Peu nombreux sont les Directeurs de zone évoquant les difficultés de leur fonction avec des représentants du personnel. Crainte d’être identifiés comme contestataires ou trop peu “corporates“, on ne sait mais cette fonction de l’encadrement intermédiaire rechigne souvent à évoquer ses petites et grandes misères à des tiers, même auprès d’élus de la CFE-CGC, organisation syndicale pourtant dédiée aux cadres et à l’encadrement. Il n’empêche que nous réussissons à obtenir ponctuellement quelques témoignages édifiants, parfois anonymes mais peu importe, l’important étant de s’exprimer pour faire avancer les choses.
Aujourd’hui les Directeurs de zone se trouvent tous sous haute pression en même temps que sous haute surveillance et l’on sait que l’encadrement intermédiaire est trop peu souvent récompensé des succès en même temps qu’un peu trop rapidement montré du doigt en cas de difficultés. Coincé entre l’état-major des officiers supérieurs qui les considèrent souvent de haut et la troupe qui se méfie un peu d’eux, ils portent en effet souvent le poids des directives à appliquer avec plus ou moins de conviction et des mesures souvent impopulaires à répercuter sans broncher. Coincés entre le marteau de la direction et l’enclume du réseau, leur situation s’avère souvent des plus inconfortables. C’est évidemment ce qui explique en grande partie le nombre important de défections dans leurs rangs ces derniers mois. Démissions, ruptures conventionnelles et réorientations se multiplient à mesure de la pression grandissante sur le réseau. A l’Ouest, par exemple mais pas seulement, les départs se multiplient sans que de nouvelles vocations se multiplient pour autant. Même doté d’un salaire plus que convenable en regard du niveau de formation initiale et d’un véhicule de fonction attrayant, le poste n’attire pas vraiment les foules, c’est le moins qu’on puisse dire. Combien de Directeurs d’agence souhaitent-ils réellement devenir Directeur de zone et l’expriment clairement ?
L’activité économique commence à ralentir et les plannings à se tasser mais la direction ne veut souvent rien entendre : les budgets sont les budgets, n’est-ce pas ? Pourtant, cette décroissance de notre activité était parfaitement prévisible. Voir notamment notre article “Les budgets 2019 vont-ils tenir compte de la crise qui vient ?” et surtout “Les milieux financiers anticipent une baisse d’activité de l’intérim“. Dans ce contexte, le Directeur de zone a pour mission de répéter inlassablement les mêmes consignes, d’accompagner, de contrôler, de sanctionner et de tenter de convaincre ses équipes que la conjoncture n’est au fond qu’un paramètre insignifiant, que les budgets sont parfaitement équitables, atteignables et qu’il ne s’agit jamais que de multiplier les visites commerciales pour les atteindre voire les pulvériser. Disposant d’un nombre incalculables de critères, de chiffres, de consignes il manage le plus souvent les poches vides et un peu la peur au ventre, conscient qu’il constitue le fusible idéal à griller en cas de difficultés quelles qu’elles soient. Instrumentalisés par la direction et malgré les qualités managériales et la valeur de nombre d’entre eux, ils ne sont guère consultés sur la stratégie de l’entreprise, ni même sur les moyens à mettre en œuvre. Il leur est juste demandé d’appliquer, sans état d’âme, une politique à l’égard de laquelle leurs doutes ne cessent de grandir.

Comme les Directeurs d’agence et les cadres des fonctions transversales et tous les cadres en général, les Directeurs de zone ont leur syndicat : la CFE-CGC. 

5 Commentaires

  1. Bel article qui a failli me donner la larme à l'œil
    J'ai tout de même le souvenir d'un Kick Off DO où ces mêmes DZ avec le DO se donnaient des tapes dans le dos, claquaient les mains façon "check" en se bidonnant
    C'est le juste retour de flamme à destination de ces béni oui oui qui valident en rougissant, sans broncher, les directives du DO
    C'est pourtant leur rôle de lui dire quand nous allons dans le mur où lorsque l'on se tire une balle dans le pied !
    Désolé, on en bave trop sur le terrain pour avoir de la compassion sur ces mêmes DZ qui nous dézinguent quand nous ne sommes pas au budget

  2. Pas d'accord avec Anonyme de 14h30. Comment vous croyez que ça se passe dans toutes les entreprises ? Je suis DZ et j'assume d'appliquer la politique de l'entreprise qui m'a donné la chance d'exercer cette fonction managériale et me rémunère.Plutôt d'accord avec l'analyse de cet article et surtout notre rôle de fusible dès que les choses se compliquent.

  3. Ok, DZ anomyme de 06h49, c'est ton choix d'appliquer la politique de l'entreprise avec le doigt sur la couture du pantalon
    Je comprends mieux pourquoi les nombreux plans d'actions pour redresser les notes du GPTW de l'entreprise, à la baisse chaque année, sont de vastes coups d'épée dans l'eau
    Aucunes considérations à attendre de tes homologues et toi

  4. Bon ce n'est pas les cowboys contre les indiens ! il y a de super DZ et des mauvais comme partout
    les DZ se font presser le citron comme les autres
    Moi j'ai la chance d'avoir une super DZ reconnue par tous mais c'est vrai que ce n'est pas la généralité

  5. Pour en avoir vu défiler un certain nombre depuis ma courte expérience dans le groupe, je comprends les difficultés et l'inconfort de ce poste que je n'envisage à aucun moment. Il est triste de constater de notre société qu'elle encourage les hommes et femmes vers la sortie plutôt que de les accompagner dans leurs difficultés, quand mettrons nous l'humain au premier plan? utopie?

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