Loin de nous l’idée de critiquer le recours aux stagiaires et à ce titre Adecco, comme toutes les entreprises, propose un certain nombre de stages à des étudiants engagés dans des cycles d’études divers et variés, ce qui constitue à la fois un vivier pour l’entreprise et une opportunité pour les stagiaires. En théorie, le législateur nous rappelle quand même qu’“un stage correspond à une mise en situation temporaire en milieu
professionnel permettant à l’étudiant d’acquérir des compétences
professionnelles en lien avec sa formation et de se voir confier des
missions conformes au projet pédagogique de son établissement
d’enseignement”.
Mais il ajoute aussitôt – et c’est là que le bât commence à blesser –  que le stagiaire ne peut en aucun cas remplacer un salarié en cas d’absence, de suspension de son contrat de travail ou de licenciement, pas plus qu’il ne peut exécuter une tâche régulière correspondant à un poste de travail
permanent. Il ne doit en tout cas être dans un rôle de production, ni faire face à un accroissement temporaire d’activité. Voici pour la théorie et, surtout, la législation.
Mais qu’en est-il au juste dans la vraie vie de l’agence ? Qui pourrait affirmer que la plupart des stagiaires présents dans le réseau ne remplissent pas les fonctions de permanents en sous-effectifs ? Souvent à l’accueil, ce qui peut être considéré comme un poste à risques ou même au recrutement, ils s’acquittent, le plus souvent avec beaucoup de sérieux, des tâches relevant du métier et de la production quotidienne de l’agence, ce qui, nous venons de le voir, s’avère contraire à l’esprit du stage et à la loi.
Autre point de vigilance, l’augmentation exponentielle du nombre des stagiaires dans les agences. Entrez dans n’importe laquelle d’entre elles et vous avez deux chances sur trois d’être accueilli par un(e) stagiaire. Venons-en aux chiffres : aujourd’hui, selon notre Bilan social officiel, 20% des effectifs du réseau sont constitués de stagiaire. Plus fort encore, le pourcentage s’élève à 25% sur la Direction opérationnelle Ouest-Nord. Le Bilan décompte en effet environ 500 stagiaires pour un effectif total arrondi à 2 000. Un permanent sur quatre relève donc du statut de stagiaire dans cette direction opérationnelle. Cela dépasse toutes les bornes et l’on ne peut éviter de corréler cette inflation de stages avec la baisse constante des effectifs CDI. Le stagiaire représente aujourd’hui bien souvent une main-d’œuvre de qualité et très bon marché mais l’incidence sur l’emploi est évidente et même inquiétante. Est-il normal d’empocher allégements et CICE tandis que l’on remplace dans le même temps des centaines de salariés permanents par des stagiaires ? Des questions sur le sujet seront mises à l’ordre du jour du prochain Comité d’établissement.

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