La Commission européenne  qui murmure à l’oreille des multinationales vient d’autoriser l’acquisition du contrôle exclusif de la société belge AKKA Technologies par le groupe suisse Adecco. Après étude et analyse, nous affirme-t-on, ladite Commission aurait estimé que cette acquisition ne soulève aucun problème de concurrence “compte tenu des positions de marché combinées modérées des entreprises”. Un régal cette prose de nos technocrates bruxellois.

Nous avions évoqué ce rachat en juillet dernier et souligné le montant record de la transaction : deux milliards d’euros. Las, un bonheur n’est que bien rarement sans tâche et voilà que la perfide encyclopédie en ligne Wikipedia semble s’acharner à ternir cette mémorable union en nous informant que “Comme beaucoup de grands groupes, Akka Technologies souffre de quelques controverses comme des cas de licenciements abusifs, dégradation des acquis des salariés après le rachat de leur société et le salaire de son dirigeant. À l’opposé, le groupe est connu pour s’investir dans des activités de partenariat et de mécénat dans le milieu associatif et culturel“. Bon, pas que quoi fouetter un chien – oui, pas de raison de s’acharner éternellement sur les chats – et rien de bien original car on sait de longue date combien sont précieux les habillages et maquillages sociétaux, éthiques, environnementaux pour camoufler les vilénies de nombreuses multinationales. Toujours la main sur le cœur – qui se trouve quand même en-dessous du portefeuille, restons calme – de grandes âmes sont toujours promptes à nous expliquer haut et fort la vie et nous sermonner sur le Beau, le Bien et le Vrai sans que jamais leurs prédications ne parviennent cependant à couvrir le tintement du tiroir-caisse.

Gênantes aussi les informations circulant sur les licenciements ciblés de représentants du personnel côté cour, pendant que côté jardin le groupe affiche un partenariat avec des associations du genre “Nos Quartiers ont du Talent” ; et ces rémunérations pharaoniques des dirigeants alors que certains médias alternatifs évoquent une gestion des salariés considérés comme une vulgaire variable d’ajustement. En 2015, par exemple, Maurice Ricci, très friand de yachts immatriculés dans les paradis fiscaux (très éloignés de l’enfer fiscal français), vendait 400 000 actions de son entreprise pour la coquette somme de 11,6 millions d’euros. L’équivalent de 768 années de SMIC annuel ! De quoi s’acheter au moins un camping-car et aller taquiner le goujon au fin fond de quelque contrée paisible, loin des affres du “board“. Ça fait un peu penser à la pub pour une mousse au chocolat, Nestlé je crois, dans laquelle un adorable galopin, un peu filou sur les bords, lançait à son poisson rouge pour se défausser de sa propre gourmandise : “Tu pousses le bouchon un peu trop loin Maurice”.

Aujourd’hui, au lieu de digresser, contentons-nous de savourer la bonne nouvelle : le PACS conclu en juillet dernier entre Adecco et Akka Technologies aboutit à un mariage en bonne et due forme avec la bénédiction, si l’on ose dire, de la Commission européenne et c’est ce qui importe aujourd’hui. A suivre donc.

 

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