La présentation de la énième réforme des retraites pour 2023 sera officiellement présentée dans dix jours, le 15 décembre prochain, mais il ne subsiste plus guère de suspens après les déclarations, le 1er décembre dernier, au quotidien Le Parisien d’Élisabeth Borne, Premier ministre.

Au-delà des divers aménagements à détailler, la mesure-phare restera bien entendu le passage progressif de l’âge légal de départ en retraite de 62 à 65 ans. Que cela plaise ou non, on pressent que le cap sera tenu si l’on prend en considération l’âge moyen retenu par l’ensemble des nations de l’Union européenne. Et puis, il ne s’agit nullement d’une surprise puisqu’un tel cap avait été annoncé par le candidat à la présidence de la république, Emmanuel Macron soi-même, le 17 mars à Aubervilliers devant un parterre de 300 journalistes. A-t-on jamais vu dans l’histoire des républiques françaises un candidat annoncer une mesure régressive aussi sensible – trois années de prolongation de la durée de vie active – juste trois semaines avant le premier tour du scrutin ? Un citoyen averti en vaut au moins deux et nul ne pourra donc dire qu’il ignorait ce point capital du programme dudit candidat.

Or, au premier tour, le candidat Macron obtenait 27,85% avec près de 10 millions de suffrages exprimés (9 785 578) et au second 58,55%, soit 18 768 639 voix. Il serait dans ces conditions plutôt incongru de prétendre que la perspective d’un passage de l’âge légal de 62 à 65 ans ait créé le moindre réflexe de refus et de rejet, d’autant plus si l’on y ajoute les 28% d’abstentionnistes. Ceux qui ont voté pour le candidat en question ou appelé à le faire ou se sont abstenus ne peuvent décemment aujourd’hui feindre de s’offusquer, ni s’opposer à un rallongement de la durée du travail, prévu, annoncé clairement juste avant les élections et gravé dans le programme électoral. Ce serait un peu trop tartuffe, indécent même et, de plus, une insulte à l’intelligence et à la cohérence.

Indépendamment de ce rallongement significatif de la durée de vie active et de la pertinence de ce choix, nous revenons une fois de plus sur cette question traitée à plusieurs reprises sur notre site : qui embauchera les “seniors” jusqu’à cet âge de 65 ans lorsque l’on sait qu’une majorité de salariés ne se trouve déjà plus en situation de travail avant même 60 ans ? Quel emploi retrouvera un salarié licencié économique ou non, positionné bien malgré lui sur le marché de l’emploi à 60 ans ou plus ?

Nous l’avons souvent écrit : le rééquilibrage des caisses de retraite escompté par ces mesures ne se réalisera qu’à la marge par un surcroît de cotisations mais bien davantage par la baisse de pensions de plus en plus incomplètes. A partir de cette réforme applicable dès l’été 2023, il manquera donc davantage encore de trimestres, douze précisément, aux salariés débarqués quelques années avant la quille. Avec un gouvernement pratiquant le tir en rafales au 49.3 nous pouvons hélas nous attendre à un passage en force dès le début de l’année 2023.

“Qui dit que l’argent ne fait pas le bonheur

n’a jamais fait ses courses”

1 COMMENTAIRE

  1. Poursuivre après 60 ans quand on est cadre peut être compliqué car on est souvent manager par des jeunes loups aux dents longues qui se fichent de l’expérience acquise et on manage des collaborateurs qui vous trouvent dépassé..rien n’est facile et la remise en cause est encore plus pertinente et essentielle ! Usant !

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