Voici des années que les équipes du réseau connaissent des difficultés parfois insurmontable pour simplement assurer l’obligation légale de visite médicale à l’ensemble des salariés intérimaires. La prise de rendez-vous relève du véritable casse-tête tant sont engorgés les services de médecine du travail dont les effectifs ne correspondent plus en rien aux besoins des entreprises. Cette situation devenue alarmante de pénurie de médecins serait essentiellement due, selon les autorités médicales, à un phénomène démographique et naturel de vieillissement des médecins du travail dont le nombre aurait chuté de 30% en une décennie, situation effarante mais le pire resterait à venir si l’on sait qu’en 2018, 75% des médecins du travail avaient plus de 55 ans et que pour trois départs en retraite il n’en est remplacé qu’un seul.

Même si ce n’est pas notre sujet ici, observons quand même que la démographie a bon dos, il nous semble impossible de ne pas évoquer ici la raison principale de cette débâcle de notre système de santé, au travail et ailleurs : les gouvernements successifs de ces dernières décennies n’ont rien anticipé, rien géré, rien compris et persisté dans le maintien du calamiteux principe de numerus clausus, c’est-à-dire de limitation annuelle légale mais déraisonnable du nombre de nouveaux médecins. Aveuglement d’autant plus incompréhensif que la démographie peut être considérée comme la seule science humaine exacte puisque les évolutions démographiques hors catastrophe, guerre ou (vraie) épidémie, peuvent être parfaitement anticipées. Passons…

Pour la direction Adecco, la téléconsultation permettra d’améliorer la prise en charge médicale des salariés intérimaires et, en même temps, de coller aux obligations légales, opportunité rendue possible par la loi Santé du mois d’août 2021. Les contraintes imposées par la gestion de la crise dite sanitaire et le recours massif au télétravail ont évidemment préparé les esprits à ce type d’approche impensable il y a seulement quelques années. Mais la téléconsultation permettra-t-elle d’améliorer la situation sanitaire des salariés et de contribuer à la prévention des accidents du travail, éternel fléau du monde de l’intérim ? A voir. D’ailleurs, plus crûment, peut-on véritablement parler d’un suivi de santé si l’on se souvient que la consultation médicale authentique s’appuie sur trois étapes incontournables : l’examen clinique, le diagnostic et le traitement ? Peut-on sérieusement évoquer l’examen clinique lorsque soignant et patient échangent par écrans interposés alors que l’examen clinique authentique s’appuie, en plus de l’entretien, sur au moins quatre des cinq sens du praticien ? Nous lui faisons grâce du goût..

Ces considérations étant posées, selon le principe de réalité qui leur est cher vos élus CFE-CGC ne s’opposent pas frontalement à cette solution palliative mais émettent toutefois des réserves de taille. Tout d’abord notre exigence du principe de liberté de choix qui doit permettre au salarié intérimaire de choisir librement la “vraie” consultation en face–à-face ou la téléconsultation. Nous souhaitons aussi la mise en œuvre d’une alternance afin qu’aucun salarié ne puisse être cantonné au seul suivi à distance. De plus, la direction devra informer les élus du CSE Central des résultats de l’expérience aujourd’hui menée au Hub du Havre pour lequel un point d’étape est prévu en septembre prochain.

Notre sens des réalités nous aide évidemment à comprendre la nécessité de s’adapter à ce nouveau mode de suivi médical, un mode fortement dégradé mais imposé par l’état de délabrement de notre système de santé. C’est malheureusement bien d’une médecine dépréciée qu’il s’agit et d’ailleurs s’agit-il encore de médecine ?

1 COMMENTAIRE

  1. Non il ne s’agit pas de médecine c’est encore un moyen de gratter du fric et de vendre plus de visite sur une journée. La santé des salariés pourra attendre

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