Dommage que les salaires ne suivent pas l’évolution des résultats nets du groupe. Vraiment dommage. Un véritable déluge médiatique d’appréciations positives accompagne la publication des résultats du groupe pour le troisième trimestre car ces résultats sont tout simplement excellents.
Adecco a enregistré un bénéfice net de 191 millions d’euros (235 millions de francs), soit une progression de 61% sur un an. Vous avez bien lu, une progression de soixante-et-un pour cent sur l’année… Ce chiffre dépasse nettement les prévisions des analystes interrogés par l’agence AWP, qui l’attendaient en moyenne à 138 millions d’euros. En même temps, en France, premier marché Adecco, l’érosion du chiffre d’affaires a cependant continué à ralentir (-5%, à 1,3 milliard d’euros). Ce chiffre constitue malgré tout une amélioration puisque les recettes, en France, avaient reculé de 12% au deuxième trimestre et de 17% au premier. Côté chiffres d’affaires, c’est donc “de moins en moins pire” pourrait-on dire. 
Parmi les dizaines de titres triomphaux d’articles encensant la performance d’Adecco, nous relevons : “Adecco: domine à Zurich après des trimestriels solides” ; “Adecco plus optimiste pour le travail temporaire” ; “Adecco : bénéfice meilleur que prévu au T3” ; “Adecco a fait bondir sa rentabilité au 3e trimestre 2013 “, etc. Du coup le titre Adecco progresse de 5,3% à 69,6 francs suisses et prend la tête du SMI de
Zurich. 
Le bénéfice net a donc augmenté de 61% à 191 millions d’euros et, hors coûts
de restructuration et d’intégration, le profit opérationnel (EBITA)
s’est accru de 19% à 276 millions d’euros, soit une marge améliorée de
50 points de base à 5,5%. Quant aux salaires, combien ont-ils pris ces dernières années ? La presse semble beaucoup plus discrète sur le sujet.
Comment obtient-on une telle progression de ses bénéfices alors que le chiffre d’affaires n’a cessé de décroître même si nous devrions prochainement renouer avec une stabilité voire une croissance modérée ?
Et bien j’vais vous le dire, comme disait un homme politique français bien connu : les plans sociaux à répétition, les suppressions d’emploi massives, le radinisme qui régit trop souvent le mode de gestion actuel – à ce sujet, nous citerons une fois encore, à titre d’exemple, la suppression des remboursements de repas pris dans le cadre de déplacements professionnels -, les fermetures de centaines de sites, la suppression de la participation aux bénéfices, les systèmes de rémunération divers et variés et on en passe…
Car, en effet, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, ces résultats provoquant l’extase des médias et la jouissance orgasmique des analystes financiers et des milieux boursiers n’ont été obtenus que par la réduction drastique du réseau et par conséquent de l’outil de travail. Avec un chiffre d’affaires en baisse, même si cette baisse n’est plus “que” de 5%, on ne peut progresser ainsi dans les résultats qu’en vendant les bijoux de famille. La question qui se pose reste toujours la même : jusqu’à quand ? jusqu’où ? Combien de fois pourra-t-on encore mener des plans sociaux de 600 salariés ? A partir de quand franchirons-nous le seuil critique, le point de non retour ?
Loin de ces considérations chagrines, notre Directeur général groupe garde néanmoins “la banane” et affiche un optimisme à toute épreuve : “‘Compte tenu des dynamiques récentes et de conditions économiques plus favorables anticipées à partir de fin 2013, nous restons convaincus que nous atteindrons notre objectif d’une marge d’EBITA de plus de 5,5% à horizon 2015“. A quel prix ? Cette prévision est-elle vraiment une bonne nouvelle pour les salariés et leur outil de travail ? Pas sûr.
Le climat s’avère d’ailleurs euphorique dans l’ensemble de la profession puisque “grâce à une compression de ses dépenses” (attention à ne pas confondre phonétiquement parlant “compresser” et “cons pressés”), notre concurrent Randstad a affiché un bond de 73% de son bénéfice net, à 63,1 millions d’euros, alors que son chiffre d’affaires a baissé de 5%, à 4,09 milliards d’euros. Manpower a également affiché une hausse de son bénéfice, du fait d’un plan de restructuration, comme le précise la presse.
Nous sommes donc et demeurons “leader par les coûts”, comme le prédisait notre Directeur général et nous devançons des concurrents qui s’efforcent de nous rattraper en agissant eux aussi sur… les coûts et comme chacun sait, les coûts ça fait mal.

5 Commentaires

  1. A propos de bilan, je n'ai pas vu sur votre blog d'infos concernant les résultats du dernier GPTW…
    Pensez-vous en parler ?
    Merci.

  2. Nous aimerions bien parler de GPTW malheureusement la direction n'a rien communiqué sur le sujet aux élus.

    Nous savons simplement que les résultats ont été tout aussi calamiteux que lors des enquêtes précédentes.

    Nous sommes preneurs de toute information sur le sujet (Powerpoint, notes, courriels…).

    Merci d'avance

    cfe.cgc.adecco[at]gmail.com

  3. Il n'y a pas de quoi pavoiser, il s'agit des résultats des licenciements, des économies faîtes sur le dos des salariés. C'est pas joli joli, berk c'est moches

  4. Bons résultats, oui bien sur.
    Ils ont viré la moitié de l'effectif groupe.
    Encore heureux que les résultats sont bons.
    Par contre en terme de PDM, ce n'est pas la même chose.
    Regarder celles des bouches du Rhône, éloquentes …. Mais bon c'est normal nous avons le meilleur des boss.

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