Lorsqu’au moins de juin dernier nous affirmions dans notre article “Télétravail : et maintenant il va falloir payer pour travailler ?” que “le télétravailleur non indemnisé paie pour travailler”, certains purent douter de notre démonstration ou l’estimer un peu trop orientée, nous rétorquant que, hormis une consommation d’électricité un peu plus importante, le surcoût lié au télétravail leur paraissait plutôt insignifiant voire virtuel.

 

C’était, il est vrai, la période de l’année où les jours les plus longs et le climat particulièrement clément permettent de travailler fenêtre ouverte ou même en terrasse en oubliant les douloureuses factures d’énergie de l’hiver. Mais aujourd’hui, retour aux dures et coûteuses réalités de la période hivernale et, dès le mois de décembre, pourtant relativement clément, plusieurs collègues nous ont alerté sur l’augmentation sensible de leurs factures d’électricité et/ou de gaz. Dans l’article mentionné, nous lancions cette prévision un peu facile ” (…) Sans parler du chauffage dont le coût marginal au printemps et l’été ne manquera pas de s’envoler dès l’automne et en hiver. Chauffer un appartement ou une maison à longueur de journée l’hiver pourra engendrer une dépense supplémentaire de 100 à 300 euros mensuels selon la superficie, l’isolation et le réglage du chauffage. Sans parler d’un PC, d’une imprimante et d’une box branchés environs huit heures par jour, d’un smartphone à recharger, etc.“. Ce rappel d’évidences s’imposera à l’arrivée des prochaines factures Engie ou autres concernant les mois les plus froids de l’année et chacun pourra alors mesurer très simplement et concrètement ce que lui aura coûté le télétravail. Évidemment pas 300 euros, exemple extrême qui supposerait un grande demeure, particulièrement mal isolée, trop chauffée et, de plus, un télétravail à temps plein mais un surcoût tout à fait vraisemblable de 30 à 120 euros selon l’infinie diversité des situations individuelles.

Ces hausses affectent tous les salariés en situation de télétravail sans exception mais varient évidemment en fonction du nombre de jours de télétravail, de la surface habitable, du mode de chauffage, de la qualité d’isolation… L’argument spécieux de la direction tentant de nous convaincre que le surcoût lié au télétravail se trouve largement compensé par les coûts de transport épargnés ne résiste pas un instant à l’analyse. D’une part, a-t-on jamais vu en comptabilité le mélange de rubriques aussi dissemblables dans un bilan comptable, que ce soit pour un foyer ou une entreprise ? Appliquer ce raisonnement aux diverses activités et postes de dépenses de l’entreprise pourrait provoquer quelques fous rires mémorables. Mais surtout, cet argument fait l’impasse sur une réalité un peu vite négligée : un nombre très important de collègues n’ont pas ou quasiment pas de frais de transport pour se rendre au travail. Ceux qui ont opté pour un abonnement aux transports en commun ne verront pas diminuer son montant d’un centime. Quant à ceux qui bénéficient d’un véhicule d’entreprise (fonction ou société), la part de carburant dédiée aux trajets domicile-travail ne leur a, jusqu’à ce jour, pas coûté grand chose. Et c’est un euphémisme.

Donc, à défaut d’un accord équilibré sur le télétravail, puisqu’aucune organisation syndicale n’a accepté de signer le projet qui nous a été soumis, la direction persiste dans son refus de toute indemnisation et impose aux salariés, comme nous l’avons évoqué à plusieurs reprises, un transfert de coûts en leur défaveur.

Pour se faire une idée plus précise de ces coûts qu’elle refuse de prendre en compte, il suffit de se rendre sur le site de l’URSSAF, dans la rubrique “Évaluation des frais engagés par le salarié en télétravail“. Tout y est dit et même bien au-delà de nos attentes et revendications.

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