer à l’infini des postes non productifs qui, eux-mêmes, tenteront  d’assurer leur survie en créant des outils, tableaux, concepts… inutiles et même contre-productifs. Comme il s’avère à chaque fois que la formule magique n’existe pas, le système s’emballe et reproduit toujours plus de ce qui ne fonctionne pas. Notre moquerie constante d’un état-major comparé à une armée mexicaine qui comprenait, nous dit-on, davantage d’officiers supérieurs que de simples soldats, provient de l’observation de cette folie douce mais aux conséquences redoutables.

En troisième point principal, les erreurs managériales à l’origine d’une perte continue de compétences. Nous suivons actuellement de près plusieurs cas de licenciements et départs plus ou moins arrangés de collègues compétents, dotés d’une solide expérience, mais victime de la restructute et de la stratégie de réduction du réseau physique. A chaque fois, c’est une agence déglinguée pour plusieurs années, une équipe déstabilisée, parfois détruite et, bien sûr, un effondrement durable du niveau d’activité et des résultats. Conséquence que, bien entendu, personne ne prends le risque d’analyser et encore moins d’assumer.

Nous relevons la baisse constante de motivation de la plupart de nos collègues découragés par une perte de sens de leur fonction. Coincés entre une foultitude d’obligations procédurales, un empilement d’outils, reportings, concepts et obligations mouvantes, ils sont mis dans l’incapacité d’accomplir leur mission et de tenir le métier pour lequel ils ont intégré l’entreprise.

Mais alors où sont passées ces parts de marché envolées ?

Les deux autres majors de la profession, victimes eux-mêmes des mêmes inévitables dérives et de leur embonpoint, ne sont pas pour autant les bénéficiaires de notre recul. Pendant des années, les craintes de nos dirigeants se sont polarisées sur les poids moyens e la profession, des Crit, Synergie, Proman et autres réseaux de taille moyenne. Mais aujourd’hui, il apparait que la menace provient davantage des “pure players“, ces acteurs totalement digitaux qui assurent aujourd’hui leur prospérité sur le travail des réseaux physiques de leurs concurrents. Captant à la fois les ressources intérimaires et permanents, ils n’ont guère qu’un prix serré à offrir à une clientèle essentiellement à la recherche du moindre coût. Ce ne sont souvent, pour résumer à l’extrême, que des gestionnaires de contrats servis par une technologie performante et des plateformes de mise en relation dont le principal atout consiste à être nettement moins cher. Pour une prestation appauvrie, c’est vrai, mais là n’est pas le débat.

La seule question qui importe au final : notre direction sera-t-elle capable d’analyser en toute humilité la situation, d’en tirer à temps les enseignements qui nous permettraient de rebondir et de sortir enfin d’un schéma mental qui nous fait perdre chaque année un point de part de marché ? Un avenir assez proche nous le dira.

10 Commentaires

  1. Nous avons privilégié le commerce et continuons de le faire. Stop aux opérations qui ne servent à rien, les be red et autres. Hier sur l'ouest un flop total. Allons plutôt chercher des candidats c'est ça qui nous manque. Donnons leur envie de venir chez nous. Manpower donne 150 euros de parrainage nous 50. Tous les nouveaux arrivants sont en poste. Pas de recruteur sourcing projet abandonné pour la plupart. Psn qui envoie des gens déjà inscrits. Le local le terrain pour recruter de nouvelles personnes il n'y a que ça. Ah j'oubliais Aqm va nous sauver. Quand on voit la misère que c'est et une incompréhension totale des clients et des intérimaires je pense qu'il faudrait revoir la copie.

  2. Quand tu commeces à oublier l'humain dans un métier purement tourné vers la relation humaine ca part très mal… Avoir des commerciaux sur le terrain et des recruteurs en agence c'est le B.A.BA de ce travail. Chez Adecco des gens intelligents au siege se sont dit que non. Mettre moins de moyen et plus de tâche chronophages inutiles seraient surement idéal. D'où la banqueroute… Parti depuis bientôt 3 ans je regarde ca de loin mais je vois surtout que mes anciens clients et intérimaires que je cotoie régulièrement sont passés chez d'autres. C'est sur que qd tu ne remplaces pas le chef d'agence 0dt u' an, seul et unique lien extérieur avec les clients au bout d'un moment, ton ancienne équipe est débordé et tes clients ont trouvé bonheur ailleurs. Dommage pour les PDM.

