Adecco et Microsoft viennent de signer un accord portant sur ce qu’il est convenu d’appeler l’IA, l’intelligence artificielle, et son déploiement prévisible dans le monde du travail. La main sur le cœur, à gauche donc, du côté du portefeuille, les représentants de ces deux groupes ont juré mordicus de prêter la plus grande attention à la place des salariés et aux aspects éthiques de ces nouvelles technologies. Non,mais !

A ce sujet, le PDG du groupe lui-même, Denis Machuel, a affirmé “L’adoption de GenAI par les entreprises est l’une des plus grandes priorités des entreprises du monde entier, mais sans une attention tout aussi urgente et délibérée aux individus, des millions de personnes pourraient être laissées pour compte.” Le mode conditionnel adopté dans cette déclaration ne doit évidemment pas faire illusion : les technologies dites d’intelligence artificielle génèreront à court et moyen terme la suppression de millions d’emplois. Toutes les études sérieuses et analyses convergent en ce sens et, hélas, personne n’imagine bien comment il pourrait en être autrement.

L’intelligence artificielle générative (GenAI), médiatisée par l’OpenAI et surtout son robot conversationnel ChatGPT, bouleverse déjà de nombreux secteurs d’activité et la signature le 3 octobre dernier d’un protocole d’accord avec Microsoft, l’incontournable membre des GAFAM, laisse évidemment présager d’un tournant majeur pour notre profession. Le protocole dont les modalités opérationnelles devraient être précisées et affinées avant la fin d’année aurait pour objectif de répondre aux inquiétudes des salariés, bien conscients du danger pour leur avenir. Les deux signataires ont identifié quatre sujets essentiels à développer : le “soutien à une technologie éthique et responsable au travail” – ce qui ne mange pas de pain -, son “utilisation inclusive par les travailleurs”, “l’accélération de l’usage organisationnel de l’IA générative” et “le développement de solutions go-to-market communes”.

Adecco compte donc sur l’expertise et le savoir-faire de Microsoft pour développer au plus vite son recours à IA générative, déjà intégrée dans plusieurs produits, dans le but, bien entendu, de “mieux servir les candidats et les clients, d’optimiser l’adéquation des compétences avancées à l’embauche et à l’intégration, de parfaire notre pratique technologique mondiale d’analyse des données et d’intelligence artificielle au sein d’Akkodis [anciennement Modis]”. Ce dernier devrait développer et livrer à Adecco des outils basés sur le grand modèle de langage GPT et notamment une “plateforme de carrières” entièrement alimentée par l’IA générative et destinée à “évaluer les compétences, les points forts et les axes d’amélioration” des salariés de l’entreprise, leur fournir des conseils de carrière personnalisés, des services de coaching, du micro-apprentissage (sic) et une amélioration des compétences. Rien que ça ! 

Notre petit doigt nous souffle qu’il y aurait comme un rapport entre cette plateforme carrières et le nouveau pensum imposé aux manager, SuccessFactors. Nous reviendrons très prochainement sur ce dernier point.

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