On imagine difficilement la puissance cognitive et la somme de travail nécessaires pour devenir ministre aujourd’hui en ces temps de polyvalence et de réduction des coûts. Prenez, par exemple, les attributions conférées au ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités telles que définies par une décret (n° 2024-30) publié au Journal officiel du 25 janvier.

Seul le bourreau de travail, Bruno Le Maire,  semble en mesure de surpasser ou tout au moins d’égaler Catherine Vautrin, la dernière tenante en date du titre dont les attributions couvrent le travail, l’emploi, l’insertion professionnelle et économique, l’apprentissage, la formation professionnelle, le dialogue social, la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, la santé publique et organisation du système de santé, solidarité, cohésion sociale, famille, parentalité, enfance, autonomie et handicap. On imagine aisément la vie de labeur acharné, de renoncement, privée de tout loisir, de vie familiale et culturelle. Presque une vie monastique de type chartreux. Impossible de trouver le temps, le moindre moment pour lire ou écrire, fussent des romans.

Dans un autre registre, ces talents éclectiques et cette polyvalence font un peu penser à certains commerces implantés dans les villages il y a quelques décennies qui s’affichaient, un peu présomptueusement, “Café-tabac-pêche-coiffure”. Les villageois y achetaient hameçons et asticots en se faisant coiffer et après avoir avalé un petit noir sur le zinc tout en consumant une Goldo ou une Gitane, maïs ou non, irrémédiablement collée à la lippe inférieure.

On peut quand même s’interroger sur la disparition du ministère de la Santé après les trois dernières années passées et compte tenu de l’état de notre système hospitalier et de santé en général. La santé serait-elle donc devenue un sujet subsidiaire ? Inquiétant. Très inquiétant même. Il est en effet imposé à Catherine Vautrin de cumuler les portefeuilles de trois des ministres du gouvernement sortant et sorti d’Élisabeth Borne. Un record.

Parmi ses innombrables attribution, la ministre s’efforcera, entre autres de préparer et met tr en œuvre les règles relatives aux conditions de travail, à la négociation collective et aux droits des salariés. Elle planchera aussi sur la formation professionnelle des jeunes et des adultes, la défense et la promotion de l’emploi, la politique de retour à l’emploi et de l’insertion professionnelle et économique, notamment en matière de revenu de solidarité active”. Elle devra aussi superviser la promotion et du suivi de l’innovation sociale en matière d’emploi. On reprend son souffle.

Il faudrait au moins 100 vies

La fonction suppose aussi de préparer et mettre en œuvre les règles relatives aux prestations sociales et celles relatives aux régimes et à la gestion des organismes de sécurité sociale pour l’ensemble des branches de la sécurité sociale, ainsi qu’aux régimes complémentaires. Fastoche ! Pour les temps morts, elle devra travailler sur la préparation de la loi de financement de la sécurité sociale et du suivi de son exécution, main dans la main, si l’on ose dire, avec le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. On respire à nouveau.

Pas question de faiblir ici et notre ministre polyvalente devra préparer et met en œuvre la politique du gouvernement en matière de promotion de la santé, de prévention, d’organisation et d’accès aux soins.  Puis élaborer et mettre en œuvre les règles relatives à la politique de protection de la santé et la politique de lutte contre les inégalités de santé dès le plus jeune âge, organiser et assurer la préparation et la gestion des crises sanitaires. Hum… silence dans les rangs.

Son action porte aussi sur la lutte contre les conduites addictives en France (et peut-être au gouvernement aussi…?). Elle définit et met en œuvre la politique en matière de santé mentale (hum… au gouvernement aussi ?) et participe, avec les autres ministres compétents, à l’action du gouvernement en matière de recherche, de souveraineté et de promotion de l’innovation dans le domaine de la santé. Elle devra aussi préparer et mettre en œuvre la politique du gouvernement relative à la famille, à l’enfance, notamment la petite enfance, aux personnes âgées et à la perte d’autonomie, préparer, animer et coordonner les politiques conduites par l’État en direction des personnes en situation de handicap et en faveur du développement de l’accessibilité et des proches aidants, préparer et suivre les travaux de la conférence nationale du handicap et du comité interministériel du handicap.

Encore un peu de patience, ce n’est pas fini ! Super-Ministre devra s’astreindre à préparer et met en œuvre des programmes de prévention et de lutte contre la pauvreté et conduire l’action du Gouvernement en matière de minima sociaux, d’insertion sociale et d’innovation sociale en même temps qu’elle préparera les travaux du Comité interministériel de lutte contre les exclusions et du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. S’il venait à lui rester un peu de temps, souvenons-nous qu’elle est compétente en matière de fonction publique hospitalière, de professions médicales, paramédicales et sociales et qu’elle participe aussi à l’action du gouvernement en matière de lutte contre la fraude.

Une autorité tous azimuts

Cette étonnante serviteuse de l’État aura aussi autorité sur le secrétariat général des ministères chargés des Affaires sociales, la DGS (direction générale de la santé), la DGOS (direction générale de l’offre de soins), la DGT (direction générale du travail), la DGEFP (délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle), la Dares (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), la DNS (délégation du numérique en santé), la DGCS (direction générale de la cohésion sociale), le secrétariat général du CIH (Comité interministériel du handicap)…

Elle est compétente, nous assure-t-on, et possède un pouvoir sur la DSS (direction de la sécurité sociale) et la Drees (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), l’Igas (inspection générale des affaires sociales), le haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises, le délégué interministériel au développement de l’apprentissage dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, la déléguée interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté, le délégué interministériel à la stratégie nationale pour les troubles du neuro-développement, le délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, la déléguée interministérielle à l’accessibilité, la déléguée interministérielle aux restructurations d’entreprises… On espère ne rien oublier, ni personne.

Et encore ne s’agit-il ici que d’une partie de ses attributions, les autres feront sans doute un jour l’objet d’un second tome (à publier avant le prochain remaniement ministériel, si possible). En attendant, formulons le vœu que pareils talents bénéficient au monde du travail, en général, et que les salariés puissent jouir d’une amélioration de leur pouvoir d’achat et de leurs conditions de travail.

2 Commentaires

  1. Ouuuaaahhh pas de temps à perdre en fariboles et autres atermoiements…ils ont du boulot sur la planche nos ministres super héros !! Bon en même temps , ils ne sont payés à enfiler des perles les petits gas ou filles !
    Tous au boulot !

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