Nous venons de vivre et vivons encore aujourdhui, pour nombre d’entre nous, une sorte de télétravail improvisé et imposé par les circonstances. Les nécessités de la crise sanitaire ont en effet contraint les salariés exerçant une fonction sédentaire à forte composante administrative, à travailler depuis leur domicile. Le déconfinement en cours a bien entendu réduit cette pratique qui s’impose quand même encore à de très nombreux salariés. Mais est-ce pour autant une forme de télétravail durable dans le temps en l’état ? A l’évidence, non. Pour reprendre une formule que nous avons déjà employée, il s’agit plutôt de travail à domicile en mode dégradé que de télétravail.
Le véritable télétravail se planifie, s’organise, suppose des formations, un management adapté et formé à ce mode d’organisation, une prise en compte des spécificités et un reformatage complet de la relation. L’emploi partiellement ou totalement déporté au domicile des salariés ne peut être qualifié de télétravail tel que nous devrons sans doute le pratiquer davantage dans les années à venir. Nous reviendrons régulièrement sur le sujet mais aujourd’hui contentons-nous d’évoquer une partie des aspects matériels du télétravail, celle qui concerne le défraiement du télétravailleur. 
Quels que soient les avantages perçus et réels du télétravail, pour l’entreprise comme pour le salarié, nous y reviendrons, il ne faut jamais perdre de vue que le télétravail consiste en un transfert de coûts. Transfert de coûts de l’espace et de consommation de l’entreprise vers le salarié.

Un surcoût pour le salarié de 100 à 300 euros par mois

En ce qui concerne l’espace, un télétravail pérennisé et organisé, représente un gain considérable pour l’entreprise qui économise très concrètement des centaines et même des milliers de mètres carrés à la location comme à l’achat et les charges afférentes à cette propriété ou à cette location : impôts locaux, fonciers, taxes diverses et variées, électricité, chauffage, eau, mobilier, matériels divers, etc… Déporter le travail au domicile du salarié, c’est lui transférer, imputer à sa charge, une importante partie ce ces coûts. Que celui-ci soit logé à l’étroit ou non, il devra consacrer une certaine surface à l’exercice de ses fonctions, ce qu’il n’avait sans doute pas prévu lors de l’acquisition de son logement. Même si l’entreprise lui fournit matériel bureautique et consommables d’encre et de papier, il utilisera à longueur de journée, son électricité, sa box internet, son eau. Sans parler du chauffage dont le coût marginal au printemps et l’été ne manquera pas de s’envoler dès l’automne et en hiver. Chauffer un appartement ou une maison à longueur de journée l’hiver pourra engendrer une dépense supplémentaire de 100 à 300 euros mensuels selon la superficie, l’isolation et le réglage du chauffage. Sans parler d’un PC, d’une imprimante et d’une box branchés environs huit heures par jour, d’un smartphone à recharger, etc.

Le télétravailleur non indemnisé paie pour travailler

Un véritable accord d’entreprise sur le télétravail, prend évidemment en considération ces éléments matériels essentiels et les nécessaires indemnisations à fournir par l’entreprise qui, elle, à l’inverse, réalise de substantielles économies. Pas très généreuse, l’URSSAF prévoit une indemnité non soumise de 10 euros par mois pour une journée de travail hebdomadaire, 20 € pour deux journées et 30 € pour trois jours. C’est évidemment, au vu de ce que vous venez de lire, très insuffisant mais rien n’empêche l’entreprise de surpasser ce minimum non soumis. L’Urssaf prévoit aussi un défraiement pour l’espace immobilier dédié et toutes les dépenses inhérentes à l’activité professionnelle mais aussi pour les achats de mobilier, d’éléments de rangement, de siège de travail, de lampe… Tout cela est évidemment normal et logique. Nous y reviendrons comme nous reviendrons sur l’équipement et le mobilier, le siège notamment. Combien de troubles musculo-squelettique (TMS) depuis cette période de confinement ? Combien de tendinites, de maux de dos, de nuque… dus à de mauvaises postures et à un mobilier inadapté ?
Aujourd’ui la direction se réfugie dans le déni complet et refuse toute velléité d’indemnisation et l’idée même d’un accord télétravail. Pour elle, le salarié prend son PC sous le bras, reste chez lui et basta. Déjà beau qu’il ait du boulot et qu’il n’ait plus à se déplacer… 
Nous ne pouvons évidemment nous suffire de cette conception pour le moins minimaliste – choquante pour tout dire – et même en-deça et affirmons haut et fort qu’un salarié en situation de télétravail non indemnisé est un salarié qui paie pour travailler. Nous espérons l’avoir (rapidement) démontré.
La CFE-CGC Adecco demande donc, très officiellement, l’ouverture d’une négociation sur le télétravail, sans attendre forcément que l’ensemble de la profession y ait procédé ou que la législation l’impose. Et si, sur le sujet, nous devenions pour une fois précurseurs ?

