A mesure que se développe le télétravail dans ses diverses modalités, nombre d’entreprises décident de surveiller de très près l’activité de leurs salariés et ce ne sont pas les moyens technologiques qui manquent comme nous allons le voir. De nombreux logiciels permettent aujourd’hui de suivre à la loupe l’activité informatique et internet des salariés où qu’ils se trouvent et à partir du moment où ceux-ci utilisent des moyens matériels mis à leur disposition par l’entreprise. Tout cela, bien entendu, au nom de nobles objectifs tels la productivité, l’intérêt du client, la qualité de service ou la répartition de la charge de travail. L’enfer est toujours pavé de bonnes intentions, nous le savons bien. Une récente étude menée par GettApp révèle qu’environ un salarié sur deux fait l’objet d’une surveillance technologique de son activité et la demande des entreprises pour des solutions technologiques de surveillance aurait bondi de 51% depuis le premier confinement.

Ainsi, récemment, un salarié permanent de l’une des filiales du groupe s’est-il vu reprocher son manque de productivité en télétravail et notamment, de façon plus précise de ne pas avoir touché son clavier ni sa souris pendant plus d’une demi-heure. Ce à quoi le salarié en question a rétorqué qu’il lui était encore loisible de passer des appels téléphoniques, de lire des documents, d’ouvrir au facteur ou d’aller aux toilettes. Pareil aveu prouve qu’une surveillance a déjà été mise en place, au moins dans certaines entités du groupe, sans avoir consulté les instances représentatives du personnel, préalable pourtant légalement obligatoire.

Selon les logiciels installés, que peut-on observer à distance de l’activité du télétravailleur ? Tout, absolument tout. Notamment donc, enregistrer les statistiques d’utilisation du PC sur une période de temps avec la fonction d’espionnage “keylogger” qui permet de comptabiliser le nombre de touches frappées et même compter combien de fois les mêmes touches ont été enfoncées, la distance parcourue par la souris et combien de clics ont été effectués sur une période donnée. Tout cela peut être statistiquement comparé avec d’autres salariés, faire l’objet de moyennes, de médianes, etc..

Ces logiciels de flicage permettent aussi de surveiller le comportement en ligne des salariés (messagerie instantanée, les sites internet visités, suivi des documents et des fichiers partagés, etc.), de bloquer l’accès aux sites des réseaux sociaux, au matériel non autorisé sur l’ordinateur du salarié et à d’autres contenus potentiellement malveillants. Mieux encore, Microsoft, l’icône de Big Brother, permet à l’entreprise, dans sa version Microsoft 365 lancée en octobre dernier, de calculer son “score de productivité” en contrôlant l’activité des salariés et en collectant sur chacun d’eux toute une série d’informations comme le temps passé sur Skype, le nombre de mails envoyés, etc… Devant le tollé provoqué par la révélation de ces fonctionnalité, le géant numérique américain aurait reculé et supprimé cette fonction. A suivre.

Certains logiciels permettant aussi de prendre en photo les salariés via leur webcam, mais aussi d’enregistrer leurs conversations grâce au micro de leur ordinateur, de prendre des captures d’écran des salariés toutes les cinq minutes, ou encore de traquer les données GPS des smartphones des salariés. Toutes ces données font bien sûr l’objet de statistiques détaillées envoyées aux managers sous forme d’un rapport journalier, hebdomadaire et mensuel.

Rappelons qu’en France, le recours à de tels outils de surveillance des salariés, sur site ou en télétravail fait l’objet d’un encadrement légal strict. Tout système de contrôle des salariés doit faire l’objet d’une consultation préalable des représentants du personnel, et donc du CSEC et des CSE. Les salariés doivent aussi être informés préalablement à la mise en place de tels dispositifs.

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