Aussi loin que nous remontions, nous nous sommes toujours étonnés, interrogés et même inquiétés de la précarité des Directeurs et Directrices des Ressources humaines chez Adecco. Il suffit de relire notre article de 2013, il y a 10 ans, redécouvert grâce à la barre de recherche de ce site : “Qui se soucie de la précarité des DRH ?“, pour s’en convaincre. Ou, plus récemment, en novembre 2019 : “De quoi la valse des DRH est-elle le signe“. Nous avons aussi redécouvert cet article au titre limpide : “L’incroyable précarité du DRH chez Adecco“.

Bref, vous l’aurez compris, le problème est tout sauf nouveau. Bien rodé, le processus semble immuable, organisé sur une durée de vie moyenne du cadre en question variant entre une et trois années. Nous ne savons s’il s’agit d’un CDD avec renouvellement, d’un contrat de chantier, de l’usage constant ou d’un CDI, énigme qui restera à solutionner. Une DRH – il s’est presque toujours agi de personnes du beau sexe, à deux exceptions près – est recrutée par on ne sait qui, propre sur elle, souvent plutôt avenante et pomponnée, puis sobrement annoncée au réseau par une note de service. Après une tournée minimaliste des popotes et le rapport d’étonnement qui va bien, elle apparait furtivement à l’occasion de tel ou tel grand raout (ne pas confondre avec le célèbre professeur) du type KickOff, puis vaque à ses occupations opérationnelles pour la DRH France et plutôt occultes pour la fonction “Groupe” dont nous ne savons rien. Bien peu peuvent se targuer d’avoir mémorisé son nom, son visage, le timbre de sa voix ou eu le plaisir de savourer sa prose.

Et puis un jour, un, deux ou trois ans après, nous l’avons vu, c’est la seconde note de service qui tombe, nous annonçant le départ de la tenante du titre. Là, point d’originalité, il s’agit invariablement de “mener un projet personnel” ou de “relever un challenge personnel”, etc. Les formules sont connues, éprouvées et recouvrent sans doute un certain nombre de cas de figure et de réalités souvent nettement moins affriolantes. Personne n’est dupe mais c’est le jeu. Ainsi venons-nous d’apprendre que L.D., notre DRH groupe a “pris la décision de se consacrer à un nouveau projet” dont nous ne saurons rien. S’agit-il d’un business autour de la lombriculture, d’ouvrir une crêperie, un bar-tabac, de passer un Master 2 en langue vivante (ou morte, selon affinités et usage) ou de se contenter de faire les pieds au mur au bercail ? Nous devrons nous contenter du mystère.

Quelles que soient les questions sur ces exfiltrations qui se suivent et se ressemblent, l’une d’entre elle nous taraude plus particulièrement et depuis trop longtemps : pourquoi Adecco, leader (ou second) sur son marché ne réussit-il pas à stabiliser ses DRH Groupe et entités ? Nous les voyons trop souvent quitter l’entreprise le regard cerné et le poil terne, comme usées par leurs deux ou trois dizaines de mois passés parmi nous. Quelle malédiction frappe donc cette fonction chez Adecco alors que l’on observe plutôt une confortable stabilité chez nos concurrents ? Sont-ils rémunérés au lance-pierre nos DRH, en-dessous de leurs prétentions et de leur efficience ou privés à ce point d’autonomie qu’ils étouffent rapidement dans le poste ? La direction craint-elle que soit au moins suggérée une véritable politique des ressources humaines ?

Le 1er avril dernier, nous écrivions : “Est-ce une question de rémunération ? La direction leur laisse-t-elle si peu de marge de manœuvre qu’ils en viennent rapidement à souhaiter s’exprimer pleinement ailleurs ? Les DRH n’ont-ils à ce point pas confiance dans la politique menée par le groupe ? Il y a toujours eu un mystère, évoqué prudemment sous le manteau, quant à la ronde infernale des DRH chez Adecco. Que se passe-t’il ? Que fuient-ils ? Pourquoi n’avance-t’on pas sur le sujet ? Là aussi, il faudra rapidement se poser les bonnes questions car il nous semble impossible de ne pas établir un rapprochement entre le taux de rotation des DRH et celui de l’ensemble des collaborateurs du réseau.

Il est grand temps aujourd’hui, Messieurs et dames du Codir, de créer les conditions d’une véritable attractivité de la fonction chez Adecco, préalable à l’impulsion d’une politique des ressources humaines digne de ce nom et à la hauteur des ambitions affichées par l’entreprise.

 

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