Cellule spéciale DRH

Elle avait tout pour plaire : le titre envié (sinon enviable) de DRH, la reconnaissance de son directeur général (ce qui n’a, chacun sait, pas de prix), sa confiance au sein du comité de direction et même un trophée rappelant le prix de “l’employeur remarquable” que lui avait attribué, peut-être un peu rapidement, une officine spécialisée en management. Nous verrons qu’en l’occurrence il s’était plutôt agi de l’employeur remarqué… Un déroulement de carrière radieux semblait donc attendre cette DRH d’une entreprise de travail temporaire.

Et patatras ! voici que le tribunal correctionnel de Nanterre vient de la condamner à 10 000 euros de dommages et intérêts pour “harcèlement moral” et à une condamnation à trois mois de prison avec sursis, cette dernière précision lui évitant de justesse la paille humide du mitard et le régime patates-lentilles fort peu compatible avec la silhouette gracile qui sied à la fonction. Elle eut pu y méditer la citation suivante : “On n’emprisonne pas une flamme, on n’enchaîne pas un être impalpable” et régulièrement échanger au parloir avec des représentants du personnel épris de compassion.
On n’emprisonne pas une flamme, on n’enchaîne pas un être impalpable

A une époque où cette DRH sévissait dans une société de systèmes d’information liés aux ressources humaine (gestion de paie, de contrats, etc.), elle avait durablement maltraité l’une de ses collaboratrices parmi les plus proches. Les faits remontent à 2004, 2005 et 2006 mais nous connaissons tous le train de sénateur de la justice. Mieux vaut s’y prendre tôt à l’avance.

A l’époque, la malheureuse collaboratrice qui avait eu le mauvais goût de prendre un arrêt maladie (où va t-on ?) en avait perdu son bureau et s’était retrouvé en open space à son retour, premier volet de la sanction. Puis ce furent attitudes dévalorisantes, ordres contradictoires, surcharge de travail, difficulté d’accès à ses propres dossiers, etc., jusqu’à ce que l’employée craque et se pourvoie en justice.

Elle avait préalablement était mise à pied puis licenciée au premier trimestre 2006 après deux années de souffrance morale l’ayant psychologiquement détruite. L’inspection du travail avait alors conclus sans difficulté à un véritable harcèlement moral ayant “porté atteinte à la dignité” de l’employée et “altéré son état de santé physique et moral”. Notons que l’entreprise a été relaxée et que la condamnation pénale a frappé la seule DRH.

Faudra-t-il désormais compter la fonction DRH au nombre des métiers à risques ?

A voir aussi notre article paru sur Miroir Social, reprise légèrement modifiée de celui titré “Répression syndicale, harcèlement : ça suffit !” (dernière parution, le 11 mars dernier)

1 COMMENTAIRE

  1. Merci de l'info

    Comment distinguer un comportement maladroit, autoritaire, à risque ou caractéristique de harcelement ?

    Jouons avec le harcèlement moral au travail : Expedition Learning 2.0 : Harcèlement http://t.co/EgD6ySl

    A plus

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