  3. Bon résumé,bon constat mais maintenant on fait quoi ? on attend la fermeture de 90% des agences et de se faire dépasser par tout le monde ? la passivité des syndicats (sauf le votre) me dépasse,je n'y comprend rien !

  4. Chez Adecco on veut faire toujours plus avec toujours moins. On marche sur la tête et nos pdm partent donc à la concurrence.

    Quand on voit Dark Vador sur la DO Ouest et ses jeu’deal. Les taches be red, taches en tout genre ou opportunités CdII, CDIA, AQM, marché d’ete, logistique, commerce… On en rigole ou on en pleure.

    On n’arrive plus a faire du recrutement. Ou Adecco ne veut plus en faire !

    Nos chers dirigeants pensent qu’en claquant des doigts on trouve des candidats.

    Mais venez en agence !
    Venez voir le travail qui est fait dans des agences à 2, 3 ou 4 permanents quand nos concurrents sont 2 fois plus. Comment veux tu gagner des pdm quand tu te retrouves seul en agence pendant les congés de tes collègues ?

    Les permanents sont de plus en plus démotivés. Et cela ne tient qu’a un fil.

    Donc on fait quoi maintenant ?

  5. Pas difficile en ce moment de faire des rdv ou tu reviens avec des commandes c est même très simple car c est un marché de candidats et nous on se regarde le nombril avec nos opportunités etccc
    Pour prendre des PDM il faut des ETP et des outils qui fonctionnent et aussi de la simplification mais rien de tout cela chez Adecco
    Les concurrents locaux se régalent car pendant que nous faisons du reporting eux placent des candidats

    La stratégie Adecco c est pas les PDM c est la finance !!
    C est pas d être le premier non plus
    Tout cela est de la vieille rengaine d un temps où nous étions fièrs de nos couleurs
    Moi perso je fais ce que j ai à faire en préservant mon équipe et je ne les écoute plus
    Et quand une belle opportunité se présentera je partirai …..

  6. Les parts de marché ne sont pas le problème ni le but. Adecco doit sortir des bénéfices et se fout des PDM. Les PDM c'est pour faire semblant et mobiliser le commercial mais le seul objectif c'est l'Ebita.

  7. Clairement, j'ai l'impression que nous sommes au "jeu du cirque" au temps de Rome avec Jules Cesar qui fait tomber les têtes et chacun essaye de sauver la sienne à coup de "il faut reprendre des pdm" eh ben elle est belle celle là, ils découvrent cette année qu'il faut reprendre des pdm, non mais ça fait depuis 2102 que nous perdons des PDM !!! entre ceux de l'ouest #be red #pdm #ete #pèrenoel FRANCHEMENT c'est pas de l'innovation commerciale ça c'est du flicage §§ Et quand je vois que chacun amène sa touche perso pour montrer qu'ils sont là, moi j'appelle ça brasser de l'air… ET attention, ils vont encore nous pondre des nouveautés… LE MARDI DEAL pour faire de la PA, le JEUDI DEAL pour relancer, le lundi DEAL pour faire du perm, le meercredi deal pour je ne sais quoi, bref ça devient du n'importe quoi et puis surtout c'est quoi le sens de l'histoire, on nous parle d'identité mais c'est quoi aujourdhui l'identité d'Adecco à date, quand je vois certains qui partent c'est simplement du gachis…. MOI ça fait presque 20 ans que je suis là et pour la première fois de ma vie, je me mets en recherche d'une opportunité, j'en reviens pas mais à un moment quand je vois le négatif de là haut, c'est juste pas possible

  8. Présentation de la nouvelle rem ce jour ……clairement une usine à gaz pas claire
    Un sentiments de se faire berner
    Défiance totale
    Pas besoin de PSE on va rapidement perdre des ETP et les meilleurs en plus

  9. Commerce, commerce, PDM….. Plus de Covid… Aallez faire des visites commerciales. La multiplication des visites chez nos clients n'augmenterait pas la "malchance" d'attraper la COVID ? Certaines fonctions supports ne peuvent pas allez en agence à cause de la Covid…
    Ce n'est pas les visites qui augmenteront nos part de marché (Cela fait plusieurs années qu'on embauche des commerciaux et les PDM s'érodent…) Mais d'avoir plus de recruteurs en agence pour pouvoir recruter, proposer des candidatures à nos clients/prospects.
    Beaucoup de choses à déployer en agence sans avoir plus de personnes (merci la finance). Mais on embauche à tour de bras au Siège… Mais certainement pas avec des salaires à 1500 ou 2000 euros…

    Donnez nous le moyen de vos ambitions !

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