En France et en Europe, le seuil de pauvreté est fixé de façon relative. On considère comme pauvre une personne dont les revenus sont inférieurs à un certain pourcentage du niveau de vie dit « médian ». Le niveau de vie médian est celui qui partage la population en deux, autant gagne moins, autant gagne davantage.

Commençons donc pas les définitions et critères officiels. Est considérée comme pauvre en France, en 2022, une personne dont les revenus mensuels sont inférieurs à 940 € nets ou 1 128 selon que l’on considère le seuil de pauvreté fixé à 50% du niveau de vie médian ou à 60%. Il existe donc deux approches officiellement reconnues pour définir qui est pauvre et qui ne l’est pas. Ces montants sont considérés nets, après impôts et prestations sociales

Pierre Concialdi, économiste et chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) s’est essayé à déterminer, en tenant bien entendu compte des statuts et situations des individus, le montant minimal de ressources permettant de vivre décemment en 2022. Mais qu’est-ce qu’une vie décente nous direz-vous ? Eh bien notre chercheur la définit succinctement : c’est un seuil de revenu “au-dessus duquel on peut raisonnablement supposer que les ménages ont la capacité de participer effectivement à la vie sociale sans risque de connaître d’importantes privations“. Le critère serait donc, selon lui, la capacité à pouvoir mener une vie sociale, notion intéressante qui nous élève au-delà de la stricte notion de pauvreté n’évoquant le plus souvent que la satisfaction des besoins primaires ?

Pour l’économiste, et nous sommes tentés de le suivre, vivre décemment c’est donc être capable d’avoir des revenus suffisants pour participer aux rituels de la vie en société que sont, par exemple, les invitations entre amis, les sorties culturelles ou les vacances. Toutes dépenses non vitales, c’est vrai, mais peut-on limiter la vie à une survie biologique ?

Selon lui, après prise en compte d’un panier de biens et de services soigneusement sélectionnés et nécessaires à une vie normalement épanouie, il faut bénéficier d’une rémunération minimale de 1 630 € nets mensuelle, soit 195 € de plus qu’en 2014, date à laquelle il mena sa première étude. Donc, pour tenir compte de l’inflation, sur une période où elle s’avérait plutôt modérée, 195 euros supplémentaires en huit années pour mener strictement la même vie. On mesure l’impact désastreux du blocage des rémunérations (suivez mon regard) sur le niveau de vie. Pour un couple avec deux enfants, c’est de 3 744 € mensuels qu’il faut disposer pour mener une vie convenable et avoir la possibilité d’être socialement intégré, soir 402 € de plus qu’en 2014.

Ces données intéressantes étant posées, il nous parait capital de prendre en compte ces notions lors des débats et négociations sur les salaires et sur le sort des travailleurs pauvres. Est-il normal après avoir fait des études et en occupant un emploi à plein temps de ne pouvoir assumer que les besoins vitaux à l’exclusion de toute possibilité de vie sociale, de loisirs, de vacances ? Mais si l’on est pauvre à 1 600 euros, est-on pour autant aisé à 1 700,  1 800 ou 1 900 ? Non, évidemment. La lutte pour des salaires décents à hauteur de l’investissement de chacun nous semble essentielle et c’est l’un des enjeux majeurs de notre organisation syndicale que nous souhaitons partager dans l’action avec vous, car sans vous, rien ne sera vraiment possible.

“Il faut être plus avare de son temps que de son argent ; cependant on prodigue cet inestimable trésor si pitoyablement”
Christine de Suède

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