Demain sur ce blog :
Activité partielle : la CFE-CGC monte au créneau 

11 Commentaires

  1. Désolé mais parler de 300 euros c'est clairement excessif. Ce n'est pas à l'entreprise de payer le chauffage d'un logement complet. Il faut proratiser à la surface d'un bureau de 10 à 15m2.
    Je pense qu'une contribution forfaitaire de 100€ par mois pour un temps complet en télétravail serait honnête et gagnant gagnant pour tout le monde.

  2. Très sincèrement j'ai été content de pouvoir télétravailler vu l'épidémie mais avec l'expérience ça a des limites pour la suite et j'ai aussi pensé au coût.
    La direction ne doit-elle pas garantir les mêmes moyens les mêmes outils, ce n'est pas à nous d'investir dans le matériel ou faire des travaux pour agrandir l'habitation ou acheter plus grand. J'habite dans un F2 avec un enfant en bas-âge et c'est très compliqué de m'isoler pour travailler

  3. Il ne faut pas oublier que la direction ne fait d'économie que si elle peut supprimer les postes de travail en agence, ce qui n'est pas le cas actuellement.
    Dans le cas où elle doit les maintenir, les frais ne sont pas baissés de manière significative, car l'essentiel reste le loyer et charges fixes.

  4. Cette période m’a rappelé un mail, qu’il ne fallait pas imprimer, de la direction. Beaucoup de fois rires au quotidien devant cette infrastructure informatique qui a tant coûté : PC dépassé, VPN capricieux, le forfait data du téléphone qui ne permet pas de couvrir les besoins lorsqu’il est utilisé en routeur

  5. De toute façon le réseau disparait très vite. Combien reste t'il de permanents en CDI par rapport à il y a 5 ou 10 ans ?
    Combien d'agences dans les grandes villes aujourd'hui ?Combien de CR fermés ? Combien de sites fermés ?
    C'est la course au tout-digital pendant que des couillons continuent à répéter "faudra toujours du contact humain !" "mon client il ne veut que moi" c'est fini pour eux et ils n'ont toujours pas pigé Triste !
    Ceux qui n'ont pas encore compris ne comprendront plus

  6. Et pendant ce temps là notre ancien DGO arrive chez CRIT après avoir bien profiter des ses 6 mois de salaires payés à taux plein mdr
    Il y a de l argent Quant ils veulent
    Et nous AP jusqu en septembre ………

  7. Et CATOIR qui annonce en CSE pas de PDV, PSE ou APE à la rentrée.
    Alors même que le groupe engage déjà une coupe franche dans certains pays.
    On rigole dans le réseau et on joue sur les mots chez ADECCO.
    C'est sûr qu'une annonce avant Noël sera du meilleur effet.
    Ou alors ils vont continuer leurs menaces et management incompréhensible pour pousser le réseau au départ volontaire.

  8. Et concernant la rem au budget ? toujours pas nos résultats d'Avril sur la zone reconstituée… Franchement des branquiniolles….

  9. Avant de remettre ou de mettre la pression sur les agences, il faudrait aussi prendre en compte la détresse de beaucoup de collaborateurs qui ont vu fondre leur rémunération, obligés de se mettre en télétravail avec peu de moyens, obliges de subir le chomage partiel, obligés de subir des points téléphoniques pour feter des succès qui sont juste la base de notre métiers,
    Bordel ! au lieu de féter les succès commerciaux, c'est juste la base de notre métier , ah bravo tu as décroché un marché ou un nouveau client, mais non de diou c'est le basique de notre activité commerciale, ça sert à rien de faire des vidéos où Juan nous explique comment il a juste fait son job, c'est pas le Club Med ici ! bref vous devriez peut être justement accentuer sur le coté RH, prendre soin de vos permanents avec un système de rem qui tient la route, avec disons aussi des messages pour valoriser les anniversaires sociétés avec un bouquet de fleur par exemple, ou alors une petite enveloppe au domicile du salarié pour lui dire merci pour cette période, bref prenez soin de vos permanents parce que à ce que je vois c'est que l'exode a commencé vers la concurrence et c'est un puit sans fond, et là haut l'impression que vous donnez est que vous ne savez plus par quelle bout prendre tout cela , vous êtes paumés !

  10. M LE DAF DE LA FINANCE
    Arrêter de sortir des notes sur des abérations ! là dernière et elle est pas mal celle là c'est la facturation des ICCP, de mieux en mieux même nos DZ sont dépités ! mais quelle honte, on ne sait plus quoi inventer pour "perdre" des clients ! mais moi je vous invite une journée en agence et vous allez voir ce que c'est le métier MONSIEUR !!! vous ne serez pas décue !! bref je vais me calmer parce je pense qu'une fois devant vous ça se passerait très mal !

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