Du lundi 25 juillet au mardi 23 août rediffusion du meilleur de l’année
Article paru le 19 octobre 2021

Les titres, c’est parfois valorisant pour les amateurs du genre mais ça ne nourrit pas son homme (oui, je sais, sa femme non plus). On connait bien chez Adecco la valse-hésitation autour du titre de Directeur d’agence qu’il ne fallait surtout pas confondre avec le titre de Directeur d’agences auquel il convenait d’ajouter « au pluriel » pour que chacun entende bien que le manager en question s’était vu confier l’animation de deux ou trois sites. Puis la tendance s’était inversée et les Directeurs d’agences « au pluriel » s’étaient vu dépouiller de leurs agences pour se recentrer sur un unique centre de profit, au motif qu’on ne peut être partout et qu’il s’agit d’un autre métier, etc… Tous arguments, certes parfois convaincants, mais au service d’une rétrogradation de fonction.

Puis retour de balancier – faire, défaire, refaire… c’est toujours travailler, n’est-ce-pas ? – voici que sont arrivés les Directeurs multi-sites, nouvelle appellation des directeurs « au pluriel ». Aujourd’hui, les hubs déçoivent nos dirigeants qui s’imaginaient qu’économies d’échelle riment avec performances. Toujours cette recherche de l’introuvable pierre philosophale : comment gagner plus en dépensant moins. Dans leur esprit, c’était pourtant simple : on mettait trois ou quatre agences sur un même site, on laissait monter à ébullition, puis on touillait un peu jusqu’à provoquer quelques départs plus ou moins arrangés et enfin on écartait les deux ou trois Directeurs d’agence « excédentaires », orientés vers d’autres fonctions ou, selon, vers la porte, alors qu’il nous avait été affirmé haut et fort qu’il n’en serait rien. Et hop ! C’était évident, les affaires allaient reprendre comme jamais. Hélas, le constat est sévère et force est de constater que le modèle hub ne remplit pas ou bien peu ses promesses. Guère plus que le modèle tribu d’ailleurs. Tout cela, nous le savions, nous l’avons dit, écrit… dans la plus grande indifférence d’un direction drapée dans ses certitudes.

Surnagent dans ce tourbillon de réorganisations, des Directeurs multi-sites dont la fonction n’a jamais été valorisée par un mode de rémunération spécifique, ce qui semble inimaginable. Le plus souvent pour le salaire d’un Directeur d’agence, ils doivent animer et gérer deux ou trois agences, ce qui s’avère particulièrement illogique et, de plus, inéquitable. Davantage de collaborateurs, de contraintes de gestion, de déplacements, de risques clients, AT et autres, et de démarches commerciales pour un salaire généralement équivalent à celui du directeur d’une seule agence. Même véhicule de fonction, aucune prime spécifique, rien qu’un titre et des emm….. supplémentaires. Si le titre peut sembler valorisant sur une carte de visite, dans un repas de famille ou entre amis, il n’est tout simplement pas rémunéré à sa juste valeur, ce qui aurait dû depuis longtemps interroger nos têtes pensantes des ressources humaines.

Aujourd’hui, les Directeurs multi-sites sont en difficulté, en souffrance même pour certains, ballotés qu’ils sont entre les hubs, les fermetures accélérées de sites et les modifications compulsives d’organisation. Quel avenir leur est-il réservé dans un réseau qui se réduit comme peau de chagrin ? Quel est le plan B pour ces cadres qui ont souvent tout donné sans compter ? A défaut de reprendre la direction de hubs que l’on démonte à vitesse grand V, doivent-il se contenter d’attendre patiemment la fermeture de l’un et l’autre de leurs sites ? Il y a là un sujet RH à la fois urgent et brûlant.

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