On peut légitimement se poser la question si l’on considère le nombre d’heures effectuées chaque mois sans rémunération. Tout travail doit être rémunéré, c’est le fondement même du droit du travail et l’une des deux obligations absolues de l’entreprise, la première étant de fournir du travail. L’entreprise doit donc fournir du travail – en ce sens, la placardisation est un délit – et le rémunérer. Évident nous répondra-t-on ?
Pas tant que ça si l’on écoute  les salariés, toutes catégories confondues, reconnaissant effectuer systématiquement des heures au-delà de leur base contractuelle sans pour autant les mentionner dans la base dédiée à cet effet, ni prétendre à la moindre récupération et encore moins rémunération. Ces heures relèvent donc à l’évidence du bénévolat. Travailler sans être rémunéré, si les mots ont un sens, cela s’appelle du bénévolat. Louable démarche lorsqu’il s’agit de loisirs ou d’aider son prochain (Croix-Rouge participation à la vie de diverses associations…) mais celle-ci devient des plus discutables lorsqu’il s’agit d’une activité professionnelle.
De plus, travailler gratuitement impacte très directement les négociations salariales, la politique concernant les CDD et les effectifs en général. Mettons-nous deux minutes dans la tête de la direction. Pourquoi augmenterait-on des salariés qui, même s’il leur arrive de se plaindre de leur rémunération, sont tout disposés à travailler bénévolement afin de satisfaire aux exigences de leur fonction ? Il ne s’agit même pas de travail au noir puisque aucune rétribution n’entre en jeu. Tout au plus du travail dissimulé. Par ailleurs, pourquoi attribuerait-on des CDD aux agences quand on sait et constate que nombre de salariés permanents, parfois rémunérés au lance-pierre, prendront sur leur temps de repos et de vie personnelle pour assurer le fonctionnement de leur agence ou site ?
Que peuvent faire vos représentants du personnel face à une telle situation ? L’entreprise fonctionne, le job est fait ! N’est-ce pas l’essentiel ?

Prenons un exemple simple et basique pour illustrer notre propos. Aujourd’hui, le Smic horaire est déterminé à 10,15 € de l’heure, soit 1 539,42 € par mois. Un salarié Adecco rémunéré à 1 700 € mensuellement qui effectuerait 16 heures supplémentaires non rémunérées par mois abaisserait donc son taux horaire réel à hauteur du Smic. Calcul facile : son taux horaire réel passerait de 11,21 € à 10,13 €, soit deux centimes en dessous du Smic. Si pareille situation s’avérait exceptionnelle, nous ne l’évoquerions même pas mais malheureusement elle est courante au point d’en devenir banale. Travailler bénévolement c’est baisser son salaire réel ! Même
si une base existe pour gérer le temps de travail, il nous est remonté
ici et là que son utilisation et par conséquent utilité serait plus que
réduite et qu’elle remplirait une fonction plutôt cosmétique…

 Avant même d’envisager la moindre action visible nous nous adressons aux salariés pour leur demander de nous aider à les aider en commençant par supprimer le bénévolat ou travail dissimulé.


5 Commentaires

  1. Effectivement Adecco et les grands groupes qui dépendent des actionnaires comptent sur la "conscience professionnelle" de leurs salariés pour que le travail soit fait quitte à travailler gratuitement.
    La Direction explique que les primes dégagées compensent ces heures "non officielles" (bien-sûr c'est souvent en faveur de la Direction car le cumul des heures supp majorées défiscalisées n'est pas compensé par le niveau des primes).
    Enfin, j'espère qu'avec le faible niveau (doux euphémisme pour dire "nada") des primes qu'on annonce en 2020, les permanents arrêteront de faire des "cadeaux" à cette Direction qui ne les respecte pas.

  2. Ma DZ m'a dit que quand on est cadre on n'a pas à réclamer à se faire payer ses heures et mes demandes sont restées sans suite.
    Mais en regardant mon bulletin de paye je suis bien payer sur un nombre d'heures.
    Est-ce que le statu m'empêche de réclamer à être payer pour le temps je consacre à mon travail ?

  3. Lors de la mise en place du logiciel de suivi des heures notre DZ de l’epoque et le RH zone nous ont clairement dit que les horaires des cadres ne seraient pas suivis. On m’a également expliqué, suite à une journée de 18h pour une formation, que les cadres étaient libres d’organiser leur temps de travail et que je pouvais récupérer ces heures comme bon me semble.
    Les heures supplémentaires sont une plaie. En tant que manager IFED, je me montre exemplaire en n’en faisant pas. J’encourage mes collaborateurs à en faire de même mais impossible de changer la routine de redonne qui ont été éduquées pendant des années à en faire.
    Je ne peux que vous encourager à faire de même, ça laisse plus de temps pour sa vie personnelle

  4. On pourrait rester 7 jours sur 7 on aurait toujours autant à faire. Pour gagner quoi ? Rien. Faites vos heures et encouragez toute votre équipe à faire de même. Pas plus. Certains managers ont aussi la fâcheuse habitude de faire remarquer voire faire culpabiliser leurs collaborateurs si ils partent juste à l'heure…

  5. Ce sujet devrait être abordé en réunion manager systématiquement, qu'enfin ca ne soit plus tabou de vouloir partir à l'heure ou de rattraper le +.
    Je suis RR et Je l'ai abordé une fois : plus jamais. "Bosse et tais toi"…
    Comment se defendre quand d'autres collègues trouvent ça normal…

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