Certains d’entre nous ont à juste titre pu être surpris d’entendre un président et candidat à une élection présidentielle annoncer, moins d’un mois avant le premier tour, un allongement de la durée de  cotisations et le report de l’âge de départ en retraite à 65 ans. C’est généralement le genre d’annonce qui ne se délivre qu’une fois l’affaire dans le sac, c’est-à-dire quelques mois au minimum après l’élection. L’audace de ce candidat s’explique sans doute essentiellement par la passivité ambiante et le manque général de combativité. Eut-il annoncé le seuil de 70 ans que son élection n’en aurait probablement pas été compromise pour autant.

Justement, à propos de 70 ans, c’est bien l’âge de départ proposé dans l’un des rapports de l’Union européenne sur lequel la classe politique dans son ensemble se fait d’un discrétion de violette. Il y a bien longtemps que nos édiles en sont déjà au-delà de 65 ans dans leurs projets. Ce n’est évidemment pas dans l’immédiat que pareil recul sera imposé mais l’idée fait son chemin d’adapter l’âge de départ en retraite aux données démographiques et notamment au vieillissement de la population. Pour l’anecdote le rapport évoque un âge de fin de vie active fixé à 72 ans pour la Lituanie, pays dans lequel l’espérance de vie n’excède pas 71,5 ans. Ça c’est du social comme on l’aime à Bruxelles ! Mais il est vrai qu’il ne s’agit que d’un rapport, n’est-ce pas et il s’avère nettement plus prudent d’avancer, tel le voleur chinois, tout doucettement, en ajoutant régulièrement une année, puis une autre et encore une autre…

Mais, comme nous l’avons évoqué à plusieurs reprises sur ce site, nos crânes d’œuf éludent stratégiquement trois paramètres essentiels qui rendent caducs leurs chimères et en disent long sur leurs véritables intentions. Premièrement, il est tout simplement malhonnête d’imposer un recul perpétuel de l’âge de départ en retraite dans un monde professionnel qui n’embauche qu’à la marge les salariés ayant franchi la cinquantaine. Secondement cette malhonnêteté devient d’autant plus insupportable dans des économies de libre-échange obsédées par la réduction des coûts, notamment de main-d’œuvre et donc par la délocalisation, la robotisation, l’intelligence artificielle et toutes les évolutions technologiques actuelles et à venir dont les conséquences sur l’emploi sont aisément prévisibles. Ajoutons enfin que ces constructions théoriques, tout simplement arithmétiques d’un âge de la retraite qui tel un mirage recule à mesure que l’on avance, ne tiennent aucun compte d’un critère aussi officiellement mesuré qu’essentiel : l’espérance de vie en bonne santé, c’est-à-dire avant maladie chronique et/ou invalidante. Selon le dernier rapport de l’INSEE, cette espérance de vie en bonne santé s’établit en France à 65,9 ans pour les femmes et 64,4 pour les hommes. Sans commentaires mais à réfléchir. Si vous partagez tout ou partie de nos analyses et surtout si vous souhaitez contribuer à la défense d’un modèle social encore humain, ne subissez pas, rejoignez sans attendre la CFE-CGC.

 

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