Même si la presse ne lui a peut-être pas accordé l’écho qu’elle méritait, la Confédération Européenne des Syndicats profitait, le 28 avril dernier, de la journée internationale de la santé et la sécurité au travail, pour publier les données officielles d’Eurostat – le pendant européen de notre INSEE national – concernant les accidents mortels au travail dans l’Union européenne. Et là, (mauvaise) surprise : les chiffres 2019 recueillis et traités par cet organisme confirment que la France demeure le pays de l’UE ou le nombre d’accidents de décès par accident du travail pour 100 000 salariés est le plus important. C’est donc la France qui détient le triste record, devant les vingt-six autres nations de l’Union, de celle dans laquelle ont meurt le plus pour simplement gagner sa vie.

Plus grave et surtout plus affligeant encore, tandis que nos préventeurs sécurité déclinent sur toutes les tonalités possibles le mantra du “zéro mort au travail”, nous sommes la seule nation européenne dans laquelle le nombre de décès au travail continuer d’augmenter. Quand l’Allemagne déplore en 2019 environ 400 décès au travail, la France en affiche sans honte 803… Le double ! Malgré toutes les campagnes de prévention et les moyens mis en œuvre ici et là dans les entreprises et les institutions, le nombre de décès relatifs à un accident du travail a augmenté de 50% en moins de dix ans, entre 2010 et 2019, alors qu’il diminuait de 20% dans l’ensemble de l’Union européenne, de 27% en Allemagne et même 32% en Italie qu’il est souvent de bon ton de railler. La honte absolue.

Des simulations  et projections qui valent ce qu’elles valent mais ne manquent pas d’intérêt, font état de l’atteinte d’un possible “zéro mort au travail” en 2027 en Pologne et 2030 au Portugal tandis qu’à cette date, la France déplorerait 8 000 morts de plus.

Ajoutons à ces pénibles données les 283 décès dus aux accidents de trajet domicile-travail et les 258 aux maladies professionnelles, chiffre officiel sans doute largement en-deça de la réalité. Nous nous expliquons difficilement la discrétion voire le silence entourant le sujet. Les chiffres sont hélas incontestables : la France est le pays parmi les vingt-sept nations de l’Union européenne où l’on perd le plus sa vie à la gagner. A quand une prise de conscience à la mesure de ce drame permanent ? Parler sécurité, c’est bien, mais commençons par pointer du doigt les entreprises qui ont ces dernières années réduit les moyens alloués à la prévention pour ensuite déplorer la dégradation de leurs indicateurs sécurité. Nous reviendrons bien entendu sur ce délicat sujet.

1 COMMENTAIRE

  1. Il suffit de comparer le dispositif actuel de prévention chez Adecco avec celui qu’on avait il y a quelques années
    Économies… économies… oui mais sur le dos de la sécurité !

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