Du 1er au 31 août 2025 rediffusion des articles les plus lus de l’année – Article paru le 11 octobre 2024
Au début, lorsque tombe la dépêche de Zonebourse, l’on préfère très lâchement ne pas y croire et on en vient presque à pester contre ces journalistes tantôt approximatifs, tantôt excessifs. Puis, en croisant les informations, il faut bien se résigner à accepter ce qu’on lit : le très endetté groupe Adecco emprunte encore 300 millions d’euros (281 millions de CHF) sur 8 ans, soit près du tiers d’un milliard. C’est par la filiale néerlandaise Adecco International Financial Services B que s’est effectué le montage.
Le groupe – monde bien sûr et non la France – a placé, avec succès nous précise-t’on, une émission obligatoire de 300 millions d’euros pour se refinancer et, accrochez vos ceintures, “financer les besoins généraux de l’entreprise et faire face à de prochaines échéances de remboursement (de la dette, NDLR)”. Voici donc un groupe, endetté plus de quatre fois comme l’un des trois majors de la profession et presque deux fois comme l’autre, qui emprunte pour boucler ses fins de mois (“faire face à ses échéances“) et contribuer à rembourser sa dette colossale.
Même les plus importantes agences mondiales de notation financière, d’ordinaire plutôt bien disposées, commencent à renâcler puisque Moody’s évalue la situation selon la notation Baa1, avec perspective stable mais Standard & Poor’s se contente de BBB, avec perspective négative. Rien de bien rassurant.
Pour comprendre pareille manœuvre, il faut avoir à l’esprit que le groupe reverse sous forme de dividendes aux actionnaires près de 90% de ses résultats nets. Un record dans la profession d’autant que, nous l’avons plusieurs fois évoqué ici, sa direction s’est engagée auprès des actionnaires à maintenir le niveau de dividende quelles que soient la conjoncture et l’état de santé du groupe. Quitte à emprunter pour verser les dividendes et c’est précisément ce qui nous occupe ici.
Pour faire simple et concis, le groupe subit aujourd’hui les conséquences d’erreurs successives qu’il serait fastidieux de toutes lister : investissement calamiteux sur General Academy en 2018, dépréciations successives de LHH – qui avait lui-même englouti Altedia, l’un des fleurons français du conseil – s’élevant maintenant à plusieurs dizaines de millions d’euros, acquisition à un montant exorbitant du groupe Akka au titre d’une synergie et d’une complémentarité dont les effets bénéfiques tardent à se manifester… On continue ? On vous parle de Qapa, des hubs, de la démolition (in)contrôlée des activités BTP et tertiaire, des effets dévastateurs du turn-over et de son corolaire, la perte de compétences, des systèmes de rémunération tirés par rafales sans grand succès, etc… ?
Aujourd’hui, on ne joue plus. Compte tenu du niveau d’endettement du groupe, il apparait clairement à nos experts que le plan d’économie en cours ne suffira pas, d’autant que l’état du marché et la dégradation de notre Ebita laissent peu de perspectives de redressement à court terme. Nous venons d’apprendre, il y a seulement quelques heures, les difficiles décisions prises à l’encontre de Adecco Groupe France (AGF), un bien mauvais présage pour les équipes Solution que nous représentons et défendons au mieux.
Seule consolation au niveau du groupe : il continue à gagner des parts de marché alors que l’entité France en perd depuis une quinzaine d’années. Cela n’empêchera pas quelques parachutes (dorés on non) de claquer prochainement dans le ciel de Zurich et de Villeurbanne…
Quoiqu’il en soit, vous savez pouvoir compter sur vos élus CFE-CGC, plus mobilisés que jamais et ne saurions trop vous conseiller de nous rejoindre, au moins par le premier des engagements : l’adhésion à notre organisation. N’attendez pas demain, rejoignez-nous !